Son équipe lance l''''idée de son retour dans la Grande île. L’information est lâchée alors qu’on se prépare à finaliser la feuille de route (plan de sortie de crise élaboré par le représentant de la SADC).

Une information qui risque de faire l''effet d''une bombe. Les partisans de l''ancien président Marc Ravalomanana annoncent son retour au pays. « Le président Ravalomanana rentrera au pays samedi vers 11 heures. Je lui ai parlé au téléphone ce matin ( ndlr : mardi 15 février) et il me l''a affirmé », a rapporté Mamy Rakotoarivelo, chef de file par intérim de la mouvance Ravalomanana, mardi en début d''après-midi.

Sur les réseaux sociaux Facebook, Guy Rivo Randrianarisoa, porte-parole de Marc Ravalomanana, a attribué un message à ce dernier, toujours mardi. « Sachez que nous nous lèverons et serons solidaires de tous les Malgaches sans discrimination. Redressez-vous car nous n''accepterons jamais que notre Patrie soit abattue », indique-t-il tout en confirmant son retour au pays.

L''annonce a été faite lors du rassemblement des partisans de l''ancien président au Magro à Behoririka ( photo). La consigne a été donnée de s''organiser en comité d''accueil. Plus tard dans la journée, selon des indiscrétions, les délégués des deux autres mouvances ont également été informés de la consigne lors d''une réunion à Ivandry.

Pour l''instant, peu d''informations filtrent sur ce projet. Mamy Rakotoarivelo a indiqué qu''il ignorait « les conditions de déplacement du président Ravalomanana (…) Mais il a précisé qu''il rentre au pays, non pas pour semer des troubles mais pour trouver une issue à la crise ». Avant de signaler : « Les chefs de file devront discuter ensemble de la sortie de crise ».

Dernière carte
En tout cas, cela fait deux ans que Marc Ravalomanana annonce son retour au pays. Surenchère ou réalité, son entourage tente de mettre le paquet sur le projet. « En tout cas, je ne compte pas lancer un appel à un rassemblement d''accueil afin d''éviter d''être taxé de tous les maux », a souligné Mamy Rakotoarivelo, laissant toutefois filtrer le message.

Le régime de la transition ne se montre pas impressionné par l''annonce. « La présidence de la Haute autorité de la transition, en tant que première institution de l''État, n''a pas de temps à perdre avec les rumeurs », a ironisé Harry Rahajason, directeur de la communication à la Présidence. Il a qualifié la déclaration de « manœuvre de déstabilisation de l''opinion. Avec ce tam-tam médiatique, il – Marc Ravalomanana – abat sa dernière carte ».

Dans la même lancée, Christine Razanamahasoa, ministre de la Justice, s''est montrée inflexible. « La justice est indépendante par rapport aux négociations politiques. Elle a déjà rendu ses verdicts et ceux-ci sont destinés à être exécutés ».

L''annonce du retour de l''ancien Président est divulguée au moment où tous attendent l''arrivée dans les prochains jours de l''émissaire de la Communauté de développement de l''Afrique australe pour la médiation dans la capitale. Leonardo Simao, voire Joaquim Chissano, médiateur, devraient finaliser la feuille de route pour la sortie de crise après avoir consulté les acteurs politiques et la communauté internationale sur la question. Une feuille de route dont les pro-régime réclament une exécution immédiate avec un minimum de retouches, alors que les mouvances des trois anciens présidents y voient une base de négociations.

Visites décisives cette semaine
L''annonce de l''arrivée de Marc Ravalomanana s''ajoute à la liste des personnalités attendues cette semaine à Antananarivo. Henri de Raincourt, ministre français de la Coopération débarquerait dans la capitale samedi, dans le cadre de la finalisation de la feuille de route, selon la présidence de la HAT.

Vendredi, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, président de l''Union des Comores, serait à Antananarivo dans le cadre d''une coopération bilatérale. Il serait accompagné de quelques membres de son gouvernement.

Les émissaires de la SADC sont également attendus avant la cérémonie de signatures de l''engagement du gouvernement et celui de la communauté internationale dans la concrétisation de la feuille de route.

L’Express de Madagascar, 16 février 2011