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Madagascar : L’armée promet d’écraser la mutinerie

17 novembre 2010, 20:00

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Madagascar : L’armée promet d’écraser la mutinerie

Une vingtaine d''''officiers ont annoncé mercredi qu''ils prenaient le pouvoir à Madagascar, le jour même d''un référendum constitutionnel, mais l''état-major de l''armée a promis d''écraser cette mutinerie.

Les putschistes disent avoir dissous toutes les institutions gouvernementales et le colonel Charles Andrianasoavina, d''une caserne proche de l''aéroport d''Antananarivo, dans les faubourgs de la capitale, a annoncé la formation d''un "Conseil militaire pour le salut du peuple" chargé de diriger le pays.

"Nous sommes en mutinerie depuis ce matin. Nous décidons de renverser ce régime", a-t-il dit dans une interview téléphonique à la chaîne d''information française France 24.

Le président Andry Rajoelina, parvenu au pouvoir en 2009 avec le soutien de certains des actuels mutins, a déclaré que les putschistes lui avaient laissé le choix entre démissionner ou être chassé. Il a dit avoir rejeté cette alternative.

"C''est le peuple, qui a soif de changement, qui a fait de moi le chef de l''Etat", a-t-il dit devant des journalistes. "Personne ne prêtera attention aux déclarations d''une minorité."

Le Premier ministre, Camille Vital, entouré des principaux chefs militaires du pays, a ordonné aux forces de sécurité de rester dans la légalité. "Nous avons déjà pris nos responsabilités et nous appelons la population à rester calme", a-t-il dit.

Interrogé ultérieurement sur France 24, il a déclaré que les mutins étaient 18 à sa connaissance. Selon lui, ils ne se sont emparés d''aucun bâtiment.

"Je peux vous affirmer que tout est sous contrôle (...). Ce sont des officiers, je ne sais pas quelle mouche les a piqués, mais ils sont partis en dehors de la discipline et du règlement. L''erreur, comme on dit, est humaine", a déclaré le chef du gouvernement.

Les forces de l''ordre ont dispersé un millier de manifestants favorables aux putschistes qui avaient érigé une barricade et mis le feu à des pneus près de la caserne où sont installés les mutins.

Interrogé au téléphone, Charles Andrianasoavina a déclaré à Reuters que les mutins contrôlaient deux casernes militaires près de l''aéroport et qu''ils défendraient leurs positions au cours de la nuit.

"Prochainement, nous avons l''intention de prendre ce palais (présidentiel) et tous ces ministères. Notre revendication, c''est la mise en place d''un gouvernement consensuel et inclusif", a-t-il dit sur France 24.

"Pour demain, nous avons l''intention de prendre l''aéroport et personne ne peut quitter Madagascar", a ajouté l''officier rebelle.

Cette tentative de putsch coïncide avec la tenue d''un référendum constitutionnel visant à légitimer le pouvoir du président Andry Rajoelina.

Ce dernier est arrivé au pouvoir en mars 2009 à la faveur d''un coup d''Etat dirigé contre le président élu Marc Ravalomanana avec l''aide d''une partie de l''armée, notamment du colonel Andrianasoavina.

"Pour l''instant, ce n''est qu''une guerre de communiqués mais les choses pourraient vite dégénérer", a déclaré une spécialiste des affaires malgaches, Lydie Bokar, du cabinet de consultants StrategiCo, basé à Lille, dans le nord de la France.

Selon le correspondant de Reuters, le calme prévaut devant le palais présidentiel situé dans le centre de la capitale. Les forces de sécurité sont en revanche déployées dans les rues pour veiller au bon déroulement des opérations électorales.

Madagascar n''a plus de loi fondamentale depuis le renversement du président Ravalomanana.

Andry Rajoelina a signé en août un accord avec une centaine de petits partis établissant un calendrier électoral pour résoudre la crise mais les trois grandes mouvances de l''opposition, toutes dirigées par d''anciens présidents, l''ont rejeté et appellent au boycottage du référendum.

Le calendrier mis au point fixe au 16 mars 2011 des élections législatives, suivies d''un scrutin présidentiel le 4 mai.
Le référendum, initialement prévu en juin, a été retardé afin d''achever la rédaction du nouveau projet de Constitution.

Celui-ci abaisse de 40 à 35 ans l''âge minimal pour exercer la fonction de président, ce qui permettrait à Rajoelina, qui a 36 ans, de rester à son poste et de briguer la présidence en mai prochain s''il le souhaite.

Les observateurs politiques s''attendent à la victoire du "oui" mais une faible participation, notamment dans la capitale, pourrait porter un coup à Rajoelina qui peine à légitimer sa prise de pouvoir.

 

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