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Madagascar : Rajoelina prépare la présidentielle de 2018
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Madagascar : Rajoelina prépare la présidentielle de 2018
Le président de la Transition et ses partisans veulent avancer avec, en ligne de mire, les élections. Ces derniers se relèvent du coup de massue dû au désistement de leur leader à la présidentielle.
Chasser le doute au plus vite. Andry Rajoelina, président de la Transition, veut remonter le moral de ses troupes après l’annonce de son retrait de la course à la magistrature suprême. Dès lors, il prépare le terrain pour son retour au pouvoir.
« Je compte sur vous quand 2018 arrivera. Nous reviendrons en force », a déclaré Andry Rajoelina au cours d’un rassemblement à Toamasina, près du bord de la mer hier après-midi. Il a lancé un message fort sur son intention de se présenter à la course à la magistrature suprême pour succéder au prochain candidat élu à l’issue de la présidentielle du 8 mai, en cas de maintien du calendrier électoral actuel.
Le président de la Transi­tion a fait de son déplacement à Toamasina, un moyen pour rassembler ses partisans et proposer une perspective électorale. Sa déclaration du 15 janvier sur son retrait de l’élection présidentielle, à cause de la pression de la communauté internationale, a provoqué le désarroi dans son camp, d’où cette stratégie de remobilisation.
L’homme fort de la Transi­tion a troqué le tube « Namana » de Tsiakoaraka à « Hiaraka isika » de Mahaleo, plus adapté à la nouvelle donne, pour relancer la machine de la reconquête. Le morceau qui entretient l’espoir en mettant en avant un lien fort pour faire face l’adversité. Il a en même temps interprété une composition de rap faisant état de l’avenir du pays qui lui appartient et qui appartient aux jeunes.
La série d’inaugurations à Toamasina a constitué un test pour Andry Rajoelina et ceux qui le soutiennent concernant la profondeur du lien qui les unit. Une dizaine de membres du gouvernement, 16 chefs de région et des parlementaires, surtout ceux issus du rang du Tanora malaGasy Vonona ont tenu à être présents dans la capitale de la région Atsinanana. Des chefs militaires ont également assisté aux inaugurations.
Julien Reboza, ministre de l’Eau, a résumé le sentiment des partisans d’Andry Rajoelina. « Certes, nous étions un peu abattus, mais maintenant, nous avons le moral gonflé à bloc et nous pouvons voir venir à l’occasion des élections », s’est persuadé le secrétaire général du parti sociale démocratie pour l’unité de Mada­gascar. « C’est un avertissement pour nos adversaires », s’est-il targué. Jean-Christophe Rasoloniaina, chef de la région Boeny, a confirmé le mot d’ordre de « solidarité » véhiculé et a accueilli avec soulagement l’évolution de la situation.
Contre l’effritement
Une autre source réputée proche du pouvoir a émis une autre analyse sur la signification de la présence des pro-Rajoelina à Toamasina. « Ils comptent se présenter aux législatives et espèrent attirer l’attention du chef de l’Etat pour être un candidat de l’alliance présidentielle. »
Le chef de l’Etat et ses partisans ont voulu se ressaisir, dans un même élan, après le retrait d’Andry Rajoelina. Ce dernier, pour éviter la dislocation de sa mouvance et l’effritement du soutien dont il bénéficie, a laissé entrevoir la dynamique qu’il pourra insuffler durant les échéances électorales. « Je serai toujours à vos côtés. Suivez mon regard et ce que je dis et vous saurez la voie à suivre », a-t-il ajouté.
Le projet à moyen terme d’Andry Rajoelina pourrait cacher un autre scénario pour récupérer le pouvoir plus vite que prévu. En attendant, il prépare le terrain à travers la série d’inaugurations d’ici les consultations populaires pour pousser ses alliés aux législatives. Une étape incontournable pour pouvoir récupérer le poste de Premier ministre dans un régime semi-parlementaire, à moins d’attendre l’opportunité de « revenir en force » en se contentant de tirer les ficelles par derrière.
Pique contre Roland Ratsiraka
Andry Rajoelina, président de la Transition, a sorti ses griffes contre Roland Ratsiraka, vice-président du Conseil supérieur de la transition. « C’est toi qui ne sert à rien », a-t-il lâché en marge de l’inauguration du nouvel hôpital dans la capitale de la région d’Atsinanana dans le fief de l’ancien maire de Toamasina.
Le président de la Transition n’a pas cité nommément Roland Ratsiraka. Mais le contexte qu’il a décrit, n’a laissé aucun doute sur l’identité de la personnalité attaquée. « Quelqu’un a dit que les hôpitaux ne servent à rien lors de son déplacement à l’extérieur », a-t-il rappelé samedi pour expliquer sa causticité en l’absence du principal concerné, comme c’était le cas lors des précédents déplacements présidentiels à Toamasina.
La passe d’armes entre les deux personnalités s’est poursuivie durant l’inauguration de l’Hôtel de Ville. Une certaine tension a été palpable quand Roland Ratsiraka, ancien maire de Toamasina, puis Andry Rajoelina ont pris la parole. Les deux personnalités ne se sont pas serré la main durant la partie officielle de la cérémonie. Andry Rajoelina ne s’est pas levé malgré la demande en public du vice-président du CST et n’a pas applaudi au discours de ce dernier.
La stratégie de donner la parole à Roland Ratsiraka ressemblait à une volonté de mieux contrer l’ancien maire de la capitale de l’Est. Ce dernier a rappelé son parcours à la commune urbaine de Toamasina et ce qu’il considère comme une « prise de responsabilité contre les mauvaises pratiques » du régime Ravalomanana après avoir reconnu les réalisations de la Transition dans la « capitale économique » de Madagascar.
Cela n’a pas empêché Andry Rajoelina de revenir à la charge en s’attaquant à des hommes politiques originaires de la région. « Des hommes politiques avaient payé des sbires pour casser l’enceinte érigée pour protéger les travaux de réhabilitation []]de l’Hôtel de ville] », a-t-il rappelé. « Mais il faut féliciter ceux qui ont pu réaliser quelque chose », a-t-il soutenu.
 
Le président de la Transition et le fondateur du parti Malagasy Tonga Saina ont échangé quelques mots au cours de la visite de l’Hôtel de ville. « Il faut arrêter de polémiquer », a par la suite tempéré Roland Ratsiraka
 
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