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Madagascar : Un ex-président de moins

17 décembre 2012, 00:00

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L''''ancien président malgache, Marc Ravalomanana, dont les pouvoirs avaient été remis aux militaires le 17 mars 2009, a fait savoir, lors d''une conférence de presse, mardi dernier, 11 décembre, qu''il ne sera pas candidat aux élections présidentielles, dans son pays, le 8 mai 2013. Du côté de son principal adversaire, le président de la Haute autorité de la transition, Andry Rajoelina, les voix qui se sont exprimées minimisent la portée de la décision de Ravalomanana. 

« Marc Ravalomanana a annoncé qu’il ne sera pas candidat aux élections présidentielles de l''année prochaine comme un moyen d’avancer vers la résolution de la crise », notait un communiqué de la Présidence tanzanienne, en date du lundi 10 décembre, cela après la rencontre, ce même lundi, de Ravalomanana avec le président tanzanien, Jakaya Kikwete, également président de la Troïka, organe de coopération de la Southern African Development Community (SADC).

Les partisans de l''ancien président semblent surpris, eux-mêmes, par la décision de leur chef de file, prêts à croire qu''il reviendra au bout du compte à Madagascar pour y mener ses troupes. Les adversaires politiques de Marc Ravalomanana, en revanche, soulignent surtout le fait que sa condamnation par la justice lui vaudrait d''être arrêté s''il revenait à Madagascar, ainsi que la durée insuffisante de son séjour dans la Grande-Île s''il devait se présenter aux élections de mai 2013.

Le président du Congrès de la Transition et chef de la délégation Ravalomanana, Mamy Rakotoarivelo, a déclaré, jeudi, à l''agence Xinhua, que « Marc Ravalomanana sait ce qu''il fait mais la priorité pour le mouvement est qu''il rentre au pays, comme souligné par la décision du sommet extraordinaire des chefs d''Etat de la SADC en Tanzanie ». M. Rakotoarivelo devait également déclarer au quotidien L''Express de Madagascar : « Il rentre d’abord, on en discutera après », alors qu’un haut responsable de la mouvance ouvrait la porte à un éventuel changement de la règle du jeu récemment acceptée : « Il nous appartient de démontrer que sa candidature ne posera pas de problème pour sortir de la crise ». D''autres, on préféré positiver la décision de Ravalomanana : « Il s’agit d’une sage déclaration d’un homme qui veut vraiment sortir le pays de la crise », fait valoir Stanislas Zafilahy, de la mouvance Ravalomanana. 

Lanto Rakotomavo, secrétaire nationale du Tanora Gasy Vonona, le parti d''Andry Rajoelina, déclare, quant à elle, que « la décision de l''ancien président n''aura aucune incidence sur le TGV, ou sur la route que le parti a déjà tracée pour sortir de la crise ». Elle ajoute que sa formation encourage le président de la transition à être candidat à l''élection présidentielle. Cela en dépit des suggestions de la SADC qui, encore le week-end dernier, à travers la présidence tanzanienne, tentait d''obtenir un retrait de Rajoelina. En vain. Déjà, les 7 et 8 décembre, rappelle L''Express de Madagascar, le Sommet de la SADC, en Tanzanie, avait « à nouveau souligné que les deux candidats doivent être persuadés de ne pas se présenter aux prochaines élections générales en tant que voie à suivre pour résoudre cette crise ». Mais la démarche, poursuit le quotidien de la route des Hydrocarbures, s’apparente également à une tentative d’acculer le camp d’Andry Rajoelina.

Evariste Marson, membre du conseil supérieur de la transition et vice-président de l’Union des démocrates et des républicains pour le changement (UDR-C) considère la déclaration de Ravalomanana comme « normale », jugeant qu''elle est un « non-événement », écartant ainsi toute idée de concession faite par l’ancien président. «Marc Ravalomanana est sous la coupe de plusieurs condamnations, il ne bénéficie pas d’amnistie et ne peut plus se présenter aux présidentielles faute d’absence physique au pays six mois avant le dépôt de candidature selon le code électoral », a soutenu le membre du Conseil supérieur de la transition.

Après les très vives tensions entre les deux principaux camps, si ce n''est les diabolisations mutuelles auxquelles ils se sont livrés, la légitimité du président de la HAT sans cesse remise en cause, certains observateurs ont fait valoir qu''il serait souhaitable que et Rajoelina et Ravalomanana se retirent de la course. Après une première rencontre au cours de laquelle les deux hommes étaient restés sur leurs positions, lors de la deuxième rencontre des Seychelles, organisée par la SADC et la Commission de l''océan Indien, Rajoelina finit par accepter de ne pas être candidat si son vis-à-vis en faisait autant mais Ravalomanana ne voulut rien entendre. Que s''est-il passé entre le mois d''août et les annonces de Dar-es-Salaam ?
Jean Eric Rakotoarisoa, enseignant en droit constitutionnel et analyste politique, considère l’initiative de Ravalomanana comme un « pas en avant pour débloquer la situation », notant que l''on attend maintenant « un pas de la part du président de la Transition ».

Saraha Georget, écologiste, présidente du Parti vert, considère, elle, que la décision de Marc Ravalomanana est sage et responsable. « Il appartient maintenant à Andry Rajoelina de suivre l''exemple », lance la seule femme, à ce jour, candidate déclarée à ces élections de mai 2013.

De son côté, le président de la HAT, sur le terrain, accumule bains de foule et gestes populaires. Ainsi, après un certain suspense quant à la proclamation d''un jour férié le 11 décembre, cela fut effectivement le cas, pour célébrer le deuxième anniversaire de la Constitution de la Quatrième République. A Antananarivo, cela fut marqué par deux importantes inaugurations, celle d''un temple du rugby et, au bénéfice des grands spectacles artistiques, d''un “coliseum”, amphithéâtre en mesure d''accueillir 50 000 spectateurs, ces événements et les feux d''artifice de la soirée faisant sortir dans les rues des dizaines de milliers de partisans d''Andry Rajoelina. Des habitants de la capitale dont un des plus vifs souvenirs restera sans doute l''interprétation, par un président grand communicant, de la chanson Namana.