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Mahen Gowressoo : « C’est le ministre Jeetah qui a fait le hedging à la STC»
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Mahen Gowressoo : « C’est le ministre Jeetah qui a fait le hedging à la STC»
? Malgré toutes vos dénonciations publiques sur le «hedging» et ses conséquences, un fait demeure : c’était vous le ministre en fonction à cette époque...
Ah non, jamais ! Le hedging a été fait par le ministre Rajesh Jeetah et le directeur général (DG) de la State Trading Corporation (STC) d’alors, Ranjit Soomaroah. Je suis arrivé le 13 septembre 2008.
? Quand avez-vous donc été mis au courant de la situation ?
J’ai été mis au courant peut-être une semaine après ma prise de fonction, quand le DG Soomaroah est venu me voir pour me dire que j’allais probablement avoir à répondre à des questions sur l’affaire. Il m’explique alors que la STC a fait un hedging mais que, depuis, le prix du pétrole ne fait que baisser.
? Alors que la STC a «hedge» sur $ 161 le baril ?
Oui, alors qu’à l’époque, le pétrole se vendait à $ 142 le baril.
? Pourquoi ont-ils «hedge» à $ 161 quand le prix est plus bas ?
C’est pour cela que je veux faire comprendre à la population qu’il y a eu une grossière erreur. Car je ne crois pas dans le hedging. Quand j’ai réalisé à quel point ils ont commis des bourdes, j’ai fait commander un rapport d’un expert, Monsieur Dobson. Il dit dans ce rapport qu’il n’y avait pas lieu pour la STC de hedge puisqu’il est le seul importateur des produits pétroliers. Puisqu’elle n’a pas de concurrent, elle peut se permettre de répercuter la hausse et la baisse des prix pétroliers directement sur la population. Les gens auraient compris, parce qu’ils savaient qu’il y avait une crise. Il n’y avait donc aucune raison de hedge.
? Avez-vous demandé à Ranjit Soomaroah comment cette décision a été prise ?
Il m’a dit que le conseil d’administration de la STC a pris la décision de hedge puisqu’à cette époque, les prix montaient dangereusement. Et que le Premier ministre avait dit, dans ses discours lors de fonctions, que le pétrole allait coûter $ 200.
? La STC s’engage dans une transaction financière de cette envergure sur la base de ce que dit le Premier ministre dans ses discours remplis d’anecdotes ?
C’est quand j’ai été nommé ministre du Commerce que j’ai réalisé à quel point la gestion de la STC était catastrophique.
? La STC a-t-elle consulté des experts avant de prendre cette décision ?
Ils m’ont dit qu’à cette époque, les experts disaient que le baril allait coûter plus de $ 200.
? Quand vous avez découvert la catastrophe, en avez-vous discuté avec votre collègue et prédécesseur, Rajesh Jeetah ?
Pourquoi devais-je en parler à Rajesh Jeetah ? Il s’occupait alors d’un autre ministère et on m’a passé le bébé.
? C’est lui qui a approuvé le «hedging» et vous ne lui demandez pas des détails ?
Je ne sais pas si c’est lui qui a approuvé ou pas. Ce que je sais, c’est qu’il était ministre du Commerce à l’époque.
? Qui a donc pris la décision de faire le «hedging» ?
Je sais que le hedging a été fait par Ranjit Soomaroah et le Hedging Committee et qu’ils ont eu l’aval du ministère. Cette affaire aurait aussi dû passer devant le Conseil des ministres, mais cela n’a pas été fait. Cela laisse comprendre que c’est le ministère qui en a pris la responsabilité.
? Qu’avez-vous fait après que Ranjit Soomaroah vous a expliqué la situation ?
Il fallait trouver un moyen d’éponger ces dettes. Dans le calcul du prix des produits pétroliers, il y avait une provision pour le hedging qui était de Re 1,50. Avec Ranjit Soomaroah et Rama Sithanen, nous l’avons majoré à Rs 3.
? Vous admettez donc que c’était votre décision ?
Non, ce n’était pas ma décision !
? Mais c’est vous qui avez signé.
Je n’avais pas le choix. Ce n’est pas moi qui prends les décisions concernant l’argent, c’est le ministre des Finances.
? Vous n’avez pas dit que vous n’étiez pas d’accord pour passer ce fardeau aux consommateurs ? Que ce n’était pas correct de leur demander de payer pour l’erreur d’un ministre et d’un fonctionnaire mal inspirés ?
Il fallait trouver une façon de combler cette dette. Si j’avais dit non, j’aurai dû démissionner.
? Donc, vous acceptez de ponctionner Rs 3 sur chaque litre d’essence et de diesel pendant quatre ans ?
Nous n’avions pas décidé de la durée.
? Il n’y a pas eu de projection faite sur la base de vos ventes ?
Ce n’était pas important. Il s’agissait de ponctionner cet argent pendant tout le temps que nous repayions les dettes. La STC a dû repayer la somme qu’elle devait à Morgan Stanley en juin 2009. Pour ce faire, elle a dû contracter des prêts et les Rs 3 servent à repayer ces prêts.
? Et ces Rs 3 par litre représentent Rs 100 millions par mois pour la STC ?
Non, bien plus. A peu près Rs 200 millions. La STC vend 400 000 tonnes de diesel et 250 000 tonnes d’essence par an. Faites le compte.
? Quand est-ce que les dettes liées au «hedging» ont été repayées ?
En février-mars 2011.
 ? Vous en êtes sûr ?
Bien sûr. J’étais le ministre responsable de la STC. Maintenant, j’entends dire qu’il faut payer jusqu’en avril 2012. Je me pose des questions. Que va faire la STC avec cet argent ? Si elle veut se montrer transparente sur ce sujet, il faut qu’elle vienne dire combien d’argent elle a eu chaque mois à travers les Rs 3. Combien de diesel et d’essence elle a vendu et quel montant du prêt a été repayé et quand.
? L’on dit qu’il reste Rs 1,2 milliard à payer...
Je ne peux pas croire ce que «l’on» dit. Je demande à voir les chiffres. Pourquoi ne pas déposer ces chiffres au Parlement ?
? Quand le gouvernement a réalisé l’ampleur des dégâts, est-ce que le Premier ministre a mis le ministre Jeetah devant ses responsabilités ?
(Hésitations…) Je ne sais pas.
Vous dites qu’il y a un prêt de $ 18 millions qui est en train d’être repayé avec les Rs 3 des automobilistes. D’où tenez-vous cette information ?
C’est le ministre Soodhun qui dit que la STC a pris un découvert bancaire. Cela inclut toutes les dépenses de la STC, y compris la catastrophe des gros pois pourris et du lait Amul. Puisque tout est dans un même compte bancaire.
D’où viennent les Rs 18 millions ?
(Sourire…) J’ai mes informations.
Je me demande si, en fait, c’est en Megh Pillay, le DG de la STC, que vous n’avez pas confiance ? Car Showkutally Soodhun ne s’occupe pas de la STC, il ne fait que répondre aux questions au Parlement.
Je ne connais pas Megh Pillay.
Pourtant, vous faites des allégations sur la gestion de la STC...
Non, je ne fais pas d’allégations. Je ne fais que poser des questions par rapport à la réponse qu’a donnée Showkutally Soodhun au Parlement. Comme ancien ministre, je m’en prends au ministre mes critiques ne sont pas adressées à Megh Pillay.
Mais ni Showkutally Soodhun ni Megh Pillay n’étaient là quand le «hedging» a été fait. Ce n’est pas très juste de leur tomber dessus.
Je ne leur tombe pas dessus. Je veux savoir où on en est avec le prêt et combien il reste à payer. Nous demandons la transparence. Nous savons très bien à qui revient la faute : à celui qui était là avant moi. Mon problème avec Showkutally Soodhun, c’est qu’il est en train de raconter n’importe quoi.
Quel est votre intérêt dans toute cette histoire ?
J’étais un ministre du Commerce, un ministre droit, et je pense qu’il faut une personne comme moi à ce poste. Mais je n’ai pas eu de ticket. Toutefois, cela ne change rien au fait que Showkutally Soodhun «is not the right person in the right place». Quand j’étais ministre du Commerce, il n’y avait aucun problème. Au contraire, j’ai réglé les problèmes des autres. Et vous savez quoi ? J’étais un bon ministre.
En février 2010, nous avons frôlé une pénurie d’essence. Je l’apprends le jeudi, en sachant que la prochaine cargaison arrive le dimanche. Vous croyez que j’en informe le Conseil des ministres ? Non, je ne veux pas paniquer la population. Je négocie avec les compagnies pétrolières. Je cherche à savoir où l’essence est disponible et je demande aux autorités portuaires de traiter l’arrivée du tanker en urgence. Lundi matin, l’essence était là et personne ne savait qu’on avait frôlé la catastrophe. Si je l’avais dit, tout le monde se serait rué vers les stations-service et, là, nous aurions véritablement fait face à une pénurie. C’est cela être un bon ministre.
Propos recueillis par Deepa BOOKHUN
 
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