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Manière de voir: «Quatrième volet de la trilogie…»

6 août 2010, 00:00

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Le film est en 3D, mais il semble bien qu’il n’y ait pas grand-chose à regretter. Selon des sources diverses, ce quatrième volet et point final de la saga de l’ogre vert, signé Mike Mitchell, ne tirerait aucun avantage des images en relief, même si cet aspect du film n’est en aucun cas raté. Ce qui signifie que dans nos salles privées de 3D, le spectateur s’intéressera davantage à ce qu’ont imaginé les scénaristes en guise de cabriole finale, alors qu’en principe, tout avait déjà été dit.

«Ils se marièrent, vécurent longtemps heureux et eurent beaucoup d’enfants…» Le volet précédent se concluait par la naissance de ces derniers et c’est sur cette fi n digne de tout bon conte de fées que commence ce quatrième (et dernier ?) film. L’après n’est pas si rose, justement, pour notre ogre vert éreinté par la paternité et par sa trop grande célébrité.

Nostalgique du temps d’avant, quand il était un célibataire grognon et qu’il terrifiait les braves gens, Shrek se fait piéger par un contrat que lui propose le lutin Tracassin et se retrouve dans un univers parallèle, obligé de réécrire sa propre histoire.

Ceux qui parlent d’originalité oublient un peu vite que cet argument a été directement emprunté à La Vie est Belle, célèbre comédie de 1946 signée Frank Capra. Pour la défense des scénaristes de Shrek 4, ce n’est pas la première fois que ce classique fait l’objet d’une réappropriation.

Mais si on peut difficilement leur reprocher cet emprunt, on pourra en revanche trouver dommage qu’ils l’aient pris par le mauvais bout.

Le fait que Shrek soit obligé de refaire l’itinéraire parcouru dans les trois volets précédents était à la fois l’occasion d’un récapitulatif et aussi celle de réécrire ses rencontres avec les divers personnages ayant marqué la série. En tenant compte du fait que la saga est en elle-même une parodie de l’univers des contes de fées et du potentiel d’auto-parodie qu’avait sa réécriture, l’exercice aurait été un coup de maître, une apothéose aussi réjouissante que spectaculaire en guise de point final. Certaines rencontres sont effectivement réécrites, dans cette histoire : celles de l’Ane, du Chat Potté en surpoids et de Fiona, notamment. Celles-ci sont dans la veine ou le ton qu’on aurait aimé voir le film adopter dans sa totalité et, bien que réussies dans leur réécriture, elles marquent aussi malheureusement la limite de l’exercice.

Frilosité ? Les scénaristes ont préféré construire leur récit autour d’une opposition entre Shrek associé à une bande d’ogres rebelles (réclamant la liberté et la justice pour tous) menés par Fiona d’un côté, et Tracassin, ses sorcières et son joueur de flûte de l’autre. En tant que chef des affreux, Tracassin reprend donc la fonction qui était celle du Prince Charmant dans les films précédents. Or, si le personnage du Prince Charmant était une excellente parodie des princes de contes de fées, Tracassin, lui, n’a pas cette envergure. Il est juste un méchant nerveux qui n’est la parodie de rien du tout et qui reste sans intérêt. Ce qui est d’autant plus dommage quand on considère que la saga était basée sur le détournement de ces personnages de contes de fées.

Il y a quelques bons gags, notamment avec l’Ane, et les references aux classiques sont au rendez-vous, bien que moins nombreuses que précédemment : l’air du célèbre duel musical de Deliverance (John Boorman, 1972) repris au luth et la sorcière du Magicien d’Oz recopiée en une douzaine d’exemplaires. Mais, de par son manque d’irrévérence, Shrek 4 n’intéressera pas beaucoup les grandes personnes et tout en n’étant pas un mauvais film, il n’est certainement pas le meilleur de la saga.

 

G.N.