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Manière de voir : Comme au bon vieux temps

15 septembre 2010, 00:00

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Manière de voir : Comme au bon vieux temps

C’est quoi son problème ? - Je crois qu’il veut devenir président… »

L’échange a lieu entre Sylvester Stallone et Bruce Willis. «Il», c’est l’actuel gouverneur de la Californie qui, dans ce film, a droit à une entrée de VIP, même s’il n’apparaît que pour un court instant. Bruce Willis non plus ne reste pas très longtemps. Jouant un intermédiaire sans nom de la CIA, il nous fait brièvement son numéro de Bruce Willis, et puis s’en va.

D’ailleurs, bons et méchants, chacun dans ce film fait «son» numéro. Expendables…, film de et avec Sylvester Stallone, fait penser à un fantasme de gamin : toute une équipe non pas de bras cassés, mais de casseurs de bras d’hier et d’aujourd’hui réunis dans un seul et même fi lm pour une aventure chargée de testostérone. Aux côtés de Sylvester Stallone, le chef, il y a donc non seulement Jason Statham et Jet Li, mais également Dolph Lundgren, Terry Crews, Mickey Rourke, Jason Roberts, Steve Austin (l’acteur, pas l’homme qui valait trois milliards), etc. De quoi exciter les nostalgiques des séries B d’action des années 1980, «glorieuse» époque des productions Golan Globus et des séances à deux films pour Rs 10.00.

Il ne manque que Chuck Norris, mais autrement ils sont bien là, réunis en une équipe de mercenaires travaillant pour la bonne cause – des pirates somaliens à neutraliser, par exemple – et armés en conséquence. Pour ceux et celles qui n’auraient ni vu la bande-annonce, ni lu les résumés, les «Expendables» sont pour ainsi dire, une sorte d’ONG composée d’anciens mercenaires qui sont appelés à renverser un dictateur sud-américain, le général Garza/David Zayas (vu dans la série Dexter). Ce dernier aurait d’ailleurs pu tout aussi bien s’appeler Alcazar ou Tapioca, car il en a non seulement le physique mais il est tout aussi caricatural, comme dans un album de Tintin. Histoire de ne mécontenter personne, cependant, les scénaristes l’ont mis sous la coupe d’un ancien agent de la CIA devenu producteur et trafiquant de drogue (Jason Roberts) qui détient sa fille Sandra/Giselle Itié en otage.

C’est évidemment ce dernier facteur qui pousse cette unité spéciale à intervenir. Le récit est assez clair sur ce point, mais plutôt embrouillé sur d’autres, comme le retournement des mercenaires qu’on croyait à la solde du général ou les problèmes familiaux de Jet Li. Mais affirmer que cela ait une quelconque importance serait comme affirmer que ce fi lm fonctionne aux sentiments humains et à la finesse des portraits psychologiques. Expendables… est un film qui sent bon la poudre à canon et qui avance au rythme des rafales d’armes automatiques et des explosions spectaculaires. Il y en a une tous les quarts d’heures, plus ou moins et entre deux explosions, quelques belles scènes de baston, joliment chorégraphiées qui outre Stallone, impliquent soit Jason Statham lançant des couteaux, soit Jet Li enchaînant pirouettes et coups de pied. L’équipe au complet n’intervient que dans la bagarre finale et celle-ci a beau être du n’importe quoi, elle n’en est pas moins jouissive, surtout l’intervention de Terry Crews qui manie un gros fusil comme dans Predator.

C’est précisément ce ridicule et cette naïveté franchement assumée qui finissent par aller droit au coeur du spectateur. Car, tous ces numéros finissent par faire un ensemble et il y a aussi ces moments humains (comme autrefois chez Howard Hawks) dans lesquels tous ces gros bras étalent leurs états d’âme, se racontent leurs petites histoires et s’échangent des petites piques. On voit alors ce fi lm pour ce qu’il est malgré lui : le portrait d’une bande de potes ayant bien vécu.

G.N.

G.N.