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Manière de voir : Ah ! Qu’ils sont beaux…

16 août 2010, 00:00

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Manière de voir : Ah ! Qu’ils sont beaux…

Il paraît que certains réalisateurs, ceux dont les films sont assez personnels pour qu’on les qualifie d’«auteurs de cinéma», font quelquefois des arrangements avec les studios hollywoodiens. Ils acceptent de diriger certains blockbusters en échange de quoi, ces studios s’engagent pour leur part à financer leurs projets plus personnels, mais jugés «à risques». Ce serait le cas de Christopher Nolan, à qui nous devons la relance de la franchise Batman et dont le dernier fi lm Inception, projet plus personnel, bat en ce moment des records d’entrées dans les salles.

Cela semble être aussi le cas de David Slade, réalisateur qui s’était signalé par Hard Candy, puis par 30 Jours de Nuit. Car autrement, comment imaginer que ce dernier ait pu accepter de prendre la barre de ce troisième chapitre de Twilight sans la promesse d’une quelconque compensation ? Les vampires de son fi lm précédent, prédateurs bestiaux et égorgeurs-tueurs, sont si loin de l’univers aseptisé de Bella, des Cullen et de tout ce petit monde abstinent, qu’il ne saurait en être autrement. Cela étant dit, David Slade semble s’être mis en tête d’offrir aux jeunes inconditionnel(les) de la saga tout ce qui les fait accourir dans les salles et il le fait correctement, tout en respectant ce qui, à leur âge, leur tient lieu d’intelligence. Robert Pattinson/Edward est donc plus beau que jamais, avec ses verres de contact teintés et son maquillage. Taylor Lautner/Jacob est toujours là, toujours beau lui aussi, exhibant ses muscles abdominaux en permanence. Et Kirsten Stewart/Bella est, pour une fois, au centre du récit. Elle est même plus présente qu’elle ne l’a jamais été, incarnant l’héroïne en qui les jeunes demoiselles aimeront se reconnaître : à savoir, une belle jeune fille partagée entre deux beaux gosses fous d’amour pour elle. L’un incarne évidemment le beau fiancé qu’elles présenteront à leurs proches et l’autre, tout simplement l’amant idéal. Mais loin de ce genre de propos, Twilight 3 prétend surtout satisfaire les chastes fantasmes de son public. D’où le défi lé de scènes qui nous montrent soit Bella et Edward soit Bella et Jacob dans un beau cadre. Jolies photos qu’on pourra qualifier d’images d’Epinal, tant elles semblent porter en elles une nuance d’ironie de la part du réalisateur.

On a presque l’impression que c’est en allant de chacune de ces images à l’autre que David Slade filme son récit. Bryce Dallas Howard/Victoria (voir l’épisode précédent ou celui d’avant) forme une armée de vampires afin de s’en prendre à l’héroïne et ses deux soupirants, qui, pourtant ennemis héréditaires, devront s’unir pour la protéger. Il y a donc péril – même si la méchante sort tout droit d’un campus movie - et donc suspense, en plus du choix cornélien. Force est de reconnaître que cet aspect du scénario est écrit de manière compétente et qu’il est plutôt habilement mis en scène par le réalisateur. David Sladenous épargne les scènes bavardes de l’épisode précédent, sachant focaliser notre attention sur un regard ou un geste – ce qui est quand même le B-A BA de toute réalisation compétente – et il nous gratifie au passage de quelques belles scènes d’action. Ce qui n’exclut pas quelques moments d’autodérision, comme les propos d’Edward quant à la tenue débraillée de son rival.

Les jeunes demoiselles auront donc de quoi se régaler. Les autres trouveront toute cette saga bien inutile, même si ce troisième épisode remplit sa part du contrat, et en concluront que l’abstinence conduit forcément à la frustration. Surtout quand on sait que les jeunes fi lles sages et vertueuses ne reçoivent jamais de collier de diamants.

G.N.

G.N.