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Margueritte Rasoanindriana mise sur l’éducation parentale

11 septembre 2013, 00:00

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Margueritte Rasoanindriana mise sur l’éducation parentale

Lorsqu’elle a pris conscience du rôle des parents dans la réussite scolaire de leurs enfants, celle que l’on surnomme Madame Margot s’est mise à donner des cours de psychologie en masse.

 

Margueritte Rasoanindriana, conseillère pédagogique à la retraite, ne chôme pas. Malgré son âge, elle continue la mission d’éducation qu’elle s’est fixée mais cette fois, sa cible privilégiée est les parents. Les auditeurs et téléspectateurs la connaissent sous le nom de Madame Margot car elle anime des émissions consacrées à l’éducation parentale en répondant aux questions des parents qui ne trouvent pas de solutions par rapport à la scolarisation précoce, l’échec scolaire, le bilinguisme ou la manière d’éduquer les jeunes.

 

Mme Margot est entrée dans la vie active en tant qu’institutrice dans une école primaire publique à Fianarantsoa, ancienne province qui se trouve à 410 km d’Antananarivo, la capitale. «À l’époque, être détentrice d’un brevet d’études de fin de premier cycle (BEPC) permettait d’enseigner au niveau primaire. Je ne voulais pas m’arrêter là, d’autant plus que j’avais fait des efforts antérieurs, réussissant à passer mon baccalauréat après la naissance de mon quatrième enfant», raconte-t-elle. Autodidacte, elle a sacrifié ses soirées pour apprendre les mathématiques et la physique-chimie car il lui fallait gérer études et vie familiale. Elle a réussi son examen officiel, passé un concours pour l’admission auprès de l’Institut national de formation pédagogique (INFP) à Mahamasina et est devenue formatrice des enseignants des établissements primaires publics. Cela ne l’a pas empêchée de prendre en main la formation des enseignants des établissements catholiques. Lors des assemblées générales des parents d’élèves, elle note que les enseignants attribuent l’échec scolaire aux parents.

 

«D’après les enseignants, la faute revenait aux parents parce qu’ils ne font pas un suivi de la scolarité de leurs enfants. Je suis convaincue que les parents ont autant besoin d’être éduqués que leurs enfants pour que ces derniers n’aient pas à subir l’hostilité des enseignants en classe. J’ai décidé de créer en 2003 l’École des Parents et cela fait dix ans que je travaille avec des parents en leur prodiguant des conseils sur l’éducation appropriée pour leurs enfants », poursuit-elle.

 

Mme Margot ne cesse d’approfondir ses connaissances. Elle a suivi une autre formation en psychothérapie avec un expert français et au bout d’un an, elle a décroché son certificat. Depuis, elle aide les parents et les jeunes en difficulté qui cherchent une issue pour réussir dans la vie. Son École des Parents n’est pas un bâtiment comprenant des salles de classe mais des cours de psychologie en masse, au sein des écoles. Dans la pratique, les écoles convoquent les parents pour une assemblée générale et Mme Margot dispose ensuite de trois heures pour inculquer aux parents ce qu’ils doivent savoir sur l’éducation de leurs enfants. Ses cours sont divisés en trois chapitres dont le premier parle du triangle éducatif impliquant la relation entre les enseignants, les parents et les élèves. Le deuxième chapitre concerne la psychologie de l’enfant et de l’adolescent et une partie explique aux parents que leur vécu pendant la grossesse de la mère a un impact sur le développement du cerveau de l’enfant. Le troisième chapitre évoque la psychologie de l’homme et de la femme, la vie du couple et leurs effets sur l’éducation de l’enfant.

 

Cette conseillère pédagogique-psychothérapeute a toutefois remarqué que les parents ayant des enfants en cycle primaire se désintéressent des thèmes touchant les adolescents. Plus tard, leurs enfants grandissent et ils redemandent des cours de psychologie pour les adolescents. Ne voulant pas déranger l’assemblée générale des parents, elle a monté le club des fans de l’École des Parents, soit des groupes de parents qui se réunissent en fonction de leurs besoins et apprennent davantage sur leurs responsabilités.

 

Avec la crise socioéconomique que traversent les ménages malgaches, Mme Margot essaie de soutenir les parents en leur demandant de raffermir leurs liens familiaux afin de prévenir le conflit de générations. Elle fait des recherches en regardant des documentaires, en lisant et en étudiant des cas. Elle raconte que bon nombre de parents, trop absorbés par leur travail, laissent l’éducation de leurs enfants entre les mains de domestiques.

 

«Mais tous les domestiques ne parviennent pas à suivre les leçons et les devoirs des enfants du niveau primaire au secondaire. Elles sont peut-être instruites mais elles ne remplaceront jamais les parents dans leur rôle éducatif. Il appartient aux parents de tisser une bonne relation avec leurs enfants, d’assurer une bonne communication et une bonne entente dans la famille, le tout basé sur l’écoute attentive », insiste-t-elle. Elle prendl’exemple d’un père de famillequi devrait considérer et comprendreles appréhensions de safille ayant ses premières règles.Elle estime que le renforcementde la communication entre parentset enfants évite tout dérèglementfamilial.

 

Mme Margot aime le partage. Outre les parents, elle encadre actuellement de jeunes célibataires qui lui demandent des conseils sur la vie. «Ils font preuve d’enthousiasme car ils veulent savoir ce qui les attend plus tard. La plupart du temps,les jeunes se précipitent dans lemariage sans penser à leurs responsabilités parentales. C’est déjà un bon signe si les célibataires essaient de se renseigner quant à l’éducation parentale à donnerà leurs futurs enfants», dit-elle.

 

Mme Margot a dépassé les frontières des écoles pour investir le secteur professionnel. Des institutions, des entreprises et des associations la contactent en vue d’obtenir son expertise. Elle a déjà prodigué des cours aux employés de Madavision, à l’assurance Aro, au Fonds d’Intervention pour le Développement et à la Primature. Elle entend aller plus loin avec la mise sur pied d’une véritable école de parents. Elle le fera lorsqu’elle ne se déplacera plus car pour le moment, elle sillonne les régions de Madagascar pour éduquer les parents qui n’ont pas la possibilité de se rendre à Antananarivo.

 

Par Farah RANDRIANASOLO

 

*Farah Randrianasolo est journaliste à Madagascar. Cet article fait partie de la série «Femmes exceptionnelles» du service de commentaires et d’opinions de GenderLinks qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.