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Marie-France Gelin, l’histoire d’une femme courage

11 février 2009, 01:00

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Marie-France Gelin, l’histoire d’une femme courage

A 59 ans, Marie-France Gelin peut être fière de son parcours et du stoïcisme dont elle a fait preuve pendant des années de difficulté.

C’est à l’âge de 24 ans, en 1974, que Marie-France Gelin quitte Maurice. Auparavant cette résidente de Beau-Bassin, plus précisément de Cité Barkly, est témoin des moments de dur labeur d’une mère empreinte de résignation et de l’indifférence d’un père ivrogne. «Ma mère était une femme admirable qui travaillait nuit et jour, faisant le ménage et élevant six enfants à la fois. Et mon père était un despote. Malgré l’effort de ma mère, il arrivait parfois que n’avions rien à manger», confie Marie-France Gelin.

Pour fuir cette situation intenable, la jeune femme se met alors à correspondre avec des étrangers. C’est ainsi que l’un d’entre eux, un Allemand, de neuf ans son aîné, finit par lui payer un billet d’avion pour la Belgique. «Le 1er août 1974, j’arrivais en Belgique où il était venu me chercher. Après que nous ayons passé une journée et une nuit dans ce pays, nous roulions à motocyclette vers la France pour la petite ville de Vichy. Il s’y rendait parce qu’il participait à un stage pour des professeurs de l’université populaire. Nous séjournions là pendant environ trois semaines. Entre-temps, l’amour grandissait chaque jour», se souvient Marie-France Gelin.

L’aventure à moto n’était pas terminée pour elle. En quittant Vichy, ils roulent vers Berlin. Seize heures de moto. Ensuite, c’est l’arrivée dans l’appartement du «fiancé» «J’étais trop fatiguée pour m’apercevoir de l’état dans lequel se trouvait l’appartement. Une petite chambre avec une cuisine minuscule et primitive. Les toilettes étaient situées un étage plus bas dans l’immeuble. Et pour se doucher, il fallait se rendre dans une piscine…», raconte Marie-France Gelin.

L’année suivante, elle fait la connaissance d’autres hommes. Certains lui proposent même de la sortir de la misère et de l’épouser. Mais la jeune femme est toujours éprise de son amant. «Je suis restée avec lui parce que l’amour qui nous unit est authentique», précise-t-elle.

La patience finira, dans une certaine mesure, par payer. En effet, quelque temps après, le couple déménage dans un appartement moderne avec deux chambres, une cuisine confortable et d’autres facilités. «Deux mois plus tard, nous nous sommes mariés à Berlin. J’ai donné naissance à notre fils aîné un an après. Pendant les prochaines quinze années, deux autres garçons et une fille ont vu le jour», témoigne Marie-France Gelin qui devient donc Mme. Marie-France Lupkes.

Entre-temps, les choses ne s’arrangent pas financièrement. «Notre bel appartement devenait trop coûteux pour nous. Nous avons changé de logements environ quatre fois dans la capitale de l’Allemagne. Ensuite, nous avons fini par acheter une maison dans un village. Nous avons en deux fois achetées des maisons et avons été contraints de les vendre. Enfin, la troisième a été la bonne. Nous sommes, depuis treize ans, dans cette même maison qui possède seize chambres. Pendant vingt ans, nous avions eu un tas de dettes, mais ces tracas financiers sont passés. Et nous les ont presque oubliés. Notre amour est resté intact depuis trente-cinq années. Mon cœur bat pour mon mari, et son cœur bat pour moi. J’ai deux autres cœurs, l’un palpite pour l’Allemagne. L’autre pour Maurice. C’est également le cas de mon mari. Dans nos cœurs, Maurice et l’Allemagne sont unis», précise Marie-France Lupkes.

La Patience aurait pu être l’autre nom de Mme Lupkes...