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Marie Idalee-Labonne : «Je m’envolais, je dansais toute la nuit. J’étais comme un papillon»

26 juin 2011, 00:00

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Marie Idalee-Labonne : «Je m’envolais, je dansais toute la nuit. J’étais comme un papillon»

Marie Idalee-Labonne a soufflé ses cent bougies le 11 juin dernier. L’événement a été célébré le dimanche 19 juin en présence de ses proches et de ses amies du foyer Mère-Teresa de Roche-Bois. Rencontre avec une centenaire qui a toujours laissé libre cours à sa passion pour la danse.

Il est 11h15. Sous la véranda du foyer Mère-Teresa, les résidentes dégustent une glace. Parmi, Marie Idalee-Labonne. Assise devant son déambulateur décoré d’un ballon rouge, avec un petit cochon en plastique que lui a offert une des sœurs du foyer, la vieille dame, coiffée d’un chapeau blanc, déguste son dessert. Nous découvrons une dame très coquette. Elle est vêtue d’une robe bleue à fleurs et d’un pull-over blanc. Du vernis à ongle doré et des bagues masquent à peine la fragilité de ses doigts.

A notre arrivée, Marie Idalee-Labonne se déplace de la salle commune du foyer jusqu’au petit salon pour venir nous accueillir. D’emblée, elle nous raconte sa folle jeunesse, faite de fêtes et de musique. « Quand j’étais jeune, je dansais tout le temps. Je m’envolais littéralement. Lors d’une soirée, je ne m’asseyais jamais. Je dansais toute la nuit. J’étais comme un papillon », raconte-t-elle.

Marie Idalee-Labonne se souvient du talent de son père violoniste. « Le violon de papa animait notre maison alors, on invitait les voisins, les amis, à venir danser chez nous. » Sa mère, femme au foyer, s’occupait principalement de faire grandir les quatre filles et l’unique fils.

« Ma mère restait à la maison à s’occuper de nous. Mon père n’a jamais levé le moindre petit doigt sur nous. Il a toujours été très doux. Mais c’est ma maman qui nous corrigeait. Et puis, n’est-ce pas le devoir d’une mère que de punir ses enfants ? » lance-t-elle, en éclatant de rire.

La centenaire a survécu aux autres membres de sa fratrie. Elle ne cache pas qu’elle regrette que ses quatre enfants n’aient pas souvent l’occasion de venir lui rendre visite au foyer.

« Je ne sais pas vraiment combien j’ai de petits-enfants. Ils sont tellement nombreux ! De temps en temps, l’un ou l’autre passe me voir. Mais mes enfants ont tous leurs préoccupations et je peux comprendre qu’ils n’aient pas le temps de venir me rendre visite plus souvent », explique-t-elle.

Si aujourd’hui Marie Idalee-Labonne ne souffre d’aucune maladie, cela n’a pas toujours été le cas. Elle raconte que pendant son adolescence, elle tombait fréquemment malade. Elle a d’ailleurs dû mettre un terme à sa scolarité alors qu’elle était en quatrième.

« J’avais de la fièvre, des maux de tête, des douleurs. C’est mon père qui m’emmenait chez le médecin. Il faut croire que je ne tombais malade que pour donner des soucis à mon père, puisqu’aujourd’hui je ne souffre d’aucune maladie ! » soupire la centenaire.

Pendant toute sa vie, Marie Idalee-Labonne a été femme de ménage. Mais elle dit que malgré les maigres revenus de la famille, ses enfants savaient se contenter de peu.

C’est grâce à son travail qu’elle peut, aujourd’hui se vanter d’avoir appris à faire « un vrai briani ». « A présent, je ne peux plus cuire ou me servir à manger mais, dans le passé, je faisais du briani et puis il n’y a rien qui puisse me faire plus plaisir qu’un curry de poulet ou un bon salmis. Mais aujourd’hui je suis bien obligée d’attendre que les autres me servent », souligne-t-elle.

Et quel est le secret de sa longévité ? A cette question, la centenaire répond en riant. « Je ne manquais pas de prendre un petit whisky de temps en temps, le soir. Et puis, je surveillais mon alimentation », indique-t-elle, avant d’ajouter qu’elle faisait en sorte d’aimer tous ceux qui croisaient son chemin.

Mais, aujourd’hui, elle l’avoue, sa vie est bien moins trépidante. Son quotidien se résume à faire ses prières chaque matin et à bavarder avec sa meilleure amie, Gertha, qui a perdu la vue.

« Gertha et moi sommes complémentaires. Elle ne voit pas et c’est moi qui lui décris ce je vois et vu que j’ai des problèmes d’audition et qu’elle a une ouïe fine, elle entend les moindres bruits et me prévient des allers et venus », poursuit-elle les yeux pétillants.

Et Gertha ainsi que toutes ses autres amies étaient présentes lors de la célébration de son centième anniversaire, le dimanche 19 juin. Le simple fait d’évoquer sa fête, ses yeux s’illuminent.

« Je me suis bien amusée pour mon anniversaire j’ai valsé avec M. Clément, l’aide-soignant. Il est venu m’inviter comme on le faisait à l’époque, avec un mouchoir. Comme il se doit. Si on ne m’invitait pas comme cela, je ne dansais pas. On m’a maquillée, et puis j’avais trois tenues. Une pour la messe et deux autres pour la fête », raconte-t-elle.

Et M. Clément, avec son air de garde du corps protecteur, raconte que la petite dame lui a fait répéter son invitation pour la danse, bien des jours avant la fête d’anniversaire. « Heureusement qu’elle m’avait appris à lui faire une révérence avec mon mouchoir… Et c’est elle qui m’a choisi comme cavalier. C’est un grand honneur qu’elle m’a fait », déclare M. Clément.

Ravie de recevoir de la visite, Marie Idalee-Labonne nous offre même un petit cadeau avant qu’elle nous quitte pour rejoindre ses amies. Elle entonne sa chanson préférée, mais, en l’arrangeant de sa façon :

« Mo passé la rivière Tanier, mo zoin enn vié gran mama.
Mo dire li ki li fer la
Li dire moi li la pes kabo,
Mo dir li done moi enn pogné cabo,
Li done moi enn pogné café »,

Une berceuse qu’elle achève sur un autre grand éclat de rire.

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