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Mayotte : l’Etat laisse tomber le Maria Galanta
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Mayotte : l’Etat laisse tomber le Maria Galanta
Depuis 2006, l’Etat français compte sur le Maria Galanta (photo) pour les  reconduites à la frontière. Pourtant, quand l’armateur est accusé de mise en danger de la vie d’autrui, l’Etat  se dégage de toute responsabilité.
Aujourd’hui, seul l’armateur est aux prises avec la justice, et les intérêts communs qui l’unissaient à l’Etat sont oubliés. Les relations étaient pourtant anciennes, et  avaient débuté il y a six ans. Fin octobre 2005, dans une lettre adressée au préfet de Mayotte, Nicolas Sarkozy lui réclamait d’atteindre le chiffre de 12 000 reconduites à la frontière en 2006, soit deux fois plus qu’en 2004. Pour y parvenir, le ministre de l’Intérieur promettait des moyens supplémentaires, dont la mise à disposition d’un navire de 180 places.
L’acquisition du Maria Galanta par la société SGTM de Michel Laboudère était déjà dans les cartons. Celle-ci avait alors bénéficié de deux subventions accordées par le conseil  général de Mayotte : soit 450000 euros en tout qui devaient permettre à la SGTM de boucler un investissement estimé à 1,5 million d’euros pour acquérir le Maria Galanta, navire qui bat aujourd’hui pavillon comorien.
Aujourd’hui, la multiplication des reconduites à la frontières (plus de 26 405 reconduites en 2010, la grande majorité effectuées par le Maria Galanta), et les difficultés que rencontrent les Comoriens pour obtenir un visa pour venir à Mayotte, font que l’activité touristique ne représente qu’une part minime du chiffre d’affaire de l’armateur. La convention qui le liait à la préfecture jusqu’en mai 2011, en revanche, lui permettait de réaliser des rentrées importantes : le prix de la reconduite d’une personne majeure était fixée à cent dix euros. Et il y en a eu un peu plus de vingt mille en 2010… Même si quelques-unes ont été effectuées par avion, on peut néanmoins estimer à au moins deux millions d’euros la somme perçue par la SGTM à ce titre.
La préfecture de Mayotte , elle, s’en accommodait très bien. Surtout que dans la convention, aucune obligation ne lui était faite en terme d’encadrement des reconduits.
Des obligations qui n’apparaissent pas plus sur le plan réglementaire. Le navire, pouvant transporter jusqu’à cent quatre-vingts expulsés en un voyage, partait donc sans aucune escorte policière vers Anjouan.
Le 28 octobre 2010, plusieurs personnes, en voie d’expulsion, auraient sauté du Maria Galanta pour regagner à la nage les côtes mahoraises. L’un d’eux n’y est pas parvenu, il est mort noyé. Son corps a été retrouvé quelques jours après le drame sur les côtes mahoraises. C’est plusieurs mois après cette macabre découverte que les premiers placements en garde à vue ont été effectués : Michel Labourdère, le commandant du navire et un matelot étaient interpellés, interrogés, puis placés en détention provisoire. C’est ensuite le commandant en second qui a connu le même sort. Depuis, tous ont été relâchés.
(Source : Bimensuel Upanga du 20 juillet 2011.)
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