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Mayotte, l’île aux enfants mal nourris

31 mars 2012, 00:00

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Mayotte, l’île aux enfants mal nourris

En déplacement à Mayotte, ce week-end, François Hollande verra-t-il ce que tout le monde n’ose voir ? A savoir un taux de malnutrition infantile ahurissant dans ce département d’outre-mer français.

C’est Médecins du monde (MDM) qui s’en alarme dans un rapport rendu public ce 30 mars. L’ONG a ouvert, en 2009, un centre de soins pédiatriques à Koungou (la deuxième ville de Mayotte) «afin d’améliorer l’accès aux soins des enfants les plus démunis».

Cela n’a pas suffi : face au nombre d’enfants arrivant au centre en situation de malnutrition, Médecins du monde a décidé d’évaluer l’importance de ce désastre alimentaire. Une étude, menée du 1er avril au 1er juillet 2011, dans le centre et en cliniques mobiles, a concerné 422 enfants. Elle montre une prévalence de la malnutrition aiguë chez 7,3% d’entre eux. «Un taux inacceptable pour le 101e département français, qui se retrouve en situation nutritionnelle précaire», écrit l’ONG.

En 2009, plus de 18 000 enfants n’étaient pas affiliés à la Sécu. Seule la moitié des enfants mal-nourris bénéficie d’un suivi en PMI (protection maternelle et infantile) et à peine un quart arrive à bénéficier d’un traitement nutritionnel. Et la situation ne s’améliore pas. «Depuis janvier 2010, les acteurs de santé locaux ne peuvent plus assurer le suivi nutritionnel, faute de moyens financiers», note MDM. «A Mayotte, la fin de la gratuité des soins, en 2004, et la peur de se déplacer vers les centres de santé ont contribué à la précarisation d’une partie de la population.

Avec plus de 21 000 reconduites à la frontière en 2011, les politiques migratoires entraînent un harcèlement systématique des plus précaires. Ceux-ci renoncent à aller se faire soigner par peur d’être arrêtés», poursuit l’ONG.

Résultat : de nombreux enfants se retrouvent séparés de leurs parents, pris en charge par d’autres familles, dont certaines ne peuvent assurer leurs besoins alimentaires. Plus d’un enfant sur trois n’a pas accès à l’eau courante. Enfin, ce chiffre qui fait frémir : le taux de mortalité infantile y est de 13,5‰. Quatre fois plus élevé qu’en métropole (France).

Source : Eric Favereau, Libération.fr

Eric Favereau, Libration.fr