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Me Désiré Dian : Un potentiel illimité
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Me Désiré Dian : Un potentiel illimité
On ne le répètera jamais assez : le manque de ressources n’est pas une fatalité. Chacun a le potentiel de réussir au prix d’efforts et de sacrifices. Désiré Dian l’a compris et avant lui ses parents. Cet habitant de Ste- Croix vient de réussir les examens du barreau en Grande- Bretagne. Dans un an, il prêtera serment à Maurice comme avocat.
Alors que d’autres se seraient gonflés d’orgueil, il n’y a pas une once de suffisance chez ce jeune homme de 27 ans. Peut- être est-ce parce qu’il estime pouvoir faire mieux. Désiré n’a pas toujours pensé ainsi.
Il est le cadet d’une famille modeste de trois enfants. Bien que son père, Joseph, n’ait pas étudié au- delà de la Form II , ce pâtissier dans un hôtel cinq étoiles incite ses enfants à le faire. Mireille, leur mère, supervisor dans une usine textile, n’a pas fait d’études secondaires. Mais elle aussi croit que la clé de la réussite sociale passe par l’éducation.
On a souvent du mal à joindre les deux bouts chez les Dian. Leur situation devient plus précaire lorsque Joseph Dian est mis à la porte pour s’être absenté en raison de la santé fragile de son fils. C’est alors que ce pâtissier débrouillard décide de se mettre à son compte. Il embrigade sa femme pour lui prêter main forte, de même que ses enfants, que ce soit à leur retour de l’école ou en week- end. Désiré, fréquente à l’époque l’école Père Laval. Il est plus intéressé à jouer et se plaint tant et plus des tâches imposées que son père lui explique que s’il ne met pas les bouchées doubles pour réussir, il sera travailleur à la tâche.
Argument qui ne réussit pas à le convaincre vraiment. Le déclic pour les études vient lorsque sa soeur aînée sort première de sa classe. « J’étais alors en standard IV et je me suis dit que je voulais faire comme elle » . Désiré étudie alors d’arrache- pied en classe comme dans les cours particuliers. Ses parents se serrent la ceinture sur tout, sauf pour l’éducation.
Il est récompensé de ses efforts lorsqu’il se classe 310 e aux examens de fin d’études primaires. Il est le premier de son école à obtenir un tel résultat. Il est envoyé dans un collège d’Etat. Ne s’y acclimatant pas, il demande alors un transfert. Il est muté au collège John Kennedy et a Daniel Marion comme recteur.
Il se considère « élève moyen » du fait qu’il a obtenu 13 unités en Form V et deux A ( en Français et en Mathématiques), un B, un C et un D dans les matières scientifi ques en Form VI . Ayant toutefois réalisé qu’il a du potentiel, il s’intéresse à tout, à commencer par la programmation Web . Il l’apprend tout seul et décide de passer l’examen en vue de devenir programmeur en PHP. Il réussit son coup. Il s’achète aussi un livre sur l’investissement car il veut comprendre le mécanisme boursier. Après quoi, il puise toutes ses économies qui se montent à Rs 15 000 et investit dans des valeurs auprès de la Bourse illimité de Maurice. Investissements qui lui rapportent Rs 75 000.
Argent qui servira pour ses études supérieures par la suite. Conscient de la misère à Ste- Croix, il fait de l’accompagnement scolaire comme son père auprès des enfants de la région qui ont du mal à suivre le programme d’études.
Désiré nourrit de grands rêves pour son avenir. Il se voit d’abord pilote. Mais comme il ne peut se rendre en Australie, faute de moyens financiers, il pense au métier d’avocat. L’Université de Maurice auprès de qui il se tourne lui propose de suivre des cours en informatique. Lui n’en veut pas. Il est fasciné par le droit et la gestion, matières que sa soeur étudie auprès de l’UOM. Ses parents consentent alors à un énorme sacrifi ce pour qu’il parvienne à ses fins. Pour l’encourager à accepter, son père lui cite un extrait de l’Evangile. « Il m’a cité une parole de l’Evangile tirée de la bouche de Jean- Baptiste qui dit de Jésus : Celui qui viendra après moi sera plus grand que moi » . Inscrit auprès de l’université de Londres, Désiré part pour la Grande- Bretagne et suit des cours de droit auprès du Holborn College . Pour boucler ses fins de mois, il travaille en parallèle comme développeur Web. Lorsqu’il termine son LLB, il se demande s’il va faire ou pas son barreau. D’autant plus que tout n’est pas rose pour lui en Grande-Bretagne.
Un jour, il se fait cracher dessus dans le métro. Il ne cède pas à la provocation. « Il faut être suf- fi samment mûr pour ne pas y répondre. On se dit alors qu’on est là juste pour un temps et qu’une fois le diplôme obtenu, on rentre à la maison. On garde les yeux fixés sur cet objectif en se répétant que si l’on ne se bat pas pour quelque chose, on ne l’obtiendra jamais. Et puis, on sait aussi que des proches ont misé sur nous et qu’il faut être à la hauteur » . Désiré regagne le pays et un stage chez l’avocat Jean- Claude Bibi le convainc de faire son Bar . « Jean- Claude Bibi n’est pas qu’un avocat. Il est un militant qui se jette dans la lutte pour les travailleurs. Il m’a contaminé » .
Désiré repart pour un an et fait les cours auprès de la Northumbria University . Son père, et sa soeur cadette, qui étudie à Paris, de même que sa copine, assistent à sa remise de diplôme. Chez les Dian, on n’est pas très démonstratif au niveau sentiments. « Bien qu’il ne me l’ait pas dit, je sais que mon père est très fi er de moi. Sur la photo, on dirait que c’est lui qui est avocat! » Rentré au pays en août dernier, c’est chez l’avoué Jean- Marie Leclézio qui a d’excellents rapports professionnels avec l’avocat Jean- Claude Bibi, que Désiré a choisi de faire son « pupillage » . « Ce que j’aime chez Jean- Marie Leclézio, c’est son éthique et ses principes. D’ailleurs, le premier jour, il m’a dit que c’est ce que j’apprendrais chez lui, car le droit, je le maîtrise déjà » . Bien qu’il y ait d’autres métiers sur sa liste qu’il tient à conserver secrète, Désiré entend exercer comme avocat dès qu’il prêtera serment car « c’est un métier où je peux défendre beaucoup de personnes, en particulier les travailleurs. » Mais ce n’est pas tout.
Conscient qu’il a un devoir envers la société, il veut s’engager dans l’éducation des enfants peu gâtés par la vie. « Je me souviens que lorsque j’aidais dans la pâtisserie paternelle, des enfants venaient demander un peu de poussières de gâteaux. Je suis bouleversé par le taux d’échecs en fin de cycle primaire dans la région de Ste- Croix. Je me donne 20 ans. E si Bondie beni, enn zour mo pou ouver enn lekol pou bann zenfan ki pena moyens » . Voilà un jeune homme qui n’a pas fini de faire parler de lui…
 
 
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