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Meetings du 1er mai : quand les leaders politiques oublient les révélations promises

2 mai 2012, 00:00

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Meetings du 1er mai : quand les leaders politiques oublient les révélations promises

Avant le 1er mai les promesses de révélations faites tant par l’alliance gouvernementale que celle de l’opposition étaient fort alléchantes. Toutefois, il n’y a eu aucune révélation, ni à Vacoas, ni à Port-Louis.

Au moment où sir Anerood Jugnauth (SAJ), ancien président de la République, prend la parole au meeting de l’alliance MSM/MMM devant la mairie de Port-Louis le ler mai 2012, un membre du public, tout emballé, émet un commentaire significatif.

« C’est pour cela que nous sommes venus. Dites-nous tout ! » Il parle, bien entendu, des révélations que SAJ avait promis de faire sur ce qui est appelé l’affaire Roches-Noires.

En effet, il y a, depuis quelque temps, toute une polémique autour d’une éventuelle présence du Premier ministre dans son campement à Roches-Noires, quand un vol y a été perpétré.

Ce commentaire situe bien l’enjeu des rassemblements des deux principaux blocs politiques. Il s’articule autour de leurs capacités respectives à mobiliser leurs troupes. Et pour y parvenir, les dirigeants des deux alliances ont tout simplement dit à peu près ceci : « Venez à notre meeting, nous allons faire des révélations ».

Des révélations, il y en a eu très peu et elles n’ont été ni fracassantes ni percutantes. A Port-Louis SAJ a certes parlé de l’affaire Roches-Noires, mais il y a très peu de chose qui n’étaient pas déjà dans le domaine public.

Le seul élément nouveau qu’il a apporté au débat, c’est qu’il a tiré ses propres conclusions autour du décès d’un prévenu dans une cellule au poste de police de Rivière-du-Rempart. Il a fait une très grave allégation dont la seule évocation risque de valoir à son auteur des poursuites judiciaires.

Mais SAJ n’en avait cure. Il s’était fixé une mission : démolir l’image de chef de gouvernement de Navin Ramgoolam. L’ancien président de la République est venu au meeting pour démontrer que le comportement personnel du Premier ministre et sa performance à la tête du gouvernement ne permettent pas qu’on lui confie les rênes du pays.

Paul Bérenger, non plus, n’a pas convaincu dans l’affaire de passeport. On s’attendait à une révélation fracassante mais on a appris que la Constitution est telle que jusqu’à preuve du contraire, rien n’empêche à un Mauricien détenant un passeport d’un pays faisant partie du Commonwealth de prétendre à la députation voire, après son élection, occuper le poste de Premier ministre.

Du coup, les thèmes traités par les autres orateurs sont passés au second plan. Mais la bonne foule enthousiaste sur une superficie plus étendue que d’habitude démontre que l’alliance MSM/MMM a réussi sa mobilisation.

Du côté de l’alliance gouvernementale, ce n’est pas mieux sur le plan contenu des discours. Le Premier ministre avait lui-même annoncé la présence d’un « invité spécial » à Vacoas. Il avait précisé que l’invité ferait des révélations sur l’identité « du parrain et de la marraine » du rachat par l’Etat de la clinique MedPoint au prix surévalué de Rs 144,7 millions.

Toutefois, lorsque le président du PTr présente Ashock Jugnauth, comme l’invité spécial la foule montre peu d’enthousiasme. Qui plus est, l’intervention du leader de l’Union nationale (UN) prend à contre-pied la stratégie rouge et bleue qui cible principalement Paul Bérenger et sir Anerood Jugnauth.

Ashock Jugnauth s’en prend, lui, uniquement à son neveu Pravind Jugnauth. Il va même jusqu’à décliner son respect pour Paul Bérenger et défend le bilan des gouvernements dirigés par sir Anerood Jugnauth était à la tête du gouvernement. Mais pas la moindre révélation sur la vente de la clinique MedPoint.

Certains partisans ne cachent pas leur déception. « Où est la surprise ? » demande un membre de l’assistance qui arbore fièrement l’emblème du PTr sur son T-shirt. « Je ne sais pas », lui répond son voisin.

Finalement, arrive un deuxième invité. Il est virtuel et audiovisuel celui-là. Comme l’avait prévu Paul Bérenger, une vidéo de lui a bien été projetée à Vacoas. C’est un montage de tout ce que le leader de l’opposition a dit sur l’ancien président de la République et les membres de la famille Jugnauth. Il s’agissait d’un long extrait de son intervention lors d’un meeting du MMM à La Louise, le dimanche 13 février 2011.

Le leader de l’opposition avait effectivement affirmé, à l’époque, que l’affaire MedPoint concernait la famille Jugnauth. L’extrait prend fin avec un Paul Bérenger vociférant que « le pays n’appartient pas à la famille Jugnauth ». La vidéo a été projetée juste avant l’intervention de Navin Ramgoolam.

Le leader du PTr n’est pas revenu longuement sur cette affaire MedPoint. Il s’est contenté de poser quelques questions. Il n’a pas, non plus, révélé le nom « du parrain et de la marraine de MedPoint » comme il l’avait promis.

Toutefois, il devait y faire une brève allusion en parlant de « Lady la marraine ». Avant de faire des allégations à l’effet que sir Anerood Jugnauth connaissait la personne qui est intervenue auprès d’un officier du ministère des Terres et du Logement en vue d’accélérer la signature du contrat entre les anciens propriétaires de la clinique MedPoint et l’Etat. Rien de plus en ce qu’il s’agit des révélations promises.

Le discours du Premier ministre tirant en longueur, des partisans ont commencé a quitter les lieux avant la fin du meeting.
Finalement que ce soit à Vacoas ou à Port-Louis, ni l’alliance gouvernementale, ni celle de l’opposition n’ont tenu leurs promesses de révélations. Les partisans fortement mobilisés des deux camps sont restés sur leur faim en attendant le prochain rassemblement.

Lindsay Prosper et Jean-Yves Chavrimootoo