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Mrinal Sohoraye, raconte-moi Hiroshima
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Mrinal Sohoraye, raconte-moi Hiroshima
Parti pour une conférence internationale, ce chercheur a atterri à Hiroshima. Mrinal Sohoraye y a découvert les multiples facettes d’une nation, pourtant brisée par le bombardement de 1945, qui a su se relever et panser ses blessures.
J’avais des craintes. Un peu comme tout le monde, je m’apprêtais à effectuer une traversée du désert. Mais Hiroshima va bien audelà de cette image », expliqueMrinal Sohoraye, chercheurspécialisé dans le développementdurable et son aspectsociologique. Le bombardementatomique qui a frappéHiroshima, le 6 août 1945,a marqué ce pays pour longtemps.
Ce drame porte le poids de nombreuses vies volées : entre 96 000 et 166 000 morts, sans compter les retombées radioactives… Voilà qui n’incite pas vraiment au voyage… Mais Mrinal Sohoraye voulait relever le défi . Auteur de plusieurs articles dans des revues scientifiques locales et internationales, il est contacté par Common Ground, société spécialisée dans la publication de recherches dans le monde, en décembre dernier. « Chaqueannée, cette institution organiseune conférence sur le développementdurable. J’ai été invité à y présenter un sujet de recherche », explique notre interlocuteur.
S’y attelant immédiatement avec deux collègues, Mrinal Sohoraye décortique les indices de mesure de l’impact du social sustainability. « Le butde ma recherche est d’analyser ledegré et l’intensité auxquels les entrepriseset ONG parviennent àêtre durables socialement », souligne le chercheur. Après soumission et approbation par le comité organisateur, Mrinal Sohoraye découvre le lieu de l’événement. Au centre de conférences… à Hiroshima !
« Cela m’a fait tiquer. Dans ma tête, c’était une image de destruction totale, de chaos, une terre rendue aride, une salle de conférences plantée dans ce décor », avouet-il. Il n’y renonce pas pourautant. « Je me suis dit que je devrais y aller, parce que c’était un challenge mais aussi pour découvrir cette ville de mes propresyeux. »
C’est ainsi que fin janvier de cette année, Mrinal Sohoraye embarque pour cette destination. Il s’envole d’abord pour la Malaisie, puis pour Tokyo où il prend place à bord du TGV pour Hiroshima. Des images de désolation le hantent… Et 20 heures plus tard, il n’en revient pas. « J’ai découvert uneville dotée de grandes infrastructuresdes plus sophistiquées, avecdes gares routières, des centrescommerciaux et bien d’autres édifices. » De plus, cette ville qui grouille de monde (1,18 million de personnes) est loin d’être inanimée. Au contraire, Hiroshima a su renaître de ses cendres.
UNE PAGE EST TOURNÉE
Cependant, le cachet historique demeure, fort des monuments nationaux créés pour immortaliser le passé qui jouxtent le fameux centre de conférences. « L’Atomic DomeMemorial Park comprend unmonument sur le site du bombardement.Il est jumelé à unmusée qui a su recréer ces événementstragiques », souligne notre interlocuteur. Par exemple, plusieurs objets comme une montre qui s’est arrêtée à 8h15, au matin des bombardements, des bicyclettes, des tuiles de maison en métal et des rochers qui ont fondu, des vêtements des victimes, des ustensiles de cuisine y sont exposés. Des photos ainsi que des témoignages audio et vidéo illustrant le drame sont aussi affichés. Certaines scènes ont également été reconstituées.
Le Fuel Hall, bâtiment partiellement détruit, a ainsi été conservé pour se remémorer cette tragédie. Après la chute, vient la reconstruction. Cela a donné un nouveau souffle à Hiroshima. Le site du bombardement a, en effet, été complètement réaménagé. « Pour rassurer seshabitants et les visiteurs, des tests pour mesurer la radioactivité sont effectués de manière continue.» Pour Mrinal Sohoraye,« les habitants ont tourné la page. Ils n’ont plus peur. La psychose s’est dissipée. Le peuple japonais est désormais tourné vers l’avenir». Le futur se destine davantageau tourisme. La ville mised’autant plus sur les habitantspour s’ouvrir au monde et briserl’image destructrice. D’ailleurs,à Hiroshima, l’accent estégalement mis sur la paix. Le Children’s Park, par exemple, affiche des dessins incitant à la paix, imprimés en grand format. « C’est un pays merveilleuxque j’ai eu la chance de découvrir.»
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