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Médecins du monde dénonce un "krach sanitaire" en France
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Médecins du monde dénonce un "krach sanitaire" en France
Médecins du Monde (MDM) a dénoncé le jeudi 13 octobre un "krach sanitaire" lié à la recrudescence de la pauvreté en France et appelé les candidats à l''''élection présidentielle de 2012 à prendre position sur cette question.
Fustigeant des conditions de vie dégradées et une politique gouvernementale "plus sécuritaire que sociale", MDM fait état d''un nombre croissant de patients se soignant trop tardivement pour des pathologies souvent graves, et du retour des "endémies de la misère" comme la rougeole et la tuberculose.
"Il y a bien, me semble-t-il, un réel décrochage, décrochage que nous qualifions, que je qualifie de krach sanitaire", a dit à la presse Olivier Bernard, président de l''organisation.
Pour Médecins du Monde, cette situation est liée à la crise économique mais aussi à un système de santé "qui ne protège plus les plus fragiles", à une "crise de l''hébergement d''urgence", et à la politique migratoire du gouvernement, qualifiée de "délibérément violente".
Entre 2008 et 2010, le nombre de consultations médicales a grimpé de 10% dans les centres de MDM, avec 24% des patients qui accusent un retard de soins et 45% d''entre eux qui auraient besoin d''un suivi d''au moins six mois pour des pathologies comme le diabète ou l''hypertension artérielle, précise l''organisation dans son rapport annuel sur l''état de santé des plus démunis.
MDM s''alarme de la réapparition de "populations (qu''elle) ne voyait plus", notamment les femmes enceintes, dont 8% vivent dans la rue. L''organisation s''alarme aussi de la dégradation des conditions de vie et d''accès aux soins de ses patients, dont 23% seulement ont un logement stable, et 12% sont des mineurs.
"La plupart des patients que nous voyons vivent dans une logique de survie" a déclaré Jean-François Corty, directeur des missions France de MDM.
RETOUR DES ÉPIDÉMIES
"Dans ces conditions de données médico-sociales (...) particulièrement alarmantes, il ne faut pas s''étonner du retour des épidémies d''une autre époque", a-t-il ajouté.
Parmi ces "endémies de la misère", la rougeole, avec plus de 20.000 cas déclarés en France entre 2008 et 2011, et la tuberculose, "maladie de la pauvreté".
Avec 30,3 cas pour 100 000 habitants en 2009 contre 8,2 sur toute la France, la Seine-Saint-Denis est le département qui enregistre les plus forts taux de tuberculose.
"La situation est catastrophique en Seine-Saint-Denis, par l''incidence de la tuberculose elle-même(...) et puis la précarité qui va (avec), avec des gens qui ne sont pas pris en charge, des ruptures de traitement, des difficultés d''accès et aux dépistages, et aux traitements quand le dépistage a été correctement fait", a dit à Reuters Jeanine Rochefort, responsable du centre de soins de MDM dans le département.
MDM déplore particulièrement l''accès "difficile" à l''aide médicale d''Etat, qui comprend désormais un "droit d''entrée" de 30 euros, la "remise en question" du droit de séjour aux étrangers malades, et les "expulsions répétées des lieux de vie sans proposition de relogement", un état de fait qui, déplore l''organisation, rend difficile son travail, et notamment ses campagnes de vaccination.
L''association interpelle les candidats à l''élection présidentielle, s''étonnant que la question de l''accès à la santé "émerge peu" dans le débat politique.
"Je pense que ce débat fait peur", conclut Olivier Bernard.
 
 
Par Yves Clarisse (Reuters)
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