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Nad Sivaramen raconte l’ambiance précédant l’investiture d’Obama
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Nad Sivaramen raconte l’ambiance précédant l’investiture d’Obama
Notre collègue Nad Sivaramen qui réside et travaille à Washington fait le récit des moments précédant l’investiture de Barack Obama. Il livre aussi ses réflexions sur ce phénomène médiatique et les questions qui restent sans réponse. 
Il est 0753, ce 20 janvier 2009, ici dans le Maryland. Il fait un froid glacial, et un manteau blanc recouvre les routes. Je me prépare à aller tâter l''''histoire du bout des doigts. Faire tout ce chemin depuis Maurice pour être au milieu d''une foule de personnes – qui auront toutes les larmes aux yeux, c''est un souvenir impérissable qu''on a envie de vivre autrement que devant un écran de télévision, dans le froid, dans la neige, peu importe! Me voici donc parti dans mon elan...
 
Hier tous les hommages ont parle du rôle de Martin Luther King dans l''histoire d''Obama qui s''écrit sous nos yeux. « MLK has paved the way! He has seen the mountain top. » Mais seul le talent d''Obama lui a permis de se hisser, comme un grand, sur les épaules de MLK. Beaucoup d''histoire et d''émotion entremêlées. Et maintenant le poids de l’Histoire sur ses épaules, lui fils d’Africain et d’Américaine.
Donc, je me prépare à aller prendre le métro pour me frayer une petite place dans le Mall, cet espace qui respire l''histoire et ses événements a chaque recoin. Bien évidemment l''imposant Lincoln, sur sa chaise, domine la place. On parle beaucoup de Lincoln aussi, celui qui a permis l''émancipation des noirs, mais Lincoln était aussi un fin tacticien politique, qui avait compris, dos au mur, que la révolte des noirs, au plus fort de l’émancipation contre l’esclavage, risquait de mettre tout le pays a genoux, a feu et a sang...Il a alors agi dans l''intérêt du pays, pas forcement dans l''intérêt des noirs, mais dans l’intérêt économique du pays, contrôle par des blancs...C’est ça l’Histoire.
Dans le monde entier, on voit que c''est davantage que la fête d’élection d’un président noir, c’était donc surtout la fête des médias qui d’ailleurs partout en Occident n’en finissaient plus de s’esclaffer d’être au cœur de ce moment historico-médiatique, d’être les passeurs ou les preux délivreurs d’un message néo-divin appuyé par une musique pompière à la Hans Zimmer et un plan faussement improvisé sur le révérend Jesse Jackson en pleurs.
Même les réseaux aux couleurs républicaines tel que Fox ne voulaient pas échapper à la fête (post)historique. On y recueillit des commentaires d’électeurs républicains tels que « Bien sûr je suis déçu que mon candidat ait perdu les élections, mais en même temps je trouve ça très cool qu’un noir soit élu président ».
Le coolness, donc, comme finalité rassasiante. Et la nécessité, toujours plus dévorante, d’adhérer aux obsessions schizophréniques (qu’on voudrait faire passer pour des valeurs inébranlables) qui scintillent dans le firmament médiatique et que l’on nomme antiracisme ou féminisme.
Plus même que d’y adhérer réellement, pour les « bonnes » raisons, il s’agit surtout de les exacerber hystériquement afin de n’être jamais suspecté d’en être les ennemis ou les potentiels contradicteurs.
À ma connaissance, aucune émission d’ « affaires publiques », aucun journal sérieux n’a ouvert la moindre petite fenêtre, aucun journaliste, chroniqueur ou expert rejoignant un public large pour poser la question « Mais où donc est passé le politique ? Où donc est passé le réel ? ».
Ce qu’il fallait plutôt répéter sur tous les toits était cette bonne nouvelle déjà née lors de l’élection interne du parti démocrate : nous serons assurés d’avoir un noir ou une femme comme prétendant à la présidence. Bonne nouvelle qui fut bien entendu relayée immédiatement après coup : nous serons assurés d’avoir un président noir ou une femme comme vice-présidente. Leurs idées ? Leurs politiques ? Autant dire un minuscule amas d’allumettes mouillées dérivant au milieu de l’océan médiatique.
 
Sécurité à Washington
Quelques heures avant l''investiture du 44e président des Etats-Unis, deja des centains de milliers de fans sont sur place.  Près de deux millions de personnes étaient attendues sur le Mall – un record pour une ville de six cent mille habitants. Le record d''affluence jusqu''ici remonte à 1965, pour l''investiture de Lyndon B. Johnson, avec un million deux cent mille spectateurs.
Il se peut que les signaux des portables soient brouillés par mesure de sécurité.
La police a, comme prévu, commencé à 15 heures, heure locale, à bloquer plusieurs artères proches de la « White House ». Des kilomètres de barrières antiémeutes s''étendaient le long du périmètre de sécurité qui sera traversé mardi par le traditionnel défilé d''investiture entre le Capitole, siège du Parlement, et la Maison Blanche. Les admirateurs du futur président seront fouillés avant de franchir les portiques d''accès au périmètre. Certains objets sont interdits : sacs à dos, parapluies, pancartes, vélos, glacières... ainsi que les animaux domestiques.
12 500 militaires
Washington est pratiquement coupé du sud du pays, avec la fermeture des ponts traversant le Potomac. Seuls les piétons seront autorisés à traverser le fleuve. Jamais une telle mesure n''avait été prise pour une investiture présidentielle, mais A NOTER QUE celle d''Obama est la première depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Plus 12 500 militaires et des milliers de policiers sont mobilisés. L''armée survolera la ville, sillonnera le Potomac, se tiendra prête à tirer des missiles sol-air.
Et en parlant d''Histoire, les communautes noires ici se preparent comme les Sud-Africains accueillaient Nelson Mandela comme leur premier president post-apartheid en 1994...C''est emouvant.
 
 
 
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