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Navin Ramgoolam, Premier ministre : « Mon souhait, c’est que Medpoint II se fasse ! »

19 mars 2012, 12:08

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Cartes sur table. Le Premier ministre annonce clairement la couleur pour la suite de son mandat, avant le discours programme du 16 avril. L’économie et la réforme électorale seront ses priorités jusqu’aux prochaines élections, qu’il compte bien remporter sans l’aide ni du MMM, ni du MSM.

Pourquoi avez- vous décidé de proroger l’Assemblée nationale ?

D’abord, la configuration du gouvernement a changé avec le départ du MSM. Ensuite, des difficultés économiques pointent à l’horizon. Inévitablement, elles nous affecteront.

Il nous faut donc un nouveau programme qui tienne compte des défis économiques qui nous attendent. Troisièmement, nous tournons en rond sur la question de la réforme électorale. Je veux présenter un projet de loi sur la réforme au Parlement, même si je sais que je n’ai pas la majorité à ce sujet.

Je donnerai l’occasion à tous les élus de l’Assemblée et à tous les partis de s’exprimer librement sur la question. Plus globalement, et cela ne va pas plaire à l’opposition, nous travaillons sur un programme de 10 ans. C’est sur les trois premières années de cette période que nous planchons. Je veux créer une nouvelle dynamique autour de l’équipe soudée dont je dispose actuellement.

Pourquoi maintenant ?

J’ai été tenté de le faire juste après le départ du MSM du gouvernement ( en août 2011 , ndlr). Mais le timing n’était pas bon. Le budget 2012 devait être présenté peu de temps après, ce qui allait compliquer les choses. Les vacances parlementaires et mes déplacements à l’étranger, notamment ma visite officielle en Inde, m’ont conduit à repousser la prorogation.

Il y a aussi une raison plus politique…

Le leader de l’opposition clame toutes les semaines que le gouvernement sera en minorité au Parlement. Tantôt il dit que ce sont deux, puis quatre, puis six députés frustrés du Parti travailliste qui vont changer de camp. Ceux qui ont été approchés par l’opposition sont venus me le dire. On leur fait miroiter toutes sortes d’offres. Des postes de ministre, de vice- Premier ministre. Paul Bérenger offre même le fauteuil de Premier ministre ! Il essaye de déstabiliser le gouvernement. Dans un contexte économique difficile, nous ne pouvons pas nous permettre de parler politique en permanence.
Notre priorité doit être le travail et l’économie. Gouverner dans la stabilité.

Ce ne sont pas les manigances et les complots qui vont aider le pays.
Bérenger prétend qu’il va déposer une motion de censure contre mon gouvernement selon son timing. Je vais, moi, lui donner l’occasion, s’il peut, de mettre le gouvernement en minorité ! Les parlementaires peuvent voter sur un programme gouvernemental comme celui que nous allons présenter.

Je demande à Paul Bérenger de mettre le gouvernement en minorité lors du vote du discours- programme. J’ai décidé de proroger l’Assemblée aussi pour indiquer que contrairement à ce que dit Bérenger, non seulement je ne panique pas, je lui lance plutôt un défi. On verra qui bluffe.

L’économie et la réforme électorale seront donc les deux principaux thèmes du discours- programme qui sera lu le 16 avril par le président de la République ?

Oui, ce sont les deux grandes priorités que je me fixe. Bien entendu, le discours- programme contient également d’autres aspects de l’action de mon gouvernement.

L’opposition maintient que vous cherchez à gagner du temps afin de consolider votre majorité pour ne pas être victime de défections. Pendant ce temps, d’autres observateurs, y compris dans votre propre camp, pensent que vous préparez un « coup » . Peut- être en vue des municipales. Qui a raison ?

Quand ils ne savent pas, ils spéculent ! Le fait que je n’ai pas dit aux ministres mon intention de proroger l’Assemblée les a peut- être un peu pris de court. Les municipales, je peux le confirmer, ne font pas partie de l’équation de la prorogation. Elles auront bien lieu. Entre- temps il y aura aussi le 1 er mai…

La semaine dernière, vous aviez donné l’impression que vous vous étiez expliqué avec sir Anerood Jugnauth. Or, mardi, vous avez brillé par votre absence lors de sa Garden Party . Le ministre Aimée a également refusé de se rendre à une convocation du président cette semaine. Y a- t- il une crise entre la présidence et le gouvernement ?

Mon absence à la Garden Party s’explique de manière très simple. J’avais fait savoir à l’avance à SAJ que j’aurais peut être un empêchement car le président des Seychelles regagnait son pays à 16h ce jour- là. Par déférence à son statut de chef d’Etat, j’ai attendu que son avion décolle pour partir de l’aéroport. Je suis rentré à Riverwalk une heure après. Mais sur le trajet du retour, je réfléchissais déjà à la prorogation.

J’ai pensé qu’il était mieux que je le fasse dès mardi. Je n’ai pas voulu m’entendre dire que j’ai pris peur en voyant les questions parlementaires déposées pour la séance de ce mardi et que j’ai prorogé le Parlement en réaction.

J’ai donc décidé de ne pas me rendre à la Garden Party mais d’aller directement à mon bureau afin de finaliser les procédures pour la prorogation. J’ai expliqué cela au président ce matin ( l’entretien a été réalisé jeudi après midi, ndlr).

Mais pourquoi aucun élu travailliste ne s’est rendu au château du Réduit ce jour- là ?

Il y a eu un flottement. Au moment où les travaillistes recevaient leurs cartons d’invitation, ils ne savaient pas encore si c’était Bérenger qui disait la vérité ou si c’était la version du président qui était la bonne.

Personne n’est dupe. Les députés travaillistes n’ont pas décidé ensemble et de leur propre chef de boycotter la présidence. Hervé Aimée n’a pas non plus refusé la convocation de SAJ en deux occasions sans votre aval…

Il n’y a pas eu de mot d’ordre. Chacun a décidé.

Il y avait un flou à un moment : le président allait- il descendre dans l’arène politique ou pas ? J’ai reçu des éclaircissements par la suite mais on n’a pas eu le temps de notifier à tous les députés qu’ils pouvaient se rendre à Réduit.

Revenons au ministre Aimée. Trouvez- vous acceptable qu’il fasse fi d’une convocation de SAJ deux fois d’affilée ?

Il a demandé un avis légal à ce sujet. Je pense qu’il a raison de dire qu’il doit obtenir l’assentiment du Conseil des ministres avant de répondre à l’invitation de la présidence.

Comment s’est passée votre rencontre avec le président ce jeudi ?

Très bien. Je lui ai rappelé que je lui avais dit que je pourrais ne pas être présent à la Garden Party et qu’il avait compris ma position.

SAJ n’a pas démenti vous avoir précisé qu’il n’est pas mêlé aux négociations autour d’un Medpoint II et il reste en poste. Les relations entre vous et SAJ se normalisent- elles ?

Je n’ai aucune raison de douter de la parole du président. A l’issue de notre rencontre de la semaine dernière, je lui ai laissé savoir que si des journalistes m’interrogeaient, je leur transmettrais la version des faits qu’il m’a lui- même donnée. Il a approuvé. C’est bien pour ca que je dis que Bérenger est allé vite en besogne. A vrai dire, c’est lui qui devrait, s’il connaissait les traditions démocratiques westminsteriennes, présenter ses excuses à la nation. Pour avoir entraîné le président sur le terrain politique.

La semaine dernière, vous avez évoqué une question de principe en demandant au président de clarifier sa position au sujet de l’accord Medpoint II. On peut toutefois vous faire remarquer qu’à la veille des élections générales de 2010, SAJ a critiqué sévèrement Paul Bérenger dans la presse. N’aviez- vous pas de problème d’éthique à ce moment- là ?

Le président et le Premier ministre ( PM) sont censés travailler ensemble selon la Constitution.

Autant que je sache, le président ne travaille pas en collaboration avec le chef de l’opposition. Par ailleurs, c’est le PM, élu par le peuple, à la suite des élections générales, qui propose au Parlement le nom de la personne qu’il souhaite nommer président. Si le Parlement refuse cette proposition, c’est toujours le PM qui effectue un second choix, pas le leader de l’opposition ! Il y a des choses que je partage avec le président qu’il ne partage pas à son tour avec le leader de l’opposition.

Je parle bien évidemment de partage d’information, pas de pouvoir !

Avez- vous poussé le partage d’information jusqu’à négocier l’alliance entre le Parti travailliste et le MSM avec le président ? Showkutally Soodhun dit que c’est ce qu’il s’est passé…

Soodhun fait une erreur quand il dit cela. Il entraine le président dans l’arène politique.

C’est vrai qu’on négociait avec le MSM dont le leader est le fi ls de SAJ. Le président était donc au courant des négociations. Mais on n’a pas négocié avec lui. Bérenger à l’époque disait que SAJ se comportait en politicien, qu’il utilisait la State House pour des besoins politiques.

Le fait- il toujours ?

J’espère que non…

Le précédent épisode de tension qui vous a opposé à SAJ après les élections de 2005 a fi ni par se décanter. Vous vous êtes même rapprochés. Va- t- on vers un remake de l’entente Ramgoolam- SAJ ?

Pour le moment, je n’ai pas de raisons de croire que le président me ment. Pour le moment, tout est OK.

Vous insistez sur le « pour le moment » …

Oui . Je ne peux imaginer que le président bluffe.

 Beaucoup de personnes s’interrogent sur votre relation avec le MSM. Si Pravind Jugnauth et Maya Hanoomanjee sont blanchis dans l’affaire Medpoint, serez- vous disposé à retravailler avec le MSM ?

Difficile à imaginer à cause de l’attitude qu’ils ont eue après leur départ du gouvernement.

Au moment de l’enquête de l’ICAC, j’ai discuté avec Pravind Jugnauth en lui faisant comprendre que Maya Hanoomanjee allait devoir démissionner si elle était interrogée par l’ICAC. Pourquoi ont- ils refusé de le faire pendant un moment pour ensuite démissionner en bloc ? Je n’ai qu’une explication : ils voulaient que je fasse interrompre l’enquête de l’ICAC.

Vous avez fait une croix sur le MSM ?

J’avais fait savoir à Pravind Jugnauth, au moment où je nommais les ministres en remplacement des démissionnaires MSM, que je n’avais aucun problème à ce qu’ils réintègrent le gouvernement si leur innocence était établie.

Je lui ai précisé toutefois que je ne voulais pas reprendre Soodhun. Parce qu’il a fait des choses inacceptables. Il a menti. Je suppose que c’est aussi cela qui a amené le MSM à prendre la porte de sortie.

Avec le recul, regrettez- vous le nombre de tickets et de ministères accordés au MSM ?

A l’époque je parlais d’alliance avec Bérenger également. Nous ne nous sommes pas entendus. Immédiatement après, Bérenger est allé proposer 30 tickets et le poste de Premier ministre au MSM dans le cadre d’une alliance.
J’ai alors pensé qu’il était meilleur d’avoir l’allié que je n’avais pas. Le MMM offrait 30 tickets, moi je pouvais en proposer 17… So what ?

Le mystère du jackpot des tickets MSM est donc expliqué !

J’ai pensé qu’il était préférable d’avoir une grande alliance. Les tickets étaient une contrepartie correcte. En rejoignant mon équipe, Pravind Jugnauth ne devenait ni PM ni Deputy Prime minister , ni le• ° 3 du gouvernement, des positions qu’il avait demandées ! Il était en effet hors de question de bouger Rashid Beebeejaun, ou Xavier Duval.
Sithanen était négociable…

Ils étaient dead against lui. Ils ne voulaient même pas qu’un ancien ministre des Finances très compétent comme Sithanen soit backbencher. J’ai dû faire un choix. J’ai choisi de contracter une alliance dans laquelle les choses étaient plus apaisées.

Début 2010, de votre propre aveu, vous avez koz koze d’alliance avec tout le monde. Songez- vous à étendre l’alliance qui vous lie en ce moment avec le PMSD à un autre parti, le MMM ?

Non ! L’Alliance PTr- PMSD est une alliance unie. Nous avons la même vision. C’est plus cohérent. De toute façon, le principe de faire une alliance sans passer par les élections n’est pas bon. En 1990, je n’étais pas d’accord que le MMM passe de l’opposition au gouvernement.

Ceux qui pensent que la prorogation n’est qu’une respiration pour vous permettre de sceller une alliance avec le MMM ont donc tort ?

Oui, ils ont tort. Ce n’est pas du tout le cas.

Mon souhait, c’est que l’accord Medpoint II se fasse !  Vous souhaitez donc que le président démissionne!

C’est à lui de voir. Ceux qui croient que je crains cette éventualité n’imaginent pas à quel point ils se trompent.

A un moment, on vous a imputé la volonté d’aller seul aux élections générales. Vous y pensez toujours ?

J’ai démontré que je peux gagner une élection avec le MMM, avec le MSM, et seul avec mon allié de toujours, le PMSD. Je pense que mon alliance avec le MSM m’a fait perdre des votes. C’est un boulet que j’ai traîné. Mon souhait, c’est d’aller aux élections avec le PMSD. Je n’irais pas avec le MMM et surtout pas avec le MSM.

L’impératif de gagner les élections ne va- t- il pas vous conduire à jouer safe et à refaire une alliance le moment venu ?

Non, j’ai gagné les élections seul avec le PMSD. Malgré tout ce qu’on publie dans la presse, Xavier Duval et moi travaillons très très bien ensemble. Nous sommes une équipe soudée.

Pour le pays, il est mieux qu’on se présente comme on est à l’électorat le moment venu.

Se présenter seul peut comporter des avantages si le système électoral change. Le rapport Carcassonne a été présenté puis enterré. D’intenses discussions ont eu lieu autour du rapport Sithanen. Depuis, tout est au point mort. Dans votre discours du 12 mars, vous avez toutefois fait part de votre volonté de relancer le processus, comment ?

Le rapport Sachs était déjà intéressant.

Avec le rapport Carcassonne, j’ai souhaité avoir un autre point de vue. Certaines de ses propositions sont bonnes. Ensuite, il y a eu le rapport Sithanen qui est très très bon. Malgré cela, j’ai consulté des experts à Londres. Ils ont attiré mon attention sur quelques aspects problématiques du rapport Sithanen.

Lesquels ?

Le système de « wasted votes » peut par exemple générer des déséquilibres dus à la trop grande différence de taille de certaines circonscriptions.
C’est peut- être quelque chose qu’on devrait revoir. Changer les délimitations poserait toute une série de problèmes. On peut toutefois envisager la possibilité de faire élire davantage de députés dans les plus grandes circonscriptions.

Quoi d’autre ?

Il y a la question du Best Loser System ( BLS). Ils m’ont expliqué qu’ils ne comprennent pas la logique de garder ce système.

« You cannot have a system of covert ethnicity », m’ont- ils affirmé. C’est pourquoi je ne comprends pas la position de Bérenger. Dans le passé, il disait dans la presse souhaiter l’abolition du BLS « dépassé » . Maintenant, il dit le contraire parce qu’il veut ménager la chèvre et le chou. Sur les grands principes, le MMM n’est plus ce qu’il prétendait être ! Tous les Mauriciens le constatent aujourdhui.

Officiellement, les dernières discussions autour de la réforme entre vous et le MMM ont buté sur la question de la déclaration de l’appartenance ethnique et le BLS. Est- ce que cet obstacle peut être surmonté ?

Chacun prendra ses responsabilités. On saura alors qui est le passéiste et qui est le moderniste. Je souhaite présenter le projet de réforme électorale devant le Parlement.

Il n’y aura donc pas de nouvelle phase de consultations avant le vote au Parlement ?

Les députés auront l’occasion de s’exprimer d’abord. Parce que Paul Bérenger a une position étrange. Il dit qu’il est d’accord pour changer le système. Mais affirme qu’on doit garder le BLS qui disparaîtra naturellement.

Remarquez il n’est pas à une contradiction près.

Sauf que s’il reste dans la Constitution, il ne disparaîtra jamais…

Tout à fait. C’est donc pour ça que j’ai fait une proposition à Bérenger. J’accepte de signer un accord. Stipulant qu’on pourra faire marche arrière et réinstaurer le BLS dans l’éventualité qu’une communauté ne soit pas représentée adéquatement à travers la nouvelle loi électorale. J’ai invité Bérenger à signer cet accord également.

Avez- vous évoqué avec Bérenger un éventuel rapprochement de vos deux partis lors des discussions autour de la réforme ?

Bérenger n’a pas semblé très content quand Sithanen a présenté son rapport. Il voulait discuter d’autre chose. De la II e République par exemple. J’étais d’accord pour qu’on en discute.

Mais il n’était pas question de discuter d’une II e République où l’on envoie le leader du Parti travailliste se reposer au Réduit ! J’ai un électorat derrière moi. J’ai une responsabilité envers lui.

Vous êtes en train de confirmer qu’avec Bérenger, vous étiez en train de trouver un arrangement institutionnel pour retravailler ensemble…

Non. Bérenger pense que je l’ai mené en bateau deux fois. Il a peur que cela se répète une troisième fois. J’entends qu’il puisse avoir cette frayeur, il veut donc trouver un système qui puisse nous permettre de changer les équilibres du pouvoir.

Quelle ironie. Vous vous êtes engagé en politique en 1990 pour prévenir ce type d’arrangement entre SAJ et Bérenger lors de l’accession du pays au statut de République…

J’avais parlé à SAJ à l’époque. Je lui avais fait remarquer qu’il était problématique de nommer un président à la majorité simple du Parlement tout en ne pouvant le démettre qu’avec une majorité des deux tiers. SAJ ne pensait pas qu’un président pouvait ne pas l’écouter. Pourtant c’est arrivé avec Cassam Uteem comme président.

Cette question a été évoquée avec Guy Carcassonne mais il n’a pas souhaité examiner la question, car selon lui, il ne peut y avoir deux pôles de pouvoir dans un pays.

Votre façon de diriger est qualifiée de présidentielle. Vous voyez- vous assumer le rôle de président de la République… mais avec des réels pouvoirs ?

A Maurice, le parti majoritaire à l’issue d’une élection constitue le gouvernement et son leader devient le Premier ministre. Mais celui ci est l’élu d’une circonscription et subit toutes sortes de pressions. Tous les leaders ne peuvent y résister. Je pense qu’il serait bon d’avoir un président de la République élu au suffrage universel pour unifier le pays derrière lui. Certaines personnes, notamment au MMM, pensent que cela peut contenir des germes de la division, car cela pousserait chaque communauté à vouloir présenter son candidat. Donc il y a divergences de vues.

Vous vous voyez être le premier président élu au suffrage universel du pays ?

Je ne vois pas cela arriver car le MMM n’est pas d’accord. Tant mieux, je suis bien comme Premier ministre. Et comme vous le dites, je suis déjà assez présidentiel !

Vous faites une croix sur une entente possible entre Paul Bérenger et vous pour mettre en oeuvre un tel changement institutionnel ?

Je l’ai souhaité. Mais Bérenger n’est pas d’accord. Je lis un livre en ce moment, un livre de conversations d’Edouard Balladur avec François Mittérrand, dont le titre est Le pouvoir ne se partage pas .

Cela résume ce que beaucoup de personnes pensent être votre manière de fonctionner…

Peut- être…

Parlons de vos relations avec Bérenger. Quelles sont- elles ?

On a une relation de respect mutuel. Une relation d’amour/ haine. Il y a des choses sur lesquelles on ne s’entend pas. Il a dit qu’il est difficile pour lui et moi de travailler au sein d’un même gouvernement parce qu’on a tous les deux une forte personnalité.

Vous avez déjà expliqué que c’est suite à des torts partagés que le gouvernement PTr/ MMM élu en décembre 1995 a éclaté. Ne souhaitez- vous pas vous redonner une deuxième chance ?

Mon seul problème avec Bérenger, c’est qu’il cherche à tirer un capital politique de tout. Je lui ai expliqué qu’on ne peut pas faire des changements constitutionnels dans le cadre d’un arrangement entre lui et moi.

Parlons d’une autre relation très spéciale. Celle que vous entretenez avec la presse…

La presse essaye de faire son travail. J’accepte cela. Je ne crains pas la critique. Vous le savez : il m’est arrivé d’appeler un rédacteur en chef après un éditorial critique. Je ne l’ai pas fait qu’une fois. Ce qui m’irrite, c’est quand on fabrique l’information. Récemment, on a rapporté que j’ai convoqué Hervé Aimée pour le rabrouer.

C’est faux ! Il n’est même pas venu dans mon bureau. Il était au Prime Minister’s Office pour y rencontrer d’autres personnes. Je lis également que mes relations avec le PMSD ne sont pas bonnes et que des demandes exorbitantes sont en train d’être faites. C’est complètement faux !

Robertson sera présent à Maurice la semaine prochaine. C’est à ce juriste britannique que vous avez confi é la mission d’étudier nos lois sur la presse et de proposer des changements en vue de votre Media Commission Bill . Où en êtes vous avec ce projet ?

J’ai choisi Robertson parce qu’il est connu pour être un grand défenseur des médias. Je crois qu’il faut revoir nos lois, par exemple, personnellement je pense qu’on ne doit pas arrêter les journalistes pour des raisons mineures.

Je pense que cela doit cesser et cet aspect de notre droit doit être modernisé.

Robertson m’a soumis un premier rapport dont nous avons discuté. Des modifications y ont été apportées suite à d’autres discussions à Londres.

Récemment, il a attiré mon attention sur le fait que les cas de « Phone hacking » par certains journaux en Angleterre pourraient se produire à Maurice et qu’il convient d’adapter nos lois en conséquence. Je profiterai de sa présence pour finaliser les choses. Par ailleurs, il faut également remettre sur pied le Media Trust pour qu’il reprenne ses activités de formation. Car on le sait, il y a journaliste et journaliste…

Le très « media friendly » Robertson, a- t- il fi ni par vous convaincre que le boycott publicitaire de certains titres et les insultes envers les journalistes ne sont pas une méthode fi able pour répondre aux critiques de la presse ?

Posez- vous la question : pourquoi quelqu’un qui veut nuire la presse choisirait- il de faire venir un avocat réputé pour être un des plus grands défenseurs de la presse ?