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Nicolas Maigrot : « Trop de centres commerciaux risquent de ne pas être durables »
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Nicolas Maigrot : « Trop de centres commerciaux risquent de ne pas être durables »
Le Chief Executive Officer du Groupe Ireland Blyth Limited se flatte d’avoir parié sur la proximité avec les consommateurs grâce à al chaîne Winner’s.
? Que prévoyez-vous pour 2012 pour les opérations d’IBL avec la conjoncture internationale ?
D’abord et avant tout, nous voyons, dans la crise, une motivation supplémentaire pour faire le bilan de notre passé et poser les jalons de notre futur. Pour cela, comme nous l’avons déjà signifié, le mot d’ordre chez nous est maintenant Think Different. Nous voyons dans l’innovation et la technologie notre avenir pour assurer notre croissance, que ce soit à Maurice ou ailleurs. Nous voulons nous différencier, faire évoluer des produits de commodité en produits à valeur ajoutée, arriver sur les marchés locaux, régionaux et internationaux avec une offre qui apporte quelque chose de nouveau, tout en bien cernant les besoins des marchés respectifs. Nous avons décidé de voir plus loin que nos frontières. Les études sur quelques projets sont à un stade avancé. IBL revoit aussi sa manière de communiquer en procédant à un exercice complet de re-branding. Le tout sera dévoilé en septembre et soulignera aussi nos 40 ans d’existence.
? Comment voyez-vous le secteur du commerce en général à Maurice cette année ?
Le manque de visibilité sur les prévisions économiques rend difficiles des pronostics sur cette question. La reprise du commerce ira de pair avec la reprise économique en général. Cela dit, il nous semble évident que trop de centres commerciaux, notamment trop concentrés dans une seule région, risquent fort de ne pas être durables dans le temps. Il est vrai que le consommateur, lui, en sort gagnant mais qu’en sera-t-il pour les acteurs dans ce secteur d’activités ? En ce qui concerne IBL, nous avons parié sur la proximité avec nos supermarchés Winner’s et avons ainsi permis de démocratiser l’accès aux produits dans tout le pays. Les Mauriciens l’apprécient.
? La crise en Europe a dû avoir un impact sur vos principales opérations, notamment «Seafood» et commerce, l’année dernière ?
IBL est présent dans six secteurs d’activités : commerce, Engineering, services financiers, Logistics, Aviation & Shipping, Retail, Seafood & Marine. Avec la crise en Europe qui est notre premier marché d’exportation, l’économie mauricienne connaît des difficultés. Cependant, certaines de nos activités sont plus affectées que d’autres par la crise.
? Par exemple ?
Par exemple, celles de l’Engineering, qui subit la baisse de grands projets de construction. Du côté du Seafood & Marine, c’est davantage l’euro qui a pesé négativement dans la balance puisque ce secteur est principalement tourné vers l’exportation en Europe. La demande n’a pas connu de baisse pour autant. Pour les autres activités comme le commerce et le Retail, nous constatons une certaine stabilité de la demande. C’est la force d’être d’un grand groupe diversifié. Quand un secteur connaît un ralentissement, les autres permettent de compenser. D’ailleurs, comme la dernière publication de nos résultats le démontre, notre chiffre d’affaires continue à croître.
? Dans quelle mesure «Winner’s», par exemple, a été affecté par la nouvelle concurrence ?
Nous ne négligeons pas la venue de nouveaux concurrents sur le marché et il est vrai que l’effet d’ouverture de ces grands centres se fait sentir pendant un certain temps. Cela dit, la stratégie spécifique de Winner’s qui est d’avoir des supermarchés de proximité avec un bon standard de qualité de service à la clientèle nous permet de rester la chaîne de supermarchés préférée des Mauriciens et le leader dans le domaine. Nous sommes à l’écoute de nos clients et de leurs besoins. Nous avons aussi beaucoup mis l’accent sur les services à valeur ajoutée dans nos supermarchés comme la découpe de poulet frais, les boulangeries sur place et les coins repas Gourmand’Ile.
? Y a-t-il un «level playing field» dans le commerce ou alors y a-t-il certains opérateurs qui font du «dumping » de certains produits alimentaires ?
Dans l’ensemble, il y a un level playing fi eld. On doit davantage parler de vente à perte plutôt que de dumping. La loi permet ce genre de pratique commerciale qui bénéficie au consommateur. Mais, la force d’IBL, en tant que groupe mauricien, est que nous comprenions bien les réalités locales et donc, nous arrivons à nous différencier des autres compétiteurs.
? Quels sont les secteurs qui seront privilégiés pour les investissements dans les deux à trois années à venir ?
Nous voulons amener IBL à offrir des produits et services à valeur ajoutée en se basant entre autres sur l’innovation et les nouvelles technologies. Pour les nouveaux pôles d’investissement, précisons qu’IBL le fera en ligne avec les secteurs d’activités dans lesquels nous sommes déjà présents, tout en privilégiant les synergies possibles entre ces secteurs. Nous avons récemment investi dans IBL Biotechnology qui apporte, au pays et à notre groupe, une dimension pleine d’avenir, celle de la Recherche et du Développement dans le domaine de la biotechnologie. IBL Biotechnology a pour principale fonction la valorisation des produits agroalimentaires incluant ceux d’origine marine.
? Quels sont les derniers développements au niveau d’«IBL Biotechnology» ?
Avec cette expertise, nous sommes en mesure de vendre des usines clé en main dans le monde et transformer des produits de base en produits à valeur ajoutée. Prenons par exemple, les déchets de poisson que nous traitons grâce à une technologie unique et qui aujourd’hui se positionnent comme nourriture animale écologique. Nous voulons en faire aussi de l’huile Oméga 3 de grande qualité pour l’industrie pharmaceutique. Prenons encore le cas du Chantier naval de l’océan Indien, où nous avons pris la majorité à 60 % l’an dernier, qui vient tout juste de finir un projet exceptionnel, celui d’agrandir de 8 mètres un bateau de pêche australien. Ou celui des boulangeries dans nos supermarchés Winner’s dont celle de Coromandel alimentée en électricité par des panneaux photovoltaïques. Ou encore, de notre savoir-faire au niveau des grands chantiers que nous exportons à Dubayy notamment avec notre filiale Manser Saxon. Et celui de Logidis, où nous avons bâti un entrepôt dont la force réside entre autres dans son système informatique très performant. Ce sont des exemples parmi tant d’autres où nous avons apporté à nos clients un produit ou un service unique.
? Et où en est le projet de joint-venture avec des Japonais dans le secteur du «Seafood» ?
Les Japonais ont déserté Maurice au profit de l’Afrique du Sud, il y a quelques années. Les ramener ici est un projet de longue haleine qui nécessite l’implication de tous, le secteur privé autant que le secteur public. Nous prévoyons de faire un voyage au Japon avec la Mauritius Ports Authority en juillet pour présenter une stratégie adaptée aux besoins des Nippons. C’est du domaine du possible, mais il faut que tous les acteurs du Seafood mauricien se serrent les coudes.
? L’investissement en Afrique vous tente-t-il ?
L’Afrique est effectivement un continent qui offre de nouvelles opportunités fort intéressantes. Maurice représente une plateforme idéale rien que par sa situation géographique entre l’Asie et l’Afrique. De plus, le marché local étant de plus en plus étriqué avec une compétition de plus en plus accrue, voir au-delà de nos frontières est primordial pour notre croissance. En tant que groupe mauricien, IBL, avec son sens de l’entrepreneuriat, souhaite participer à cette nouvelle ère de développement économique de notre pays et compte explorer ce continent. Cela dit, l’Afrique n’est pas un seul pays, mais une multitude de réalités dans un seul continent. Il faut prendre le temps de bien cerner ce qui est à faire, quelles sont les expertises que nous pouvons exporter et qui apporteraient un plus à ces marchés, et surtout avoir les bons partenaires. IBL a en ligne de mire l’Afrique certes, mais nous procédons par étape, lentement mais sûrement.
? Et qu’est-ce que l’ouverture de votre bureau en Inde a donné jusqu’ici ?
Effectivement, nous avons ouvert des bureaux en Inde et nous prévoyons de le faire au courant des prochains mois en Chine. Nous commençons peu à peu à en récolter les fruits.
Propos recueillis par Alain BARBÉ
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