Comment voyez-vous la situation politique à Rodrigues, une semaine après la démission des élus de l’Organisation du peuple de Rodrigues (OPR) de l’Assemblée régionale?

C’est une démission de trop. Rodrigues vit une “overdose” d’élections depuis neuf ans. Et quatre de ces élections ont été provoquées par Serge Clair. Le peuple rodriguais aspire à plus de stabilité. Au MR, nous avons toujours respecté le voeu de l’électorat.

Quand nous étions dans l’opposition, nous avons eu la patience d’attendre. Nous n’avons jamais fait pression pour démissionner en bloc pour provoquer une élection. Il faut noter que c’est la deuxième fois que l’OPR a recours à ce même scénario.

Démissionner est devenu un jeu pour ce parti. Il ne faut pas oublier que Serge Clair n’a pas pu tenir sa majorité en 2006.

Le MR aussi n’a pas pu tenir sa majorité .Le parti a eu recours à un «transfuge» pour continuer à gouverner.

Transfuge ou pas, nous réussissons à maintenir un gouvernement alors que l’OPR n’avait pas réussi. Serge Clair n’a pas pu tenir un gouvernement et n’a pas pu maintenir l’unité de son parti sur les bancs de l’opposition. Cela veut dire qu’il est temps qu’il se retire.

Parmi les leaders politiques, vous êtes, à ce jour, à défendre l’option d’élections partielles. Ne croyez- vous pas que c’est un gaspillage de fonds publics? N’est-il pas plus logique et plus pratique d’aller directement aux élections régionales anticipées?

Le gouvernement ne peut pas à chaque fois danser au son du tambour de Serge Clair. Il est vrai qu’il y a devant nous deux options: organiser des élections partielles ou aller directement aux électionsrégionales anticipées. Mais je pense qu’avant les élections régionales, il faudrait amender la loi pour qu’il y ait plus de stabilité au niveau de l’Assemblée régionale. Sinon, il existera toujours le risque qu’un parti se retrouve avec une faible majorité et sera l’objet de chantage et d’instabilité.

Il faut une loi pour limiter les démissions.

Et les transfuges aussi?

Oui,ce serait bien d’en parler aussi. Je suis ouvert à toute proposition qui vise à laisser un meilleur héritage pour les générations futures. C’est-à-dire, une Assemblée régionale qui fonctionne et qui assure la stabilité. Pour atteindre un tel objectifje ne vois aucun problème à me mettre à la même table que les autres politiciens pour trouver un cadre légal idéal et approprié. Je crois que tout le monde est unanime à dire qu’il faut faire quelque chose pour qu’il y ait plus de stabilité en permettant un parti d’avoir une majorité confortable. Il faut s’inspirer d’autres systèmes dans le monde.

Croyez-vous vraiment qu’on a le temps de faire cela avant les prochaines élections régionales?

Quand il y a la volonté, rien n’est impossible.

La décision de dissoudre l’Assemblée régionale ou d’organiser des élections partiellesrevient au Premier ministre. Avez-vous eu l’occasion d’en discuter avec lui?

Le Premier ministre réfléchit à la question. Je lui ai dit ce que je pense. Je sais qu’il écoute également d’autres points de vue. Je le laisse faire. Je n’ai nulle intention d’empiéter sur ces prérogatives. Mais je pense qu’on ne peut pas toujours agir selon les caprices des gens qui passent leur temps à démissionner en bloc. Une telle situation n’existe pas à Maurice.

Avez-vous une quelconque indication de la direction que le Premier ministre est susceptible de prendre?

Je ne sens rien. Je vous ai dit que je le laisse libre de prendre sa décision.

Est- ce que le MR est prêt pour les élections anticipées?

Le MR est prêt à toute éventualité.

Propos recueillis par Benoit JOLICOEUR

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Benoit JOLICOEUR