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Nirmala Savrimuthu (psychologue) : « Les jeunes sont bel et bien imprégnés de communalisme »
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Nirmala Savrimuthu (psychologue) : « Les jeunes sont bel et bien imprégnés de communalisme »
La psychologue Nirmala Savrimuthu est d’avis que le communautarisme est bel et bien ancré chez les jeunes, car ils sont d’avis que la réussite est liée à la communauté à laquelle on appartient.
Vous venez de publier ‘La construction identitaire des adolescents à l’épreuve du communautarisme’. Pourquoi présenter un tel ouvrage aux Mauriciens ?
Pour la simple et bonne raison que j’ai pu constater qu’il y a à Maurice une véritable problématique autour de la construction identitaire. J’ai pu constater durant cette étude menée sur un groupe de 113 filles et de 121 garçons que certains réflexes communautaires sont bel et bien présents. Cela s’est par exemple fait ressentir lorsque j’ai constaté que ces jeunes attribuent un nom particulier à un groupe ethnique.
Est-ce triste de constater ce « réflexe communautaire » chez nos jeunes ?
Triste pas vraiment. Ce constat est même encourageant, car cette étude m’a aussi permis de réaliser que cette jeune génération veut aussi faire certains efforts pour que ces réflexions négatives qui hantent la société mauricienne cessent d’exister. Il y a cependant plusieurs obstacles à leurs efforts, car ils sont aussi très vite rattrapés par des réalités, une fois leur vie scolaire terminée. Dès qu’ils font leurs premiers pas dans le monde du travail, ils se retrouvent nez à nez avec le communautarisme. Les jeunes pensent en effet que la communauté d’une personne influence son succès.
Le communautarisme semble donc être bien ancré chez nos jeunes ?
Je pense oui, car s’ils sont pour davantage d’interactions interculturelles, mais, en revanche, ils sont contre la disparition du communautarisme à Maurice. Ce qui me pousse a pensé que le communautarisme semble être devenu une norme au sein de notre société.
Vous préconisez quoi pour que la société mauricienne se débarrasse du communautarisme ?
Notre salut repose sur l’interculturel. C’est la seule solution et il est, à mon avis, du devoir de l’Etat de mettre les structures nécessaires pour encourager l’interculturel. Ce n’est qu’en apprenant à se frotter aux autres, à connaître l’autre, que l’on finit par penser de manière uniforme, du moins en ce qu’il s’agit de penser comme une seule nation.
La députée Nita Deerpalsing a ouvert le débat sur l’importance d’un état séculaire. Maurice est-il un état séculaire selon vous ?
Il faut d’abord comprendre que 95 % de la population est croyante et pratiquante à Maurice. D’après ce que j’ai pu suivre comme débats, c’est l’ingérence de la religion dans les affaires de l’Etat qui pose problème. Ce qui est important de savoir, c’est quel est le degré de l’ingérence religieuse. Il faut, par ailleurs, comprendre que nous vivons dans un pays démocratique où chacun a le droit de s’exprimer, aussi bien les religieux que les politiciens. C’est bel et bien cela les règles de la démocratie qu’on le veuille ou pas. Il nous faut cependant rester dans la limite de la tolérance et ne pas tomber dans les extrêmes. Ce qui me ramène encore à l’interculturel. En assurant la promotion de la notion de l’interculturel, de tels problèmes ne se poseront plus.
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