Publicité

Nos politiques en fête

27 mars 2012, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

D’un côté, on exhibe un semblant d’euphorie. De l’autre, on étale un semblant de sérénité. Dans tous les cas de figure, on est dans la mise en scène. Nos politiques sont à nouveau dans la grande représentation. Chacun interprétant un rôle qu’il juge le plus approprié en la conjoncture.

Justement, quelle est la conjoncture ? Le probable retour dans l’arène de sir Anerood Jugnauth (SAJ) a mis tout le bestiaire politique en ébullition. Du coup, c’est le Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui se retrouve en mauvaise posture. Aussi longtemps que son principal adversaire était le seul Paul Bérenger, il pouvait trôner sur le landerneau politique.

Le leader du PTr savait qu’il n’était pas menacé. Jonglant avec son image de «rassembleur» et avec son talent d’orateur, distillant des messages «subliminaux » lors des fêtes religieuses et lors des réunions des groupes dits socioreligieux, il fendait l’air de la politique mauricienne et semblait intouchable.  Ce sentiment de puissance s’est accru au fil de ces dernières années. A tel point que Navin Ramgoolam n’a pas vu le coup venir. Lui, qui se targuait d’orchestrer la cacophonie politique à Maurice et qui se pensait le seul maître à bord, a été pris de court. Sir Anerood Jugnauth passe par là.

On reprend donc les mêmes et on continue. Pire, on fait même revenir ceux qu’on croyait partis. «Diamond cuts Diamond». C’est le socle de la stratégie pour «déboulonner» Navin Ramgoolam de son strapontin de Premier ministre. La manœuvre est claire. Néanmoins, elle traduit surtout l’aridité du paysage politique mauricien. Non pas que SAJ n’ait pas le droit de briguer le poste de chef du gouvernement. Mais, elle rend compte d’une incapacité de la classe politique à se renouveler. Cela, on le savait déjà. Tout comme on savait qu’il faut absolument un équivalent ethnique identique à Navin Ramgoolam pour que ce dernier puisse éventuellement perdre le pouvoir.

On nous reprochera évidemment de ne pas connaître les réalités mauriciennes. Cependant, le fait demeure que nous ne voulons plus précisément subir ces «réalités». Elles étouffent. Elles provoquent de la suffocation. Jusqu’à quand allons-nous continuer à croire qu’un élu de sa communauté servira mieux les intérêts des membres de cette communauté ? Il y a une mystification à ce niveau qu’il importe de déconstruire. Les politiques inévitablement jouent de cette ambiguïté et font croire à des milliers de Mauriciens qu’ils sont mieux servis par les siens. Ceux qui pratiquent cela ne font en fait que se servir eux-mêmes !

Mais, il n’y a pas qu’aux politiques qu’il faut s’en prendre. De nombreux Mauriciens ont construit des croyances sur une montagne de fantasmes. Ils en paient le prix quotidiennement. Toutefois, cela les conforte dans l’impression qu’ils vont être protégés par les siens. Il y a aussi tous ceux qui tirent une jouissance de ce symbole d’avoir l’un des siens bien installé à un poste de prestige, comme le PM et ses vice-PM supposés représenter «l’arc-en-ciel mauricien».