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Odeur de chantage

21 novembre 2012, 00:00

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« Ou panse ki si l’opposition demann mwa ennzafer mo pou anvi ed li ? »  La vérité, dit-on, sort de la bouche des enfants. Mais il est, semble-t-il, également des vérités qui sortent de la bouche de certains responsables.

 Lors d’un rassemblement politique, lundi dernier, à Curepipe, le ministre Michaël Sik Yuen, représentant de la Population générale, selon les dispositions de notre Best Loser System, aurait laissé percer, sans la moindre gêne, le fond de sa pensée.  Une ville, un village ou une circonscription qui choisit de voter pour l’opposition, se mettrait en quelque sorte, selon ce ministre de la République, à l’écart de tout développement.  Et ne devrait pas s’attendre à la moindre attention de la part des  autorités.

Michaël Sik Yuen ne nous dit cependant pas si celui qui décide d’accorder son soutien à un candidat de l’opposition est tenu malgré tout à payer l’impôt.  Puisque c’est l’argent du contribuable, que ce dernier  soit rouge, bleu, mauve, orange ou vert, qui sert à financer les projets du gouvernement central, des municipalités, des administrations rurales et des frasques de certains ministères.

Mais ce qui m’inquiète le plus à la lecture des propos attribués à ce ministre, c’est que l’affaire risque de sombrer très vite dans l’indifférence. A ce jour, malgré certains dérapages verbaux sur des estrades politiques, on ne sait toujours pas, en l’absence d’une interprétation de la Cour suprême sollicitée par un citoyen,  si l’Electoral Supervisory Commission est habilitée à sanctionner de tels écarts.  On ne sait pas non plus si l’Equal Opportunities Commission naissante peut, proprio motu, sanctionner un tel chantage qui a cependant peur de dire son nom.

Au cours de ces dernières années, Navin Ramgoolam a été l’unique leader politique qui a eu le courage de condamner publiquement un de ses lieutenants pour des propos ne faisant pas honneur à la République.  C’était lors de la campagne électorale de l’an 2000 et Deva Virahsawmy fut laissé sur les carreaux pour avoir fait allusion de manière peu civilisée à la couleur de la peau de Paul Bérenger.  Reste à savoir si le lion peut encore rugir…

Renaud MARIE