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Ouvrons les yeux
En ce matin, il est 6 h 30. En face du Manhattan de Curepipe, un homme d’une soixantaine d’années a une demi- baguette de pain entre les mains.
Il vient se mettre sous le porche d’un petit complexe commercial. Il ouvre une sacoche, en sort une pochette de beurre qu’il tartine minutieusement sur son pain. Il s’assoit et le mange.
Puis, il plonge à nouveau la main dans sa sacoche. Il prend une cigarette et s’installe pour regarder le monde qui s’éveille et s’anime autour de lui.
Autour, effectivement, on se précipite pour aller au travail, à l’école ou pour faire des courses matinales. Lui, il a un regard vide. On sent qu’il regarde toute cette agitation avec distance, voire avec un sentiment contradictoire de dépit et d’envie.
C’est sa journée qui commence. Elle n’est faite de rien. Car lui, il n’a pas de travail, il se demande comment il va se nourrir, comment faire passer un temps qui ne sert à rien. C’est, vous l’aurez compris, un clochard.
C’est une réalité sur laquelle nous fermons souvent les yeux. Que ce soit les politiques, les dirigeants du monde des affaires, voire les journalistes. Il faut concéder que nous avons souvent un rapport théorique avec la société dans laquelle nous vivons.
C’est un fait. Il a été souvent dénoncé. Cela ne dispense pas de la nécessité de le marteler continuellement.
La vie au quotidien n’a rien à faire avec la réforme électorale, avec les grands desseins de nos visionnaires, avec les ambitions et calculs personnels des uns et des autres. Certes, il faut anticiper sur les événements, prévoir l’avenir. Mais, on ne peut plus se permettre d’être aveugles sur ce qui nous entoure. A savoir une souffrance au quotidien. On n’a pas simplement le droit d’être coupés de la réalité.
 
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