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Pailles : Des locataires au bord du gouffre

28 juillet 2013, 00:00

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Pailles : Des locataires au bord du gouffre

Victimes de l’inondation du 30 mars, une quinzaine de familles des Guibies, à Pailles, reprennent difficilement goût à la vie. Mais dans les bicoques en tôle qu’elles louent, elles ont du mal à trouver l’équilibre voulu car elles risquent à tout moment d’être éjectées...

 

 

Entre vivre à la belle étoile et avoir un toit au-dessus de leur tête, le choix était vite fait… Qu’importe si ce toit, criblé de trous, complique singulièrement les choses les jours de pluie. Pourtant, ces habitants de l’avenue Baloram, aux Guibies, ne sont pas sûrs de pouvoir rester encore longtemps dans les cases en tôle qu’ils louent depuis plusieurs années.

 

En effet, une quinzaine de familles risquent d’être éjectées des lieux par les propriétaires, ces derniers affirmant ne pas percevoir de loyer. Ces quinze familles vivent aujourd’hui dans la tourmente : couvertes de dettes, elles sont conscientes que leur sort ne tient qu’à un fil, mais sont incapables de trouver une solution. Cela fait plusieurs années qu’elles louent ces bicoques en tôle comportant une ou deux pièces seulement, certaines arborant des ouvertures béantes. Une fois les loyers payés, plusieurs de ces habitants ont à peine de quoi se mettre sous la dent.

 

 

Après les inondations du 30 mars, lors desquelles beaucoup de leurs meubles ont été abîmés, ils se sont lentement reconstruits, mais aujourd’hui, quelques-uns d’entre eux ne sont pas en mesure de s’acquitter de leur loyer.

 

«Minis Xavier Duval tinn vini ek Aurore Perraud tinn avoy nou mesaz pou dir nou pou gagn laid», lâche unedes habitantes. Leurs attentes ? Trouverun lieu décent où vivre… Parmices personnes, l’on trouve nombre demères célibataires ou de chômeursqui, de par leur situation, ont déjà desdifficultés à assurer la vie au quotidien.Certains multiplient les emplois pour subvenir aux besoins deleurs enfants ; d’autres, certains jours, préfèrent envoyer les plus grands àl’école et rester à la maison avec lespetits, faute de moyens.

 

 

«Zordi, mo pe atan mo mari vini pou mange. Pena narnien. Ena zour bizin avoye zanfan kot mo bel mer pou manze», raconte Martine Raphaëlmère de quatre enfants. Cette dernièreest de ceux qui ne peuvent pluspayer leur loyer. Privée d’électricité,elle ne s’éclaire plus qu’à la lueur de bougies.

 

Un peu plus loin, d’autres familles se plaignent de l’état de la maisonnette «qui coule de partout». Certains utilisent une bâche pour se protéger sommairement de la pluie ; d’autres, pleins de ressources, ont découpé des bouteilles en plastique qu’ils ont accrochées un peu partout au plafond. «Nou devide kan zot plein».

 

Chez Christelle Raboude, 30 ans, l’on vit à 12 dans deux pièces. «Lakaz pre pou tom lor nou latet», lâche-t-elle, amère. Leur douche de fortune – un tuyau d’arrosage – est à ciel ouvert. Il en va de même pour Patrick et Marie-Ange Fidèle, un couple un peu plus âgé. «Nou pena ni twalet ni saldebin,mem ar delo fre, mem si nou malad nou pena swa». Chez Claudinette André, 36 ans et mère de cinq enfants, c’est le chaos total. «Mo bann zanfan dormi lor lili, nou dormi lor matela».

 

Une situation à laquelle ils se sont plus ou moins habitués, mais pour ceux qui ont des enfants en bas âge, c’est là un quotidien qui reste difficile à vivre. «Mo zanfan malad souvent», commente une mère désabusée.

 

Partir ou pas ?

 

Une chose est sûre : nul ne mérite de vivre ainsi, que l’on ait payé son loyer ou pas. C’est là le point de vue de Noorani Aurdally*, travailleur social de la région. «Zot sitiasionti pir ki sa, la osi mo finn resi fer asfalte ca semin la pou zot. Me seki mo tia conten seki reloz zot dan enn lot lendrwa kot zot pou kapav gagn ene lavi normal. Si bann compani dan Pailles tikav pren ene fami en sarz», suggère-t-il.

 

En attendant, à l’avenue Baloram, l’on prie pour qu’il ne pleuve pas… La version des propriétaires diffère de celle des locataires. «Nou finndir zot ale depi lontan me zot pa le, dit Premila Baloram, une des propriétaires. Kan zot ti vinn reste zot ti dir zotti pou aranz bann lakaz la avan, mezot inn res coumsa mem». Elle dit faire payer à ses locataires Rs 250 de loyer chaque mois, mais certains locataires avancent un autre chiffre.

 

 

D’autre part, un autre propriétaire affirme que les locataires sont des mauvais payeurs et que c’est lui qui se voit «obligé de payer une note d’électricité exorbitante». De leur côté, les locataires se disent disposés à payer leur note d’électricité.

 

Toutefois, après une requête après du Central Electricity Board, ils se sont vu demander Rs 60 125 pour l’installation de pylônes électriques. «Nou oblize pren couran ek proprietaire,li donn nou difil, nou paye Rs 1 000 ena fois zis pou gagne en globe dan nou lakaz.» Non loin de là, les autres voisins ne voient pas d’un bon oeil cette présence qu’ils jugent gênante. «Zot pa paye loyer nou, noupou ti pou pli kontan zot ale, akoz zot donn dimoun traka».

 

 

Contactez Noorani Aurdally sur le 702 2000.