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Patrice Legris, CEO de l’AHRIM
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Patrice Legris, CEO de l’AHRIM
Les arrivées touristiques ont chuté de 13,8 % pour février. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Nous ne sommes pas surpris de ce résultat  qui est très mauvais mais moins mauvais que prévu initialement. Ce qui inquiète le plus les opérateurs aujourd’hui,  c’est la baisse de revenus dus aux nombreuses promotions, l’impact sur l’accès aérien et la réduction de nombre de vols.
Les comparaisons sont plus parlantes que les chiffres. Est-ce comparable à ce qu''''on a pu connaître en 2006 avec le chikungunya?
Le chikungunya était différent car nous avions un certain degré de contrôle pour remédier aux problèmes causés à l’industrie par le chikungunya. D’une part, c’était principalement le marché français qui avait été affecté de manière sensible et nous avons géré le problème avec une bonne communication et d’autre part, la partie phytosanitaire avait été bien gérée par les autorités, la population et toutes les organisations concernées pour éviter la propagation du vecteur et de la maladie. La crise actuelle, financière et économique, est un problème planétaire  qui a un impact sur tous les pays et nos marchés et le tourisme en général à travers le monde et en particulier les destinations long courrier. Nous ne savons pas combien de temps durera la crise mais nous devons tout faire pour pouvoir limiter l’impact négatif et passer ces moments difficiles, nous préparer pour la reprise et essayer de retrouver le plus rapidement possible un taux de croissance élevé.
 
Quelles sont les prévisions? On parle d''un manque de visibilité, mais vraisemblablement il y a peu de chances qu''une remontée pointe dans les tous prochains mois...
Les prévisions sont en net recul par rapport à la situation à la même date l’année dernière avec toutefois moins de visibilité pour les mois à venir et une tendance plus forte au last minute booking pour tirer profit des promotions. Donc, effectivement, sur cette base, il est difficile d’avoir les prévisions fiables.  Nous suivons la situation régulièrement mais même s’il est certain que la tendance générale est à une baisse significative, la situation est difficile à interpréter car les tendances et l’ampleur ne sont pas identiques pour tous les marchés, les groupes hôteliers et les hôtels au sein de groupes hôteliers et les hôtels individuels. De nombreux touristes, certes moins qu’avant, voyagent encore et voyageront encore en période de crise et nous devons pouvoir nous positionner auprès de cette clientèle. Pour cela, nous devons pouvoir être compétitifs et offrir le bon produit et le faire savoir. Cela implique des actions concertées de l’office du tourisme pour la promotion de la destination, une desserte aérienne régulière et une offre intéressante du produit.
Doit-on estimer que Maurice parvient malgré tout à garder la tête hors de l''eau ?
Maurice s’en est sorti relativement bien ces derniers mois avec toutefois certaines difficultés qui ont pu être gérés par les hôteliers et les autres opérateurs mais certains souffrent plus que d’autres, surtout les nouveaux hôtels, les hôtels haut de gamme et les petits et moyens hôtels. Le business model du tourisme est bon et a fait ses preuves même s’il demande à être adapté en temps de crise. La baisse aujourd’hui est globale et du a des facteurs exogènes et il ne faut surtout pas, dans ces moments critiques, changer ce business model qui a marché.
N''est ce pas aussi l''occasion de réinventer la destination, de surprendre, voire d''élargir les niches touristiques visées?
Maurice a un positionnement très fort sur certains marchés et nous devons reconnaître  que les actions concertées menées sur tous les fronts par les opérateurs du tourisme et la MTPA portent leurs fruits et permettent de limiter la casse. Malgré la crise, Maurice est agressive en terme de communication et d’actions marketing sur les marchés primaires particulièrement auprès de public en général et auprès des professionnels du tourisme. De plus, Maurice a eu un temps de réactivité rapide pour la prise de décisions, par exemple,  l’opération Maurice Sans Passeport a été fort appréciée auprès du marché Français et Italien et Maurice a été présentée comme un modèle auprès des autres destinations touristiques.  Maurice avait accentué, depuis le chikungunya, la diversification de ses marchés, toutefois, pénétrer des nouveaux marchés demande des moyens financiers importants avec des résultats à long terme sans compter qu’il faut réunir les facteurs clés pour assurer le succès d’un nouveau marché comme la desserte aérienne et la création de l’offre correspondant à ce marché.
 
La tourisme pâtit directement des effets de la crise sur ses marchés pourvoyeurs de touristes. Comment réussir à limiter la "casse", sachant que les chiffres resteront certainement négatifs les prochains mois ?
Il est important de pouvoir protéger les entreprises les plus vulnérables et plus généralement, aider toutes les entreprises du secteur à passer ce cap difficile afin de préserver toutes ses ressources notamment humaines et de pouvoir rebondir à la reprise. De plus nous souhaitons aussi intensifier la formation du personnel afin d’améliorer le produit touristique et contribuer à la réflexion marketing pour tenter d’augmenter le nombre d’arrivées et pour assurer une relance efficace.
 
 
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