Publicité

Patrick Assirvaden : « Jugnauth et Soodhun ont fait un coup fourré »

20 août 2011, 07:28

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

? Votre nom a été souvent cité comme ministrable. Patrick Assirvaden est-il un homme déçu aujourd’hui ?

Non, pas du tout. Pour moi, devenir ministre n’est pas une finalité en politique. Je ne suis pas déçu. Au contraire, je trouve cette nouvelle équipe plus vivace, avec plus de punch. Et j’accorde tout mon soutien au Premier ministre.

? Une promotion ne vous tente pas ?

Ce n’est pas une question d’être tenté ou pas. C’est le PM qui a les cartes en mains, qui constitue son cabinet et décide quel rôle chacun doit jouer. J’ai déjà des responsabilités importantes, car je suis député, Parliamentary Private Secretary (PPS) et président du PTr. J’ai un rayonnement national. Donc, être ministre…ça viendra, si ça doit venir. Je suis prêt à servir là où on aura besoin de moi. Point à ligne.

? Comment se sont passés vos 14 premiers mois comme député ?

Ca a été vite et lentement à la fois. Vite parce que le Parlement a siégé, nous avons eu des défis à relever et j’ai eu à prendre position sur plusieurs problèmes. Comme vous le savez, l’énergie est un sujet qui me passionne. J’ai plongé directement dans le travail. Et être PPS, c’est un travail de proximité, de contact, de terrain. C’est une chose que j’aime. Mais c’était aussi un peu lent, étouffant, suffocant même, à certains moments. J’ai beaucoup appris, et j’ai aussi beaucoup donné.

? Qui est le prochain membre du MSM ou de l’opposition qui rejoindra la majorité ?

Je ne sais pas si on pèche. Ce que je sais, c’est que les deux qui nous ont rejoints, Jim Seetaram et Mireille Martin, ont donné des arguments clairs. Ils ont été élus sous la bannière de l’Alliance de l’avenir avec un programme. Ils y sont restés fidèles. Mais si d’autres, comme nos deux amis, reconnaissent que l’intérêt du pays passe avant celui d’un clan familial, ils sont les bienvenus.

? Les deux anciens membres du MSM ont tous les deux adopté la même parade : nous restons fidèles à l’Alliance. L’allégeance d’un politicien doit-elle aller à son parti, ou à une alliance ?

Elle doit aller à son électorat. Parce que c’est lui qui permet au politicien d’être là. Regardez ce que Mireille Martin a dit. Elle reste fidèle à son électorat qui l’a élue en tête de lice pour mettre en pratique le programme gouvernemental. Pour quelle raison la circonscription no 8 a-t-elle voté pour Pravind Jugnauth ? Pour être membre du gouvernement et ministre des Finances. Nous avons été élus pour diriger le pays.

? La raison évoquée n’est-elle pas un faux-fuyant ?

Il faut aussi être un peu honnête et ne pas perdre de vue pourquoi ils ont quitté leur parti. C’est parce que le parti a trahi. Cela se voyait que Mireille Martin était mal à l’aise. Et il n’y avait pas qu’elle d’ailleurs. Nando Bodha a signé sa lettre de démission quand il est arrivé au Sun Trust. Il ne savait même pas qu’il allait démissionner. C’est un coup fourré qu’ont fait Pravind Jugnauth et Showkutally Soodhun. Aujourd’hui, Mireille s’en est rendu compte.

? Le politicien, en changeant de bord, ne donne-t- il pas l’image d’un opportuniste ?

Non, car l’intérêt du pays passe avant tout.

? Pravind Jugnauth appelle à la démission de tous les membres de la défunte Alliance de l’avenir pour demander une nouvelle légitimité au peuple. Qu’avez-vous à lui répondre ?

Nous avons été élus pour être dans le gouvernement. Avec un programme que nous avions présenté à la population. On ne peut pas dévier. Et maintenant, il vient dire à ceux qui sont restés de démissionner. Le peuple n’a pas choisi que Pravind Jugnauth aille s’asseoir dans l’opposition le 18 octobre.

? Il se chuchote que Cehl Meeah est le prochain à rejoindre les rangs du gouvernement ? Quelle est la relation qu’entretient Cehl Meeah avec le PTr ?

Je n’ai rien entendu de la sorte. Il n’y a pas de relation entre lui et notre parti. On se dit bonjour quand on se voit au Parlement. C’est tout.

? Xavier Duval, lors d’une fête à Quatre-Bornesmardi, a affirmé que le pays était sans ministre des Finances depuis mai 2010. Ne blâme-t-il pas indirectement le PM lui-même, car c’est lui le chef du gouvernement ?

Non. Nous avons tous vu que la performance de Pravind Jugnauth était médiocre aux Finances. Truve sa ! Mais nous avions été élus sur une base, jusqu’à ce que le PM revoie son gouvernement, car un gouvernement ne peut être remanié constamment. Donc, nous avons gardé notre sincérité dans l’Alliance. Mais il n’y avait pas que la performance de Pravind Jugnauth. Que dire de celle de Soodhun ? C’est clair qu’il n’était pas à la hauteur car, outre le fait qu’il n’est pas une lumière, il est un traître. Mais on se soutenait mutuellement, parce qu’on était dans la même équipe. Maintenant, nous pouvons dire certaines choses. Je crois que c’est nous qui étouffions. C’est vrai ce que Xavier Duval a dit.

? Mais en même temps, Navin Ramgoolam l’a toléré pendant ces longs mois à ce poste clé…

Non, il était en place. On se disait toujours qu’il allait faire ses preuves. Après 3 mois, 6 mois, un an. En fi n de compte, on a réalisé que tout ce qu’on redoutait s’est révélé être vrai. Ce n’est pas difficile de remplacer un ministre des Finances de ce niveau-là !

? Le Mouvement militant mauricien (MMM), vous devez bien l’avouer, a réussi son coup. L’affaire «MedPoint» a tué l’alliance…

Je ne peux pas répondre pour le MMM. Je ne sais pas si c’était cela leur stratégie. Laissons le volet politique et le tam-tam autour. Il y a une enquête en cours. Nul ne connaît son outcome. Less lenket fer so semin. Le MMM a fait son travail d’opposition. Il a été élu pour ça. Son rôle est de poser des questions. Je respecte cela. On ne peut pas changer les rôles. Le peuple leur a donné ce mandat.

? Il le fait bien ?

Je ne suis pas là pour les donner des credits. Laissons la population juger.

? Rashid Beebeejaun risque d’être inquiété dans l’affaire «MedPoint», car il semble qu’il avait des actions dans la clinique. Est-ce un coup dur ?

Laissons l’enquête suivre son cours. Fode pa nu preempt, ou fer politik fi ksyon. La conclusion viendra plus tard. Je fais confiance à l’institution qu’est l’Independant Commission against Corruption. Nous vivons dans un état de droit et il faut laisser les institutions fonctionner.

? Vous voyez le gouvernement terminer son mandat en 2015, dans la sérénité ?

Bien sûr. Quelle question ! Ou pa truv mwa serin ? (Tout sourire)

? En ce moment, on parle de réforme électorale et de IIe République. Croyez-vous vraiment qu’on va y arriver ?

S’il y a la volonté de part et d’autre, oui. Surtout du PM et du leader de l’opposition. En d’autres mots, les grands partis. Il n’y en a que deux, le PTr et le MMM. Ne me dites pas que le Parti malin est un grand parti ! Mais il n’y a pas de doute que le PM a la volonté nécessaire. Et je trouve que le leader de l’opposition l’a lui aussi.

? N’est-ce pas aussi un prétexte pour des discussions plus politiciennes ?

Je ne peux pas répondre à cette question. Quand le PM et le leader de l’opposition ont discuté, je n’étais pas là. Je ne sais pas. Je ne parle que de choses que je connais.

? Vous sentiriez-vous à l’aise dans une nouvelle alliance, disons avec le MMM ?

La question ne se pose pas aujourd’hui. On a un mandat clair devant nous pour diriger le pays jusqu’en 2015 et nous nous concentrons sur les défis à venir. A l’aube de 2015, on verra tout ça.

Propos recueillis par Michel CHUI CHUN LAM

 

Michel CHUI CHUN LAM