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Patrick Assirvaden : « SAJ est-il revenu pour faire les poubelles ? »

30 avril 2012, 09:59

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J-1, il est chaud comme la braise. Patrick Assirvaden présidera le 1er-Mai PTr/PMSD à Vacoas. Et déjà, les premières kalot aux Jugnauth. Mardi, le père surtout risque d’avoir les oreilles qui sifflent. Interview bande-annonce.

Le 1er-Mai, c’est jour de fessée. Comment le PTr se prépare à cette raclée ?

Une raclée !?

Le pays n’a d’yeux que pour SAJ, ça vous a échappé ?

Cet attrait sera éphémère. Personne ne peut maintenir un tempo aussi élevé pendant trois ans. Et surtout pas quelqu’un de 82 ans. Après le 1er- Mai, on verra bien si Anerood Jugnauth continue à labourer le terrain, à faire des réunions, des meetings. On verra s’il tient le rythme. Je pense plutôt qu’il retournera bien sagement à La Caverne.

Vous le renvoyez déjà à la retraite ?

Que voulez-vous qu’il fasse ? Il n’est plus président et il n’est pas leader de l’opposition. Il s’occupera comme il pourra. J’imagine qu’il a la télévision. Il s’occupera de son jardin, de ses roses, de ses fruits et légumes. Depuis qu’il a quitté le Réduit, le MMM le maintient en vie médiatiquement. Cela peut fonctionner quelques semaines, mais certainement pas trois ans. Anerood Jugnauth va s’essouffler. Il ne peut même pas se déplacer seul, alors…

Coup bas, c’est moche.

Allez voir les photos de son arrivée au meeting de Rivière-du-Rempart.

Faire passer SAJ pour le vieillard grabataire qu’il n’est pas, c’est ça la stratégie du PTr ?

Je vous dis ce que je vois. Et des milliers de Mauriciens pensent comme moi. Je vais à la boutique, chez mon coiffeur, au bazar, j’écoute les discussions. Le peuple réclame une personne lucide à la tête du pays. Le peuple sait que le soufflé va retomber. Il retombera d’autant plus vite que l’électorat MMM rejette et Anerood Jugnauth et le MSM. Bérenger le sent, alors il fait des teasers. Il va dévoiler ceci, il va dévoiler cela. Si vous croyez que ça nous inquiète… Tout le monde a parlé du retour de « Rambo » dans son soi-disant fi ef de Rivière-du-Rempart. Au final, il n’a que 175 personnes : ça s’appelle un flop. []]Selon notre estimation sur place, un millier de personnes étaient présentes, et non pas 175, ndlr].

En termes de teaser racoleur, vous êtes pas mal non plus. Le PTr n’a-t-il pas promis une surprise ?

Il y aura en effet une surprise.

Une distribution de Rolex ? Un « after » à Roches-Noires ?

(Rires) Loin de là !

Ashok Jugnauth sur l’estrade ?

Venez mardi, vous verrez.

C’est donc lui, vous confirmez ?

Je ne confirme ni n’infirme rien. Tout ce que je peux vous dire, c’est que notre invité expliquera ce qui s’est réellement passé dans l’affaire Med-Point.

Il le fera à quelques centaines de mètres du domicile des Jugnauth à La Caverne. Lady Sarojini pourra-t-elle vous entendre depuis sa cuisine ?

Probablement. Mais elle n’apprendra rien. Tout ce que nous révèlerons, elle le sait déjà. Un clan essaie de diriger ce pays. Nous avons eu à les affronter au sein du gouvernement. Aujourd’hui, Bérenger essaie de les « blanchir ». Mais qui a incriminé la famille Jugnauth sur l’affaire MedPoint ? Bérenger. Qui a posé les PNQ les plus dévastatrices ? Bérenger. Aujourd’hui, pour des raisons bassement politiques, il essaie d’innocenter Pravind Jugnauth. Pas Maya Hanoomanjee, Pravind Jugnauth. A côté de ça, le MMM et le MSM attaquent la vie privée des gens. Ils fouinent dans la note de restaurant de Shakeel Mohamed. Ils utilisent son ex-épouse. Anerood Jugnauth est revenu en politique pour ça, pour faire les poubelles ?

On dirait que l’affaire MedPoint vous intéresse désormais…

Quand l’affaire a commencé à sortir, nous étions irrités. Cader, Nita, Suren et moi-même, nous commencions à bouillir.

Un bouillon un peu fade.

Fade ?

Je vous cite : « Au lieu de se concentrer sur l’essentiel, le pays entier focalise sur l’affaire MedPoint : c’est malheureux ! ». Voilà ce que vous disiez il y a un an. Manifestement, cette affaire vous passionne davantage aujourd’hui.

Attendez, ils essaient de nous faire porter le chapeau ! Effectivement, il y a des choses qu’avant nous n’aurions pas dites. Aujourd’hui, nous sommes prêts à dire toute la vérité sur MedPoint. Nous dirigeons ce pays, nous avons des responsabilités. Mais des pyromanes, des bluffeurs, des comploteurs essaient de nous mettre des bâtons dans les roues. Nous avons le devoir de répliquer, surtout à la veille d’un 1er- Mai. Ils nous ont poussés à bout. Vous réalisez qu’ils ont menacé le directeur des poursuites publiques, les enquêteurs de l’ICAC, la police ? Nous avons affaire à des récidivistes notoires en matière de démantèlement des institutions. Imaginons que le DPP décide qu’il y a matière à poursuites, que se passera-t-il ? Le clan Jugnauth menacera les juges ? C’est ça leur projet de société ? C’est comme cela qu’ils comptent redresser le pays ?

Si vous aviez des informations pouvant aider l’enquête, fallait-il attendre tout ce temps pour les révéler ? Pourquoi ne pas avoir couru à l’ICAC ?

Qui vous dit qu’on ne l’a pas fait ? Et que cela a débouché sur l’arrestation de Maya Hanoomanjeee et de Pravind Jugnauth. Mardi, je ne pense pas que l’ICAC apprendra grand-chose. Pareil pour le gouvernement, l’opposition, Bérenger, Bhagwan, la famille Jugnauth, le MSM : tous ces gens-là savent déjà. La nouveauté, c’est que la population aussi va savoir. On ne se contentera pas de révéler l’identité du « parrain » et de la « marraine » de MedPoint, nous dirons aussi qui a téléphoné au Permanent Secretary du ministère du Logement pour signer le contrat avant le 31 décembre, histoire d’économiser Rs 25 millions de taxe.

Comment emballerez-vous le message si vous perdez la bataille des foules ?

Une semaine après, tout le monde aura oublié, alors ce ne serait pas si grave, cela ne m’empêcherait pas de dormir. Mais nous ne perdrons pas. J’ai confiance dans les Mauriciens. Nous avons un peuple éclairé, intelligent… (On coupe)

Gare à la flatterie : trop de sucre gâte les dents.

Ecoutez, je suis sur le terrain tous les jours. Je vois. Je sens. Hier j’étais au n°16, en terre MMM. Ce que j’ai vu, c’est un rejet du MSM. Bérenger en a pleinement conscience. Il a dit aux siens : « Mem ou pa kontan Anerood, ou bizin respekte li ». Je comprends le rejet des militants : c’est eux qui l’an dernier collaient l’affiche « Zot mem aste, zot mem vande ». Bérenger leur a rabâché pendant des mois que l’affaire MedPoint était l’œuvre de la famille Jugnauth. Aujourd’hui, forcément, ça pose problème.

En cas de défaite, ce sera la faute de la presse ?

Il n’y aura pas de défaite !

Dans ce cas, pourquoi Navin Ramgoolam a-t-il ressorti sa rengaine sur la presse qui manipule les chiffres ? Aurait-il intériorisé la défaite ?

Là, vous faites du Bérenger.

Navin Ramgoolam n’a pas dit ça ?

Monsieur Fabrice… (On coupe)

Il l’a dit ou pas ?

Monsieur… (On coupe)

Oui ou non ?

(Grosse colère) Oui. Il l’a dit et il a dit vrai !

Avez-vous déjà eu le privilège d’être invité dans le fameux campement de Roches- Noires ?

Non.

Que faut-il faire pour en être ?

(Passablement agacé) Je constate que vous aussi, vous tapez sous la ceinture...

Etes-vous à l’origine de la réconciliation entre Harish Boodhoo et Navin Ramgoolam ?

Je n’étais pas à Maurice quand j’ai appris que deux membres du PTr s’étaient rendus chez Harish Boodhoo. On a même cru que j’en étais. Un samedi soir, je reçois un coup de fi l. « Alors, tu es chez Harish ? »

Et…

Bah non, j’étais à Hong-Kong. Après, parler de réconciliation, je n’en sais trop rien.

Boodhoo est quand même devenu tout doux avec vous.

C’est ce que je me dis aussi, mais il est trop tôt pour analyser ces choses-là. On verra avec le temps.

Si vous n’aviez pas été président du Parti travailliste, qu’auriez-vous fait un 1er-Mai ?

J’aurais été au meeting du PTr.

Vraiment, vous n’auriez pas eu mieux à faire ?

Pourquoi vous ne voulez pas que j’aille au meeting ? J’aurais eu envie, comme n’importe quel Mauricien, de savoir ce qui s’est réellement passé dans l’affaire MedPoint.

Depuis 6 ou 7 ans, le Parti travailliste est fidèle à Vacoas. Pourquoi ?

C’est stratégique. On capte les gens du sud et du centre. La place est spacieuse, nous sommes à l’aise.

Juste pour info, ça coûte combien un 1er-Mai travailliste ?

Franchement, je n’en ai pas la moindre idée. Je ne suis pas trésorier.

Demandons à M. Ah Fat alors.

Il faudra, oui.

Faisons-le tout de suite. (On fait mine de téléphoner)

Non, non !

Juste un petit coup de fil…

Non, il est sûrement occupé à cette heure-ci.

Trois cents bus, ça doit coûter un petit pactole. D’ou vient l’argent ?

En grande partie des cotisations. Les députés et les ministres versent un pourcentage de leur salaire au parti. 5 % me concernant.

5 % de combien ?

Mon salaire de base avoisine les Rs 100 000. Avec les allowances, je suis autour de Rs 170 000. Je verse donc Rs 8500 par mois. Nous sommes une trentaine de députés travaillistes, ce qui fait que le parti encaisse chaque année Rs 3 millions. Il y a aussi nos membres et nos sympathisants qui contribuent.

Avec une telle somme, vous pouvez commander le briani chez Jacqueline Dalais. Et si c’était ça, la surprise ?

Toujours pas, désolé... Dites-moi, vous comptez venir mardi ?

Propos recueillis par Fabrice Acquilina
(Source : l’express-dimanche, 29 avril 2012)