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Patrick Assirvaden : «Au MID, les fonctionnaires n’ont pas le sens des priorités des politiques»

16 août 2010, 11:55

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L’ancien président du CEB donne son avis sur un rapport indiquant que Maurice souffrirait éventuellement d’un manque d’électricité. Il revient également sur le projet Maurice Ile Durable.

? Nous sommes en présence d’un rapport d’expert qui prévoit une série de black-out à partir de 2011…

L’expert a dit qu’on va enregistrer un déficit de 42 MW, sur une production d’une capacité totale de 400 MW par jour à partir de 2011. Mais, ce qu’il ne dit pas c’est que la centrale de Saint-Louis va continuer à produire 36 MW. Il ne tient pas compte non plus de nos réserves (Spining reserve) de 10 % des 400 MW, ce qui nous amène à 40 Mgw en réserve. J’affirmerai donc que le risque de manque d’électricité n’existe pas.

? Comment calcule-t-on cette question de réserve?

Prenez pour exemple une boulangerie avec une capacité de production de 2 000 pains par jour. Or, dans la région, la demande est de 1 500 pains seulement. Les 500 unités restantes constituent les réserves. C’est la même chose qui s’applique au CEB entre la demande et la capacité de production.

? Mais, si la demande excédait la production, ce serait inévitablement le black-out !

Cela ne peut arriver car la marge de manoeuvre est là.

? Si jamais nous nous retrouvons dans une situation où la demande dépasse la capacité de production, cela provoquerait bien un black-out ?

Si cela se produisait – je dis bien «si» car un tel scénario n’est pas envisagé –, il y aurait un manque dans la production.

? Donc, le black-out total…

Non, des pannés isolées. Mais, pas de black-out.

? Il semblerait quand même que l’on soit en train de marcher sur la corde raide. Avec des projets d’envergure tels que Jin Fei, le parc informatique à la Tour-Koenig et la nouvelle ville de Highlands, sans compter les IRS à travers le pays, la demande sera inévitablement en hausse. Le CEB a-t-il entrepris des mesures pour parer à toute éventualité ?

On ne peut se lancer dans l’installation de nouvelles stations alors que la demande n’est pas encore là. On pourra le faire lorsque les projets auront commencé à prendre forme. Il faut savoir que quelque 18 mois sont nécessaires pour l’installation d’une centrale.

? Quelles mesures aviez-vous prises lorsque vous étiez à la tête du CEB pour éviter tout risque de rupture dans la fourniture ?

Nous avons lancé les procédures pour doter la centrale de Fort Victoria de quatre nouveaux moteurs de 15 MW chacun. Nous avons opté pour différents moteurs pour des raisons de sécurité car la panne touchant un seul moteur de 60 MW est dangereuse. C’est un projet pour 2011 et 2012 et la capacité de production de Fort Victoria atteindra 90 MW La deuxième mesure a été l’écoulement de 1 000 ampoules économiques ayant permis une baisse de 10 MW de la demande. La troisième mesure concerne la construction de deux centrales hydro d’une capacité de 1,5 MW au total.

? Quid de l’énergie renouvelable ? Il n’y a rien de concret en vue…

Maurice Ile Durable (MID) est un concept révolutionnaire préconisé par le Premier ministre. Mais, le projet, lancé depuis trois ans, n’a pas encore décollé.

? Et pour quelle raison ?

MID est constitué de fonctionnaires qui n’ont pas le même sens des priorités que les hommes politiques. Or, rien n’a été fait.

? Qu’est-ce qui aurait pu être accompli, par exemple ?

Permettre aux Mauriciens de produire leurs propres besoins en électricité à travers les panneaux photovoltaïques et l’éolienne, comme c’est le cas à La Réunion. L’Etat devrait subventionner l’achat des équipements, ce qui permettrait au projet MID de décoller. De plus, avec un tel projet, le pays est gagnant en termes d’économies de devises.

? Vous avez un faible pour le charbon pour la production de l’énergie. Pourquoi ?

Il est prévu que les réserves mondiales de produits pétroliers seront épuisées dans les 50 prochaines années. Pour ce qui est du charbon, il y en a pour encore 250 ans. Puis, il a été prouvé qu’en termes de prix, le charbon est plus économique. Donc, adopter le charbon, selon la technologique appropriée, offre le moins de risque de pollution. Cela fait quatre ans que je dis que le charbon est inévitable. C’est un mal nécessaire qui devra cohabiter dans le bouquet de production d’énergie composé, en outre, de l’huile et des sources énergétiques propres comme le soleil et le vent.

Propos recueillis par Marc ATCHIANE

Marc ATCHIANE