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Paul Jones : «Contrairement à La Réunion, Maurice souffre d’un manque d’accès aérien»

18 mai 2011, 17:15

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Le Chief Executive Officer de Naïade Resorts dresse un bilan sur les résultats atteints par le groupe hôtelier et nous parle des nouvelles perspectives...

Après sept trimestres de pertes, «Naïade» a dégagé des profits pour le second trimestre consécutif. Sur quoi avez-vous travaillé pour obtenir ce retour à la rentabilité ?

Premièrement, notre objectif était d’établir et de renforcer la fantastique équipe que nous avons à tous les niveaux, surtout dans les hôtels, afin d’offrir à nos clients une expérience unique.

Et les équipes au siège social et les bureaux régionaux ont vraiment travaillé en synergie. Aujourd’hui, les résultats parlent d’eux-mêmes. Deuxièmement, nous attribuons notre bonne performance à la stratégie «marketing» que nous avons mise en place à la fi n de l’année dernière, et qui commence à porter ces fruits. Nos résultats sont en hausse dans les trois pays où nous opérons. D’excellents résultats ont été réalisés par nos deux hôtels à La Réunion, ainsi que par Diva aux Maldives, celui-ci contribuant à 50 % des profits du Groupe pour le trimestre.

Vous avez entamé une véritable «révolution culturelle» à «Naïade». En quoi consiste-t-elle ?

Nous sommes dans un business où l’homme est au centre de nos activités. On peut avoir une stratégie marketing et de ventes bien fi celées, un réseau de distribution hors pair, des hôtels magnifiques, mais le service et l’accueil resteront les éléments clés de la réussite. Donc, au-delà du fait qu’il nous fallait remplir les chambres, nous devions surtout aller à la base, revoir notre vision, nos valeurs et notre raison d’être. C’est un chantier énorme que nous avons mis en place depuis octobre de l’année dernière, et nous n’avons pas chômé. Je suis satisfait aujourd’hui que tous les membres de nos équipes sont en train de travailler à fond sur ces messages, et ensemble, nous ferons de sorte à ce que Naïade sorte de la période difficile 2008-2010 beaucoup plus fort. En fait, nous avons l’ambition de construire un groupe d’hôtels digne des destinations où nous nous sommes implantées et pourquoi pas aller dans d’autres, qui veulent notre apport dans le métier. La «révolution culturelle» consiste donc à refaire notre ADN, à établir nos façons très distinctes de travailler et aussi de revoir tout notre système de formation, de motivation et de mettre sur pied un plan de carrière pour notre personnel.

Vous avez fait appel au consultant international Ron Kaufman. Quel va être son rôle ?

Ron est un ami qui travaille avec moi depuis de nombreuses années. Nous avons effectivement abattu un travail colossal ensemble, et j’ai pu voir les effets de ces formations. C’est d’ailleurs lui qui est le consultant chez Changi Airport, à Singapour, et plusieurs compagnies de service de renommée internationale. Il a le mérite d’avoir créé une culture de service dans cet aéroport, qui est une référence mondiale. Nos équipes à Maurice, à La Réunion et aux Maldives auront la chance de bénéficier de ces cours.

Où en est l’endettement de «Naïade» ?

Diva étant une filiale depuis janvier 2011, ses dettes sont désormais reflétées dans le bilan consolidé de Naïade. Les dettes du groupe, au 31 mars 2011, s’élevaient à Rs 5,9 milliards, contre Rs 4,5 milliards au 31 décembre 2010. Dépendant du traitement des obligations convertibles, le «gearing» du groupe se situe entre 54 % et 62 %, ce qui est raisonnable, en tenant compte que la norme dans l’industrie touristique est autour de 60 %.

Les chiffres concernant le tourisme sont encourageants. Ressentez-vous également cette embellie dans vos établissements ?

Il y a certes une reprise de la demande sur la plupart de nos destinations, mais malheureusement, pas sur tous nos marchés producteurs. Le taux de croissance des arrivées sur Maurice de janvier à mars était de 5,1 %, ce qui reste encore timide, si on mesure la grosse chute de 2009 et 2010. Malgré cela, les hôtels Naïade île Maurice ont connu une croissance de 17,7% des arrivées. Sur la même période, les Maldives ont enregistré une hausse sur le trimestre de 12 % et notre hôtel Diva une croissance de 56,7 %. La Réunion a enregistré une hausse du tourisme d’agrément de 5 %, alors que nos hôtels (Grand hôtel du Lagon et Le Récif) ont eu une croissance de 50 % sur les arrivées 2010. Ces résultats sont très encourageants, et démontrent que notre stratégie commerciale a été payante et que nos hôtels deviennent de plus en plus populaires.

Comment se présente la basse saison ?

La basse saison reste notre plus grosse priorité, car la demande reste faible. Cela est amplifié par une hausse importante, cette année, dans l’offre hôtelière de plus de 1200 chambres, soit une croissance 10 % de l’inventaire hôtelier. Nous savons aussi que ces nouveaux hôtels ouvrent leurs portes avec des offres très agressives, ce qui, forcément, baisse les tarifs sur le marché et stimulent une nouvelle guerre des prix. Pour Maurice, nous souffrons aussi d’un manque d’accès aérien. Contrairement aux Maldives ou à La Réunion, nous serons encore une fois restreints par le manque d’accès aérien et, bien sûr, des tarifs élevés pratiqués durant cette saison difficile. Nous avons vu l’année dernière (de juin à août) que les lignes aériennes qui desservent nos plus gros marchés ont enregistré des taux de remplissage d’environ 90 %, alors que les hôtels opèrent aux environs de 50 %. Cela montre clairement la limite pour la croissance des hôtels mauriciens.

Quels sont vos projets à La Réunion ?

Je suis extrêmement conforté par notre présence à La Réunion. Premièrement, je suis impressionné par la détermination avec laquelle le président de la région, Monsieur Didier Robert, travaille pour s’assurer que le tourisme décolle dans les meilleures conditions. En deuxième lieu, le soutien accordé par l’«Ile de la Réunion tourisme» est très positif. Je me réjouis du fait qu’ils ont revu leur politique d’accès aérien et pris la décision d’optimiser la route triangulaire Europe-Réunion- Maurice. Le week-end dernier, j’étais à l’île soeur, avec les grands professionnels du tourisme qui sont venus de Paris. Il est réconfortant de voir le progrès accompli en termes d’expérience et surtout de service. Cet élément a tout de suite mis ces professionnels en confiance et ils pourront promouvoir la destination. Ce n’est que le début pour nous ces résultats positifs viennent après des années de vaches maigres. Je suis confiant que les résultats se stabiliseront, et nous pourrons alors songer au développement futur.

Quels sont vos prochains objectifs ?

Nous travaillons d’arrache-pied sur plusieurs projets simultanément. Cependant, nous nous focalisons sur ce que nous avons, pas sur ce que nous ne possédons pas. Nous sommes confiants d’avoir atteint le standard requis dans tous les secteurs. Nous sommes sur la bonne voie. Nous vous communiquerons nos projets en temps et lieu. J’accorde surtout toute ma confiance à l’équipe qui travaille autour de moi, et je voudrais les remercier et les féliciter pour leur dévouement.

Propos recueillis par Pierrick Pédel