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Paul Jones CEO de LUX* Resorts
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Paul Jones CEO de LUX* Resorts
«Le all-inclusive ne doit pas être critiqué car il a attiré beaucoup de clients à Maurice.»
Etes-vous satisfait de votre bilan financier pour l’année qui s''''est terminée le 30 juin 2012 ?
Le contexte difficile tant au niveau local qu’international nous a tout de même permis de dégager des bénéfices, après avoir absorbé le coût du rebranding ( non récurrent) qui s’élève autour de Rs 80 millions. Nous sommes très satisfaits de la situation suite au lancement de notre nouveau brand en décembre. Ce mois- ci, nous avons reçu le Luxury Travel Supplier à Londres pour l’année 2012, décerné par TTG, une des plus prestigieuses agences britanniques du monde du voyage. C’est une grande fierté pour nous et une preuve que notre travail auprès des tours- opérateurs, suite au rebranding, porte ses fruits.
Les retours que nous avons en ce sens sont très positifs.
Quelles sont les tendances pour l’année financière 2012- 2013, et en ce qu’il s’agit des réservations pour la fi• de 2012, comparées à fin 2011 ?
Les réservations pour les hôtels du groupe pour la fin  de 2012 sont au même niveau que celles de l’année dernière.
Beaucoup d''opérateurs de l’hôtellerie ne voient pas d''un bon oeil le « All Inclusive Package ». Cela vous a- t- il vraiment aidés, et dans quelle mesure ?
Pour moi le client est roi, surtout depuis 2008. Il dispose de moins d’argent à dépenser et cherche surtout la solution où il trouvera le meilleur rapport qualité/ prix. Dans l’hôtellerie, le concept All Inclusive représente une de ces solutions. De ce fait, ce concept ne doit pas être dénigré ou critiqué car il nous a permis d’attirer une partie non négligeable de la clientèle qui a pu choisir Maurice comme destination de vacances.
Est- il possible de quantifier l’impact de la crise financière internationale sur les finances de l’hôtellerie depuis 2008 ?
Le revenu moyen par chambre en 2012 par rapport à celui de 2008 a connu une baisse de 20 % en moyenne en roupie courante. Si nous prenons en considération que les recettes touristiques pour une année s’élèvent autour de Rs 42 milliards, l’impact de la crise financière est approximativement de Rs 8,5 milliards par an.
Le Fonds monétaire international a révisé à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2013. Quel pourrait être l’impact sur le secteur touristique ?
Toute baisse au niveau de la croissance mondiale va influer sur le secteur qui va se battre sur un marché qui rétrécit et cela aura donc pour conséquence la continuité de la guerre des prix.
Votre commentaire sur l’initiative des Iles Vanilles. Quel a été son impact sur le développement du tourisme mauricien ?
Le concept des Iles Vanilles me plaît énormément. Je pense que c’est l’accès aérien qui jouera un rôle déterminant dans le succès de cette initiative. Le prix du billet entre Maurice et La Réunion est actuellement prohibitif et n’aide pas l’accessibilité entre les deux destinations. Mais il va sans dire que, groupés, nous sommes plus forts et que ce concept aidera toutes les destinations concernées.
L’île Maurice et l’île de La Réunion sont complémentaires et il est judicieux de combiner nos forces pour faire face à la situation mondiale. Cependant il y a encore un gros travail à faire au niveau de la promotion et de la politique de prix afin que cette initiative ait un sens et devienne complètement productive.
La cinquième liberté de l’air est- elle une solution pour attirer plus de touristes venant d’Asie et d’Europe, qui vont vers l’Afrique du Sud ? Cela peut- il aider notre industrie touristique ?
 Je ne suis pas un expert de l’industrie aérienne. Cependant, il est définitivement évident que nous avons désespérément besoin de sièges d’avions supplémentaires afin de remplir les chambres d’hôtels actuellement disponibles sur le marché. En prenant en considération une croissance de 10 % en termes de chambres d’hôtel l’année prochaine, nous pouvons dire que nous serions sérieusement affectés, non seulement avec un taux d’occupation en baisse mais également avec une politique de prix réduits. Cela entraînera une situation dangereuse et sans parallèle, jamais connue dans l’histoire de l’industrie touristique mauricienne.
Les Maldives attirent beaucoup de touristes chinois ?
Ne peut- on pas les attirer aussi à Maurice et pourquoi ? De quoi manquons- nous ? Les arrivées aux Maldives ont augmenté de 10 % par rapport à l’exercice précédent, malgré un ralentissement pour la période de février à juin, à la suite de la crise politique qu’a connue ce pays en février dernier. Les Maldives sont très populaires en Chine et ce marché représente aujourd’hui 22 % des arrivées. Nous pouvons directement lier l’augmentation des arrivées de la Chine aux Maldives à la politique d’accès aérien de ce pays. De ce fait, le chiffre d’affaires de Lux Maldives a dépassé la barre de Rs 1 milliard et le profit opérationnel a doublé par rapport à l’exercice précédent.
.. .. Quelles stratégies « Lux* Resorts » a- t- il mis en place pour faire face à l’environnement difficile ?
Une de nos stratégies a été d''investir dans les nouveaux marchés que nous considérons comme étant prometteurs, comme la Chine, la Russie, l’Inde et le Moyen- Orient, sans toutefois négliger nos marchés traditionnels.
Nous formons notre personnel afin qu’il puisse déjà converser dans ces langues pour que les clients soient à l’aise. De plus, nous avons formé nos chefs car nous avons remarqué que les touristes chinois préfèrent manger la même nourriture que celle qu’ils trouvent chez eux. Nous nous adaptons à ces nouveaux marchés, et des campagnes ont été mises en place, tant chez LUX* Resorts que de la part de la MTPA, pour exposer la destination aux Chinois. Par exemple, le Rose Wedding qui aura lieu demain au Tamassa et qui sera diffusé à la télévision chinoise devant plusieurs millions de personnes.
Et les vols entre Maurice et la Chine ?
Si nous n’avons pas de vols directs entre Maurice et la Chine, il nous sera difficile de faire venir ces touristes ici. Je crois fermement que le marché chinois sera extrêmement positif pour l’île Maurice et la desserte aérienne qui sera proposée par Air Mauritius deux fois par semaine vers Shanghai à compter de janvier sera un premier pas important et crucial qui produira de bons résultats.
Cependant, il ne faut pas oublier que la Chine a beaucoup de villes égales à celle de Shanghai en termes de clients potentiels, par exemple Beijing. Nous devons nous fixer comme objectif sur le court terme d’obtenir des vols directs sur ces villes également.
Le gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, n’a pas été tendre à l’égard de l’endettement du privé, dont l’hôtellerie. Comment réagissez vous à ses propos ?
Les groupes hôteliers ont investi juste avant la crise sur la base des occupations et des revenus moyens par chambre avant 2008. Ces revenus ayant connu une baisse de l’ordre de 20 %, il devient de plus en plus difficile pour les hôteliers de rembourser leurs dettes. Nous croyons que l’endettement des groupes hôteliers est un fait et le gouverneur de la Banque centrale a reconnu cet état des choses en mettant à la disposition des hôteliers la ligne de crédit pour les aider à ce niveau.
La ligne de crédit de la Banque de Maurice vous aide- t- elle ?
Nous avons déjà fait la demande auprès des banques commerciales et nous voudrions convertir au moins 70 % de nos dettes qui sont actuellement en roupies, en devises. Cette conversion éventuelle nous permettra de nous protéger contre le risque de change étant donné que plus de 90 % de nos recettes sont en devises.
Cela nous aidera aussi à réduire nos frais financiers substantiellement. Je souhaite également saluer l’initiative du gouverneur de la Banque de Maurice, mais il semblerait que les banques commerciales et la Banque centrale n’aient pas encore trouvé l’instrument financier approprié pour absorber le surplus de roupies résultant de la conversion.
Que proposez- vous pour le budget 2013 pour donner une bouffée d’air frais au secteur touristique ?
Au niveau de l’accès aérien, par exemple ? Le ministre des Finances est à l’écoute de l’industrie touristique et nous savons qu’il comprend à la fois les enjeux et les défis de la situation actuelle. Si rien n’est fait rapidement, la situation risque d’empirer car il y aura bientôt encore plus de chambres opérationnelles sur la destination.
Nous souhaitons donc que le ministre prenne des mesures fortes pour aider l’industrie sur l’accès aérien et la diversification de nos marchés, la parité de la roupie par rapport aux principales devises, la promotion de nos marchés traditionnels et des marchés émergents cités précédemment et la mise en oeuvre de la conversion de nos dettes en roupies en devises, en utilisant la ligne de crédit mise en place par la Banque de Maurice.
« Air Mauritius » a supprimé plusieurs vols sur l’Europe. Dans quelle mesure cela vous affectet- il ?
L’ouverture de l’espace aérien est- elle vraiment une solution à la crise ? Est- ce qu'' « Air Mauritius » risque d''y laisser des plumes ? L’accès aérien continue à être un problème et nous pensons que sans ouverture sur des marchés comme la Chine, la Russie ou le Moyen- Orient, il sera diffi cile pour le secteur de s’en sortir. Ce n’est un secret pour personne que les marchés qui ne sont plus desservis par la compagnie nationale d''aviation ont souffert et que cela n’a pas aidé l’industrie en général.
Cependant, il est clair et évident qu’ Air Mauritius doit également prendre en considération sa stratégie de survie.
Quels sont les futurs projets de « LUX* Resorts » ?
Nous nous concentrons plus sur ce que nous avons plutôt que sur ce que nous n’avons pas. Nous devons nous assurer que nos opérations existantes soient optimisées en termes de revenus et de coûts. De cette façon, nous assurerons les conditions nécessaires à notre croissance. Bien entendu, nous souhaiterions également nous diversifier et élargir notre portefeuille d’activités et suivons dans cette optique notre stratégie en vue d’obtenir des contrats de gestion.
 
Propos recueillis par Alain BARBÉ
 
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