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Paul Jones : « Mon objectif premier est de restaurer la profitabilité du groupe »

6 octobre 2010, 11:30

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Quelle est la situation du tourisme mondial ?

Le tourisme mondial est marqué par une compétition accrue dans un marché saturé par une abondance d’offres. Les clients sont devenus de plus en plus exigeants et sont à la recherche du «best value for money». On constate aussi l’émergence de nouveaux marchés émetteurs de touristes avec l’Inde, la Chine et pays du Moyen-Orient, alors qu’en parallèle, les Européens ont tendance à voyager de moins en moins loin – souvent à l’intérieur même de leur pays – ou au sein des pays voisins. La menace terroriste impacte aussi fortement sur les arrivées touristiques dans certains pays, mais Maurice échappe fort heureusement à cela. De nouvelles tendances voient en outre le jour, avec le tourisme vert ou le tourisme médical.

Vous avez été absent de Maurice pendant longtemps. Qu’est-ce qui a changé dans le secteur de l’hôtellerie dans l’île ?

Huit ans ! Ça a été long et je suis très content d’être de retour «chez moi». Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de chambres d’hôtels, avec notamment l’implantation sur l’île des grands groupes hôteliers de renommée internationale. L’augmentation de l’offre a conduit à une érosion des marges. Pour le moment, je n’ai pas encore pu constater si la qualité des offres s’était améliorée. Maurice a souffert de la compétition des destinations voisines telles que les Seychelles, les Maldives ou encore Dubayy, ces dernières ayant considérablement rehaussé leurs produits, qui sont de très haut standing et ont adopté une stratégie marketing dynamique et performante. Suivant la tendance du tourisme mondial, Maurice connait une légère baisse des arrivées de sa clientèle européenne traditionnelle et l’augmentation des arrivées de touristes provenant de «nouveaux marchés». La destination Maurice aura vraisemblablement à s’adapter à ces nouveaux touristes et à leurs demandes.

Vous relevez un nouveau défi chez Naïade. Pourquoi ?

Comme je l’ai dis précédemment, j’étais content d’être de retour à Maurice après ma retraite du One&Only. Par ailleurs, la réponse est dans votre question, «relever un défi» est quelque chose de très excitant – qui anime et stimule tout être humain. Comme l’écrit le philosophe Joshua J. Marine : «Challenges are what make life interesting, overcoming them it is what makes life meaningful». Au-delà du fait même de relever ce défi, le groupe Naïade Resorts possède de très beaux produits avec un véritable potentiel. Il est vrai que le groupe rencontre actuellement certaines difficultés dues à des investissements massifs juste avant la crise économique qui a frappé de plein fouet nos principaux marchés émetteurs. Je vais donc utiliser toute mon expérience de l’industrie touristique et faire jouer mon réseau, notamment avec les tour-opérateurs, afin de redynamiser les réservations. Aussi, il va falloir exploiter au maximum d’autres canaux de distribution.

Quelles vont être vos fonctions exactes chez Naïade ? Quel va être le partage des tâches avec Patrice Hardy ?

J’ai été nommé Chief Executive Offi cer, ce qui signifie que je suis responsable de toutes les opérations de la compagnie et que je me dois de répondre au Chairman, Arnaud Lagesse, et à l’ensemble du Board des directeurs. Mon objectif premier sera de restaurer la profitabilité du groupe, et ce avec l’entière collaboration de Patrice Hardy, qui connaît le produit Naïade mieux que quiconque. Dès lors, nous allons donner de tout notre temps et travailler ensemble afin de créer de véritables synergies. L’union fait la force et je pense qu’en ces temps de crise, il est très important de se serrer les coudes et d’avancer ensemble pour un futur meilleur, et ayant pour objectif ultime d’atteindre ceux fixés par le Board de direction.

Quels sont les grands axes sur lesquels vous allez commencer à travailler ?

Je vais tout d’abord procéder à un état des lieux, en allant visiter tous les hôtels mauriciens, et rencontrer les personnes clés de ces hôtels, qui m’aideront à définir les points forts et faibles de chaque entité. Dès que possible, j’irai aussi visiter les hôtels de La Réunion et celui des Maldives. Je pense aussi passer le plus de temps possible avec les responsables du marketing et des ventes afin de comprendre leur positionnement et des les aider à peaufiner leur stratégie. Je suis d’ailleurs très impatient de travailler en collaboration avec Julian Hagger, le nouveau Sales & Marketing Officer de Naïade. Je vais aussi m’atteler à comprendre comment augmenter nos revenus tout en diminuant nos coûts. L’important sera d’écouter et de comprendre les employés de Naïade afin de créer un changement positif au sein de cette organisation, et à terme, d’optimiser tous nos actifs afin de créer de la valeur pour les actionnaires.

Quels sont les atouts de Naïade pour faire face à la crise ?

Naïade a plus d’un atout dans ses manches. Le groupe dispose de produits abordables, qui apportent satisfaction aux touristes – en termes de «good value for money». Il peut compter sur des employés de grande qualité et sur une équipe dirigeante dynamique, prête à relever les défis qui s’imposent. La Holding Company – qui détient des actifs solides et qui soutient le groupe à 100 % constitue également un atout non négligeable. L’hôtel Diva aux Maldives est à lui tout seul un atout, dans le sens où il constitue une véritable diversification du portefeuille de Naïade – avec une destination en dollars, déjà très bien positionnée sur les marchés asiatiques. Comme tout le monde le sait, je suis constamment à la recherche de la qualité et du meilleur service dans tous les domaines dans lesquels je m’investis et Naïade ne dérogera pas à cette règle, bien au contraire ! Au-delà de ce service et de cette qualité, j’accorde une importance toute particulière à la dimension qui doit se ressentir dans toutes nos activités le sens du service étant dans les gênes même des Mauriciens, il faut qu’on montre aux touristes que l’on a du coeur et qu’ils aient envie de revenir dans notre île.

Que va permettre la restructuration financière de Naïade ?

Elle va permettre trois choses essentielles. D’abord la diminution de l’endettement à long terme. Ensuite, la recapitalisation de Diva, qui va maintenant devenir une filiale du groupe. Enfin, l’amélioration en matsière de fonds de roulement (working capital) va permettre aux activités de fonctionner de façon plus sereine.

Propos recueillis par Pierrick PEDEL


 

Pierrick PEDEL