Publicité

Paula Atchia: «L’avortement est contre les droits de la femme»

10 avril 2009, 18:52

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

L’enseignante, qui se dit aussi féministe activiste, fait son réquisitoire contre l’avortement.

Pourquoi êtes-vous contre l’avortement?

Je suis contre l’avortement comme action et aussi comme projet de loi. Car l’avortement implique la mort d’un être vivant. Au moment de l’acte, le bébé peut ne pas être encore viable mais il le devient après un certain temps. Dans certains pays, on tue des fœtus féminins, arrivés à un stade de développement avancé, parce qu’on ne veut pas de filles. On pratique une sorte d’infanticide sélectif. A termes dans certains pays, on se retrouve avec une population qui a un nombre insuffisant de jeunes pour le marché du travail. A la longue, l’avortement culmine à l’euthanasie.

 

Comment l’avortement peut-il aboutir à l’euthanasie?

Quand on tue un enfant en disant que son corps étant sa propriété et que, par conséquent, on en dispose comme on veut, on peut utiliser le même argument pour mettre fin à ses jours. J’insiste: avec l’avortement, on tue un enfant. Or, il y a d’autres initiatives qui peuvent être prises qui ne sont pas aussi fatales qu’un avortement. Comme l’adoption. Il y a des millions de femmes qui souhaitent adopter un enfant surtout venant des pays pauvres. En définitif, l’avortement est contre les droits de la femme.

N’est-ce pas justement le droit de la femme que de décider si oui ou non elle veut pratiquer un avortement?

Il faut surtout retenir que c’est la femme qui paie moralement pour l’acte. L’homme, lui, ne paie qu’une somme d’argent, Rs 4 000 ou Rs 5 000. Mais la femme, elle, porte sa souffrance durant des années. Je connais une femme qui, 20 ans après, pense toujours à cet enfant qu’elle a perdu. Il faut aussi se dire que s’il y a une femme qui ne veut pas d’un enfant qu’elle porte, il y a, à côté, des dizaines d’autres qui en veulent. On doit pouvoir trouver, à Maurice et à l’étranger, des familles d’adoption. Mais ce sera surtout un travail d’organisation. L’Etat se doit d’assumer ses responsabilités en ce sens.

Vous maintenez que même une femme violée doit garder son enfant?

On enregistre effectivement beaucoup de cas de viol à Maurice. Je dirai qu’il faut d’abord s’assurer que la victime d’un viol voire d’un inceste ne se retrouve pas enceinte. Une fois que le cas est rapporté, il faut immédiatement réaliser des tests médicaux préliminaires. Ensuite une deuxième série d’actions médicales doit être prise, comme un curetage.

Celles et ceux qui sont pour l’avortement disent que des personnes comme vous n’agissent qu’au nom de la morale et de la religion et que votre position n’a aucune prise sur la réalité…

J’ai effectivement entendu ce genre de discours. Notre position ne serait que purement éthique ou religieuse. Je voudrais seulement dire que je suis catholique mais ce n’est pas toujours que je m’aligne sur la position de l’église. Je pense, par exemple, que l’église a tort lorsque, dans le passé, elle n’a pas accepté que tous les moyens de contraception sont préférables à une grossesse non-désirée. Pour éviter une grossesse, il faut pouvoir utiliser des moyens de contraception. Il faut pouvoir comprendre la femme, qui a déjà trois ou quatre enfants et qui est pauvre, qui ne veut pas d’un nouvel enfant. Il faut donner une porte de sortie à cette femme. Mais je précise, l’avortement n’est pas une méthode de contraception.