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Pointe-aux-Sables: Vassen Caullychurn, un SDF qui campe à la plage

5 avril 2014, 21:32

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Pointe-aux-Sables: Vassen Caullychurn, un SDF qui campe à la plage

 

Cela fait huit mois qu’il dort à la belle étoile... Vassen Caullychurn, 58 ans, a «pike» sa tente sur la plage de Pointe-aux-Sables. Son abri de fortune est composé de morceaux de fibre de verre provenant d’une vieille pirogue. Et malgré les aléas de la vie, cet ancien pensionnaire d’une maison de retraite mène sa barque comme il peut, contre vents et marées. Histoire de ne pas sombrer dans le désespoir et garder la tête hors de l’eau.

 

«Je suis un ancien habitant de la ville lumière», souligne le quinquagénaire. Mais cela fait longtemps que celles qui illuminaient son regard se sont éteintes. Rongé par une longue maladie, sa capacité physique a été réduite à plus de 70%. «Cela a été une descente aux enfers», confie-t-il, la voix empreinte d’émotion. «Après un séjour prolongé à l’hôpital Victoria, je suis allé frapper à la porte d’une maison de retraite. J’y ai vécu des expériences traumatisantes...» Et d’ajouter qu’il ne souhaite pas en parler davantage, ses plaies émotionnelles étant encore à vif.

 

Quid de sa famille ? Vassen Caullychurn explique qu’il n’est pas marié et qu’il n’est pas en bons termes avec ses proches. «J’ai choisi de m’installer ici pour ne plus souffrir de l’exploitation et du mépris des autres, pour être libre de mes actions. J’ai pris le pari de vivre comme ça, quelles que soient les conditions. Même s’il faut payer le prix fort, je tiens avant tout à ma dignité.» À tel point qu’il préfère «mor dan mo ti kwin mem dan lanonyma», insiste cet ancien élève du collège Eden de Rose-Hill, qui jouit d’une grande popularité à Pointe-aux-Sables.

 

Une pension de Rs 3 200

 

Alors, pour vivre, le quinquagénaire se démène avec sa pension, qui s’élève à Rs 3 200 mensuellement. «Je gère mes dépenses de manière judicieuse, même si je ne paie pas de facture d’eau ou d’électricité et que je n’ai pas de loyer», souligne-t-il.

 

Son argent, il l’utilise pour s’acheter des vivres, pour se faire plaisir pendant la journée, lorsqu’une petite fringale le taquine. Il économise également ses sous afin de se rendre à ses rendez-vous à l’hôpital Victoria, pour poursuivre son traitement.

 

«Mo pran mo bain enba dous ki truv lor laplaz. Ou kapav diman nimport ki dimoun isi dan landrwa, mo pa kontan diman naryen», précise Vassen Caullychurn.

 

«Je dois assumer cette vie»

 

Certaines personnes se sont quand même prises d’amitié pour lui. «Ena enn fami ki vinn kit manze ou bien bann pikniker donn mwa enn ti kitsoz. Ena invit mwa partaz zot repa ek ofer mwa enn ti grog.» Et d’ajouter : «Depi ki mo isi zame mo finn dormi vant vid...»

 

Parmi ceux que le SDF a touchés : Marie Claude, employée d’une firme privée, et dont la tâche consiste à nettoyer cette plage. Avec le temps, elle a fini par développer de la sympathie pour Vassen. Chaque matin, elle lui apporte une chopine de thé et parfois un morceau de pain. «Li viv so lavi trankil isi. Li pa agas personn e li pa kontan dimande», dit cette dame au grand cœur.

 

Preuve que, «si jamais je tombe malade, j’ai des gens sur qui je peux compter. J’ai aussi demandé à quelques amis pêcheurs du coin de me rendre une petite visite après chaque sortie en mer. Je suis croyant, il y aura certainement quelqu’un pour me sauver ce jour-là. De toute façon, je dois assumer cette vie car c’est moi qui l’ai choisie et personne d’autre».