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Portrait : Devancer le rythme des technologies

7 avril 2010, 00:00

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Portrait : Devancer le rythme des technologies

La journée de Su Lin Ong commence avant même qu’elle n’arrive au bureau. Pendant le trajet – elle dit l’embouteillage – d’une heure et demie entre son domicile à Floréal et la capitale, elle a déjà répondu à plusieurs appels. «Quand je peux», justifie-t-elle avec un sourire.

Une fois rendue au 5ème étage de De Chazal Du Mée (DCDM) Consulting, en face du Champ de Mars, Su Lin Ong reste en mode urgence. Effectivement, dans l’univers des technologies de l’information, le prochain pas n’attend pas. Quand tout est sous contrôle parmi les 170 consultants qu’elle dirige, cette associée se pose enfin pour se raconter avec l’énergie qui la caractérise.

Des quatre associés chez DCDM Consulting, Su Lin Ong en est la seule femme. Elle est celle qui a valu à DCDM Consulting de décrocher le prix d’Industry Partner of Choice 2010, une distinction par laquelle Oracle honore ses partenaires pour leur performance de l’année.

Derrière ses lunettes griffées, Su Ling Ong, d’origine malaise, s’occupe des affaires de cette société de services conseils en informatique à Maurice, à Madagascar ainsi que dans certains pays européens anglophones. Cela signifie pour elle «travailler dur pour rester au top». Elle ajoute : «Cela bouge très vite, il faut toujours avoir une longueur d’avance dans un marché à la fois dynamique et mouvementé».

Comment alors s’adapter à ce rythme qui «n’a rien à voir avec du 9h à 16h» ? Ses yeux pétillent : «Vous devez aimer cette vie. Vous devez aimer les défi s intellectuels et surtout aimer rencontrer les gens». Elle réfléchit et esquisse un sourire, «peut-être qu’il faut aussi avoir un brin de folie».

Pas femme à avoir peur des paradoxes, elle enchaîne tout de suite en expliquant que la règle numéro un est d’être très disciplinée. «Il y a seulement un certain nombre de choses que vous pouvez accomplir dans une journée. Vous devez accepter que vous avez besoin d’être aidée». Là, c’est la patronne qui parle. «Vous savez, cela fait partie de mon travail de m’assurer que l’équipe peut faire carrière, qu’à chaque étape, elle apprend des choses. La seule façon de gravir les échelons, c’est de leur donner des responsabilités. Attention, cela ne veut pas dire que je ne dois pas rendre des comptes, mais c’est bon pour le bureau quand on le responsabilise».

C’est l’expérience qui parle, celle d’un chef sensible au sort de son équipe. Su Ling Ong est une supérieure hiérarchique à qui ce n’est pas rare que les plus jeunes membres de son équipe (des femmes) confient qu’elles aimeraient bien lui ressembler un jour. «Vous savez, ce n’est pas tout le monde qui ne travaille que pour l’argent. Les Mauriciens sont fi ers de travailler pour telle ou telle enseigne, ils ont un sens d’appartenance. Ce n’est pas que 170 employés qui sont là, ce sont 170 familles. Bien sûr, il faut de la discipline, aussi longtemps que vous êtes juste. Si vous êtes perçue comme étant juste, on vous respectera. J’essaie d’être un modèle».

C’est une valeur acquise dès son plus jeune âge, dans sa Malaisie natale aux côtés d’un père directeur de l’Education, disparu il y a six mois. «Mes deux soeurs aînées – l’une est comptable comme moi, l’autre est cardiologue – et moi, nous avons eu une vie privilégiée. Il y a treize Etats en Malaisie et nous suivions notre père à chaque fois qu’il était posté quelque part». Su Lin Ong se souvient que son père disait toujours que «l’éducation est la meilleure échelle sociale» mais surtout que le succès c’est «99% de transpiration, 1% d’inspiration». Son énergie et son inspiration lui viennent aussi de ses trois enfants qui sont des adolescents de 12, 14 et 16 ans.

«J’ai de la chance, ils travaillent plutôt bien à l’école», dit-elle d’emblée de ses jeunes qui fréquentent le Queen Elizabeth College pour l’une, le Collège Royal et le Collège Sainte Marie pour les autres. «Je prends toujours du temps pour être avec eux. Les adolescents, vous savez, ils ont besoin de parler, alors moi aussi je leur raconte ma journée».

Elle est aussi méthodique comme maman que comme associée de DCDM Consulting. En effet, elle sait s’organiser pour que le dîner soit prêt à l’heure. De surcroît, elle s’essaie à «être une bouddhiste oui mais pratique, parce que vous avez quand même besoin d’accumuler quelques biens matériels.» «Je pense qu’il faut surtout faire le bien. Si vous en faites autour de vous, cela reviendra vers vous», poursuit-elle.
Professionnelle et mère de famille, elle se réveille avant 6h pour aller marcher et respirer le bon air du matin, celui qui «vous aide à avoir les idées en place». Su Lin Ong est une superwoman qui confesse qu’à 22h, elle est «morte». «J’ai la chance d’avoir un époux très compréhensif».

Son mari est un Mauricien qu’elle a suivi chez nous, 20 ans de cela, après ses études en Grande-Bretagne. «Quand il m’a parlé de Maurice, j’ai dit, mais où c’est ça ? Il y a 20 ans quand je suis arrivée, j’ai eu un peu de mal à m’adapter. Il n’y avait pas de supermarchés partout comme maintenant. Je ne savais pas où faire du shopping». Maintenant qu’elle a trouvé ses repères, Su Lin Ong est d’avis que «Maurice est un bon endroit pour élever ses enfants.»

Aline GROËME-HARMON