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Pour une roupie de plus

26 octobre 2012, 00:00

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Chacun le sait : un produit en forte demande voit son prix monter.

Ainsi, quand un ministre des Finances fait acheter pour 100 millions de dollars, cela est susceptible de faire apprécier le billet vert et, vu autrement, de faire déprécier la roupie. Ce n’est pas ce que souhaitent la Banque de Maurice et son gouverneur il est clair que nous sommes pris à témoin d’une très vive divergence de vues entre ces derniers et le ministre des Finances, Xavier Duval. Est- ce souhaitable ? Le banquier central veut contenir l’inflation et défendre le pouvoir d’achat de ceux qui ont un salaire le ministre des Finances veut soutenir la croissance, dans l’espoir qu’elle générera du travail et des revenus nouveaux. On accuse Duval de s’attaquer à l’indépendance de la Banque de Maurice. Qu’en est- il exactement de cette liberté d’action des banques centrales vis- à- vis de l’exécutif ? En Grande- Bretagne, c’est au mois de mai 1997, seulement quatre jours après l’arrivée aux affaires du premier gouvernement Blair, que le chancelier de l’échiquier, Gordon Brown, annonça la décision d’accorder sa pleine indépendance à la Bank of England . Cela, après l’unique rencontre de M. Brown avec le légendaire gouverneur Eddie George. En contrepartie de indépendance accordée pour les taux d’intérêts, c’est toujours l’ Exchequer qui annonce le taux d’inflation souhaité par l’exécutif. Aux États- Unis, le Chairman de la Federal Reserve est nommé par le président mais cela doit être confirmé par le Congrès, devant lequel il doit aussi rendre compte de sa politique deux fois par an.

Indépendance, oui, mais pas sans accountability face à la légitimité démocratique.

Les postures théoriques pour justifier la roupie forte ou la roupie faible sont connues. Ce qui nous manque, et on compte sur nos universitaires pour cela, ce sont de vraies projections. Si au lieu de coûter Rs 30, le dollar coûtait Rs 29 ou Rs 31, soit une variation de 3,3 %, et de même pour l’euro, quelle incidence totale sur nos exportations comme sur nos importations, sur l’inflation par la liquidité, sur la hausse des prix par le coût à l’achat, sur la balance commerciale, la pression sur les carburants, etc.

Il nous faut de vraies modélisations, les projections les plus fiables possibles. Faute de quoi, nous ne serons que les amplificateurs sans opinion réelle d’une querelle idéologique.

Si ce n’est pire.
 

Gilbert AHNEE