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Pourquoi il n’y a pas d’audit des pratiques médicales à Maurice

2 janvier 2009, 01:00

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Pourquoi il n’y a pas d’audit des pratiques médicales à Maurice

A Maurice, le médecin est un demi-dieu. Le patient, dans certains cas, n’obtient même pas les explications qu’il est en droit d’avoir. C’est toute une mentalité qu’il importe de changer.

C’est le constat auquel parvient Reetoo Banarsee, un Mauricien qui est directeur du «Welfare Research Network/Applied Research Unit», à l’Imperial College de Londres. C’est un réseau d’audit et de recherche du système médical en Angleterre. «Notre responsabilité est de veiller que les pratiques correspondent aux normes. C’est ce qui fait qu’un patient, en Angleterre, a plus ou moins le même traitement peu importe la ville où il est», explique Reetoo Banarsee, qui est aussi co-auteur de plusieurs ouvrages couvrant son secteur.

A la tête d’un service aussi important dans une université aussi prestigieuse, notre compatriote se refuse de demeurer insensible au système mauricien. Un système qui fonctionne souvent au détriment des patients. C’est la raison pour laquelle Reetoo Banarsee plaide auprès de l’Etat mauricien pour introduire un système d’audit du réseau médical. L’année dernière, lui-même et d’autres au nom de l’Imperial College, ont animé une conférence en ce sens. Un dossier a été soumis aux autorités concernées. Hormis des récépissés lapidaires, point de suite au dossier. «Je ne comprends toujours pas ce silence. Il faut savoir que nous ne faisons pas cela pour des raisons mercantiles. Moi, je veux seulement contribuer. Je ne m’attends pas à recevoir un sou», assure notre interlocuteur.

Le «Welfare Research Network», modèle qui pourrait inspirer les autorités mauriciennes, permet d’harmoniser les pratiques médicales. C’est aussi un système qui garantit au patient un traitement adéquat, correspondant à des normes précises. Un médecin est, par exemple, tenu à s’assurer qu’un patient diabétique se soumet à un certain nombre de tests obligatoires sur une année. Les pharmaciens sont également soumis à ce régime d’audit

«Il faut un système de contrôle individuel, collectif et gouvernemental. On ne devient pas médecin uniquement parce qu’on a un diplôme. Il y a des critères à remplir, des compétences à prouver, des normes à respecter. Pourquoi ce ne serait pas possible à Maurice. L’Imperial College, l’une des plus prestigieuses universités au monde, a proposé de faciliter la mise en place d’un système de contrôle à Maurice. En vain. Pourtant les choses risquent de se compliquer. On veut, à Maurice, avoir plus de deux millions de touristes par an. Ce qui est presque le double de la population. Sans les infrastructures nécessaires et surtout un contrôle effectif du système, est-ce qu’on sera en mesure de répondre aux besoins médicaux de toutes ces personnes? Il faut un système d’audit indépendant», plaide Reetoo Banarsee.

Un système de contrôle n’est pas un processus punitif. Il permet, entre autres, de s’assurer que le médecin s’est adapté aux technologies et aux nouvelles pratiques recommandées. En Angleterre, le médecin subit, chaque cinq an, un contrôle qui permet de vérifier s’il s’est renouvelé. «Nous devons nous réveiller à Maurice. Le patient doit être informé de ses droits. D’ailleurs, il paie pour les services. Il doit comprendre ce qu’on lui propose. Cela ne peut être si le médecin se prend pour un demi-dieu. Le patient doit être encouragé à interroger les pratiques des médecins. Il faut changer de culture», conclut Reetoo Banarsee.

Ce qui pourrait ne pas faire plaisir à certains. Mais, en même temps, il est des vérités qu’on ne peut taire éternellement…

Nazim ESOOF