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Père Grégoire: «Ce n’est pas à moi de dire qui doit faire alliance avec qui»

2 septembre 2009, 19:14

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Le président de la Fédération des Créoles Mauriciens revient sur sa présence au dîner réunissant Xavier Luc Duval et Maurice Allet.

Que faisiez le père Grégoire dans un dîner entre deux dirigeants politiques créoles, Xavier Luc Duval et Maurice Allet?

J’ai été formé pour être à l’écoute des gens. J’écoute lorsqu’on me sollicite. Depuis un certain temps, j’ai été amené à côtoyer la famille Allet. Par exemple, j’ai béni la nouvelle maison de Maurice Allet à Pointe-aux-Canonniers. C’est lors d’une de ces rencontres que Maurice Allet a évoqué son déjeuner avec Xavier Luc Duval. Je l’ai écouté. Il a, par la suite, parlé du dîner avec Xavier Luc Duval. Il a peut-être pensé que la présence d’un prêtre pouvait garantir une oreille objective à cette soirée. J’ai accepté d’y être.

Quel est le sens de cette présence?

Je suis un facilitateur. Nous essayons d’unir les groupements créoles au sein d’une fédération afin que nous travaillions tous, au-delà de nos appartenances et sensibilités politiques et partisanes, pour une même cause.

A ce titre, peut-être que Xavier Luc Duval et Maurice Allet ont estimé, qu’en tant que prêtre et psychologue, ma présence allait permettre une écoute positive. Lorsqu’ils ont parlé de réunification, je pense qu’ils feront ce qu’ils considèrent meilleur pour eux.

Vous êtes bien conscient que votre présence à un pareil dîner va alimenter les discussions sur votre rôle. Un prêtre qui se mêle de si près de la politique…

Au niveau de la Fédération des Créoles Mauriciens, notre objectif, c’est le réveil de la conscience créole pour une meilleure prise en charge de soi. Il s’agit aussi de voir comment on peut challenge le système. A ce chapitre, je n’ai jamais caché que nous devons être en dialogue avec les politiques de tous les bords. J’ai aussi dit que, pour les prochaines élections, les partis doivent présenter des candidats qui représentent les minorités et, a fortiori, les créoles.

Quant à l’impact de ma présence à ce dîner, je mesure pleinement la perception qu’elle suscitera. Mais ce qui m’intéresse d’abord, c’est la cause que nous défendons. Il ne faut pas qu’un seul groupe soit exclu de la société mauricienne. Je suis le responsable d’un groupe. Il y a une force derrière nous. Et nous sommes en train de challenge un système. Je suis conscient qu’il y aura des interprétations. Mais, je ne peux m’empêcher de mener le rôle de fédérateur. Hier, j’ai dîné avec Xavier Luc Duval et Maurice Allet. Aujourd’hui, j’ai déjeuné avec Mireille Martin. Demain, je pourrais prendre le petit déjeuner avec Paul Bérenger. Et le jour d’après, le thé avec Navin Ramgoolam. Est-ce qu’à chaque fois, on en fera un événement?

Il n’empêche que votre présence aux côtés de Xavier Luc Duval et Maurice Allet laisse l’impression que c’est surtout les partis créoles qui vous intéressent…

D’abord, je ne sais pas si on peut dire qu’il y a un parti créole. Ensuite, s’il y a une logique dans le dernier sondage de Sofres, le parti créole qu’on a vraiment, c’est le MMM. Pour moi, le plus important, c’est qu’il y a des domaines où les politiciens créoles, de quel que bord qu’ils soient, puissent travailler ensemble.

Pour la FCM, l’essentiel est de faire comprendre les objectifs de notre manifeste. Il y a des divisions à guérir. Des fissures du passé à surmonter. Et un combat contre les injustices à mener. C’est pour cela que nous accueillerons tous ceux qui veulent nous accompagner. Nos objectifs ne tendent pas seulement dans le sens d’un mieux-être des créoles. Ils concernent tous les Mauriciens.

Mais ne vous sentez-vous pas gêné lorsque vous vous retrouvez à la même table des politiciens qui sont en train de bassement marchander entre eux?

Il n’y a pas de marchandage ou des modalités discutées en ma présence. En ce concerne Xavier Luc Duval et Maurice Allet, nous avons discuté d’une réconciliation et des moyens à déployer pour rétablir un dialogue entre les deux leaders et entre les dirigeants de leurs partis respectifs.

Donc vous souhaitez une réunification de la famille bleue?

Ce n’est pas à moi de dire qui doit faire alliance avec qui.

Vous voulez fédérer les dirigeants créoles. A l’approche des élections, vos partisans et vos fidèles vont attendre un mot d’ordre de vous. Que leur direz-vous?

Il est simple: les créoles doivent voter massivement. Il faut voter pour avoir le maximum de créoles faisant de la politique active et, cela, dans tous les partis.

Une des raisons pour laquelle j’ai insisté que la FCM fasse son manifeste, c’est d’exposer notre projet social. Les créoles verront qui s’engageront dans ce manifeste et feront, en conséquence, leurs choix.

Il me semble que vous côtoyez de plus en plus des hommes politiques. Honnêtement, quelles réflexions ils vous inspirent?

Je serai franc dans ma réponse. Je ne me fais pas beaucoup d’illusions. Certes, nous avons des conversations cordiales. Mais ça s’arrête là. Je demande à voir les actes. Pas les promesses.