Le syndicaliste, et son collègue Indiren Curpanen licenciés de Mauritius Telecom, revient sur la question de réintégration sans conditions.

Comment interprétez-vous la déclaration du Premier ministre sur vos réintégrations ?

Tout le monde peut avoir son opinion sur cette affaire de réintégration. Je ne dis pas que le Premier ministre a commis une erreur. Il importe simplement de rappeler qu’une réintégration, c’est une réintégration. Déjà, dans le passé, la direction de Mauritius Telecom (MT) a voulu nous reprendre avec conditions. Nous avons refusé. Il faut aussi rappeler que le ministre Chaumière a déjà déclaré que le Conseil des ministres avait avalisé la décision du comité ministériel. Chaumière a parlé de cela dans la presse et à la radio. Mais j’ai l’impression que les choses ont changé suite à la lettre envoyée par France Telecom au ministre des Finances.

Qu’est-ce que vous envisagez de faire à présent?

On doit attendre pour savoir ce qui va se passer. Le ministre Dulull a annoncé que le comité ministériel reprendra son travail sur notre cas. Dans tous les cas de figure, ils ne peuvent pas nous trouver coupables de quoi que ce soit. Tout le monde a condamné notre licenciement. Le fait même qu’ils parlent de réintégration démontre qu’ils n’ont rien à nous reprocher. Mais je tiens aussi à dire que la réintégration sans conditions n’est pas le but ultime. Je mène un combat pour mon pays, pour ma compagnie. J’ai déjà déposé un dossier à la commission contre la corruption (ICAC). Et j’estime qu’il y a toujours beaucoup de questions qui sont restées sans réponses.

Vous semblez surtout diriger vos critiques contre les représentants d’Orange à MT. Quel reproche vous leur faites?

Il est encore trop tôt pour parler de complot contre l’Etat mauricien ou même contre nous. Mais il est clair que s’il y a complot, des Mauriciens aussi doivent être complices. Il est nécessaire de clarifier les choses. Il est évident que le Premier ministre n’est pas au courant de tout ce qui se passe à MT. J’ai demandé à le rencontrer. Attendons voir. D’un autre côté, toutes les centrales syndicales ont souhaité une rencontre pour discuter de notre cas. Ce n’est plus possible que le gouvernement, qui doit faire face à une grave récession mondiale, voit des étrangers prendre de l’argent de l’un de ses fleurons qu’est MT. Le Premier ministre doit faire très attention à ce qui se passe dans ce secteur des télécommunications.

Certains avancent que vous avez été licenciés parce que vous êtes des agents politiques…

En tant que citoyen, j’ai droit à ma liberté de conviction. Il n’y a aucun fondement à cet argument. Car il faut savoir que moi-même, je suis d’une couleur politique alors qu’Indiren Curpanen en est d’une autre. Je retiens surtout qu’aujourd’hui, les gens font remonter votre caste, religion ou appartenance politique dès que vous prenez position sur un certain nombre de choses.

Nazim Esoof