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Rajesh Bhagwan: «Il y a des questions sur l’allocation des terres à la cybercité !»

26 janvier 2013, 08:09

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Avec le retrait temporaire du leader historique, Paul Bérenger, pour cause de maladie, des questions se posent sur la gestion du MMM. Le secrétaire général des mauves estime que les autres dirigeants mauves sont prêts à relever le défi et à poursuivre la dénonciation de «scandales» . A commencer par le bâtiment à Rs 600 millions de la SICOM à la cybercité…

Après plus de 40 ans d’omniprésence sur la scène politique, Paul Bérenger se retire temporairement. Comment ce vide affectera- t- il le MMM ?

Il est vrai que ce sera une absence remarquée. Mais, le MMM est un parti structuré, avec un bureau politique chaque lundi, un comité central chaque quinzaine et un comité régional chaque semaine.

Au- delà de cela, nous avons un groupe parlementaire qui travaille de manière collégiale.

Chacun est un maillon de la chaîne. Si Bérenger est le maillon le plus important, autour de lui gravitent ses lieutenants, dont Alan Ganoo, Steve Obeegadoo et moimême . Il nous donne la chance de travailler, de perform et de faire nos preuves.

Parlons d’Alan Ganoo justement. Il sera le leader de l’opposition et du MMM en l’absence de Bérenger. A- t- il les épaules assez larges pour assumer ces fonctions ?

Ganoo est le Deputy Leader du MMM et, selon la constitution du parti, il est appelé à remplacer le leader. Il a son style à lui, mais au Parlement, en plusieurs occasions, en l’absence de Paul, Alan Ganoo a assumé la posture de leader.

Des parlementaires comme Steve Obeegadoo, Ariane Navarre- Marie et moi- même sommes plus que jamais motivés. Nous avons un défiimportant à relever. Nous allons être jugés sur notre gestion du MMM pendant l’absence de Bérenger. En tant que secrétaire général, je sens le poids de cette responsabilité.

Le fonctionnement de l’alliance MMM- MSM va- t- il être bouleversé avec l’absence de Bérenger ?

Les leaders de l’alliance se sont rencontrés hier ( NdlR, mercredi) . Il y a un consensus pour que ce soit Alan Ganoo qui remplace Paul Bérenger au sein de l’alliance.

Dans les conférences de presse conjointes, ce sera lui qui sera assis à côté d’Anerood Jugnauth.

Nous avons également discuté du calendrier politique, avec la Journée internationale de la femme et le 1 er Mai. Nous avons également évoqué les dossiers pour la rentrée parlementaire.

Vous prévoyez un retour de Paul Bérenger pour le 1 er Mai ?

Pour le 1 er Mai, le souhait de toute la population, c’est qu’il soit avec nous. Je trouve extraordinaire cet élan de sympathie qui lui a été manifesté depuis sa conférence de presse. J’ai reçu des appels de soutien même de la part du pire de nos pires adversaires politiques !

L’alliance MMM- MSM était en plein essor après la victoire aux municipales et les PNQ de Bérenger qui ont fait mouche. Ne craignez- vous pas une perte de vitesse avec son départ ?

Alan Ganoo et les autres dirigeants vont relever le défi . Tous ces scandales qui secouent le pays : les Rs 600 millions pour le bâtiment de la State Insurance Company of Mauritius ( SICOM), les exemples de passedroit, les problèmes au MITD, le dominer envers les travailleurs… Les scandales, il y en a à la pelle ! Le train politique ne va pas s’arrêter, il est en marche ! .

Bérenger avait promis de revenir sur toute l’affaire SICOM, une fois son enquête bouclée. Vous poursuivrez le travail ?

Chaque jour, nous obtenons des renseignements supplémentaires sur cette affaire. Je lance un défi à Ramgoolam. Il y a eu un comité ministériel présidé par Anil Bachoo pour se pencher sur l’allocation et l’utilisation des terres à la cybercité. Une des recommandations a été le limogeage de Dharam Naugah, le président exécutif de Business Parks of Mauritius Ltd ( BPML). Ce rapport dort dans un tiroir.

Qu’il le rende public ! .

Que reproche- t- on à BPML dans ce rapport ?

Il est question de maldonne, de mauvaise gestion, de la manière dont les terres à la cybercité ont été allouées.

Quand déballerez- vous tout ce que vous savez sur l’affaire ?

Nous continuons à recueillir des informations et, semaine après semaine, nous allons divulguer ce que nous savons.

Et ce n’est pas tout, même le CEB et la CWA sont concernés. Nous venons d’avoir des renseignements sur des scandales là- bas également. Bérenger ne sera pas là, mais nous continuerons à obtenir des infos. Les Mauriciens n’ont plus peur de dénoncer aujourd’hui.

Au niveau du bâtiment de la SICOM, quel est le prochain élément que vous allez déballer ?

Sur ce dossier, il y a encore beaucoup d’interrogations. Sur les raisons pour lesquelles le bail avait été donné, par exemple. Ces terres étaient prévues initialement pour du landscaping . Ne faut- il pas une commission d’enquête sur toute cette affaire depuis 2005 ? N’est- il pas temps, par ailleurs, qu’il y ait une commission d’enquête présidée par un ancien juge de la Cour suprême, sur toutes les activités fi nancières de Nandanee Soornack et Rakesh Gooljaury ?

On parle de Kushal Lobine, le président de la SICOM, de Dharam Naugah, de BPML, mais rien sur les autres membres de la direction de la SICOM…

Nous ne montrons personne du doigt.
La SICOM est une administration qui est sous l’autorité du ministère des Finances. Il y a une chaîne. Regardez les institutions, tout le monde sait que des pressions sont exercées par les ministres. Tout le monde le sait à Maurice, quand on reçoit un appel du « big boss » … Et puis, à la tête ce sont des petits copains qui sont nommés. Ils obtiennent leurs directives de la Government House .

Et Pravind Jugnauth alors ? Il était ministre des Finances aux débuts de la transaction. Sunil Dowarkasing et Khooshal Mussai, qui était alors un des directeurs sur le board de la SICOM, affirment qu’il était partie prenante…

Dowarkasing et Mussai ne sont pas des personnes à prendre pour référence.

Ils ont changé d’allégeance. Pravind Jugnauth est assez grand pour se défendre tout seul. D’ailleurs, il a donné sa version des faits. Il dit qu’on est venu lui parler du « big boss » . C’est cela la démocratisation de l’économie pour les petits copains. Pendant ce temps, les vrais projets, comme l’éthanol, bloquent.

Le MMM va passer plusieurs mois sans son leader habituel. Est- ce que cette période nous donnera un aperçu de ce que pourrait être le MMM après Bérenger ?

Aujourd’hui, ce n’est pas à la table des discussions. Cette année, je fête mes 30 ans en tant que député dans la même circonscription.

Le MMM, à ce jour, a une équipe de vétérans, mais également de jeunes loups. Paul Bérenger sait qu’il faudra penser à la relève. Le moment venu, il faudra voir les gens qui sont là. Il n’y aura pas de leader fabriqué. Le jour viendra où il y aura un leader qui sera accepté par tous les militants. Pour être leader, il faut être accepté de tous les militants !

Malgré la distance, on peut supposer que Bérenger continuera à suivre les choses de loin. Dirigera- t- il le MMM à distance ?

Bérenger, c’est une machine. Je suis sûr que de là où il sera, avec la technologie, avec Skype , il suivra l’actualité. Nous n’irons pas le déranger, mais c’est sûr que nous recevrons des appels de lui.

 Propos recueillis par Ronnie ANTOINE