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Ramesh Basant Roi: « Il y a quelque chose de pourri… »

22 février 2010, 10:43

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Rundheersing Bheenick, le gouverneur de la Banque de Maurice, est momentanément «out» jusqu’à la conclusion du Fact Finding Committee qui déterminera si ses dépenses ont été abusives. Comment analysez-vous cet épisode ?

Depuis sa création, la Banque centrale a eu six gouverneurs dont quatre ont dû prendre la porte de sortie dans des circonstances déplaisantes. N’importe quel observateur ou historien concluerait sans ambiguité qu’il y a quelque chose de fondamentalement pourri à la Banque de Maurice. Je ne serais pas surpris qu’un éventuel septième gouverneur, aussi bien connecté soit-il, connaisse le même sort. L’épisode Ali Mansoor est révélateur et est symptomatique de ce que j’avance.

Votre déclaration selon laquelle il faudrait un étranger à la tête de la Banque centrale a suscité de vifs commentaires patriotiques. Pouvez-vous justifier votre opinion ?

Maurice est une société où les vraies questions sont balayées sous le tapis. Le gouverneur d’une Banque centrale doit être un bon économiste avec un parcours reconnu. Il y a certainement de bons économistes à Maurice et à l’étranger, mais je suis certain qu’ils préfèrent rester dans le secteur privé étant donné la situation à la Banque centrale où ils ne seraient pas bien accueillis. Avec mon expérience, je peux vous assurer que les économistes mauriciens travaillant à l’étranger ne sont pas enthousiastes à l’idée de venir à la Banque centrale.

La crise économique mondiale requiert les compétences les plus pointues à la tête de la Banque de Maurice. Mais au-delà, elle a besoin de toute urgence d’une restructuration en profondeur de ses structures. Elle a besoin d’un changement structurel et institutionnel. Sans cela, elle va péricliter et mourir.

A sa création, la Banque de Maurice a été dirigée par des hauts cadres de la Banque d’Angleterre.

Par ailleurs, je vous rappelle qu’il y a des étrangers au Monetary Policy Committee. Cela veut tout dire. Enfin, je sais que je suis compris par les banquiers, mais je ne peux pas en dire plus.

Sans préjuger des conclusions du Fact Finding Committee, pensez-vous que Bheenick aura la même autorite morale auprès de son personnel et de l’industrie bancaire s’il réintègre son poste ?

Je pense que ce sera difficile pour lui et plus particulièrement à l’intérieur de l’industrie bancaire. De par la nature de ses fonctions, l’institution d’un Fact Finding Committee sur son style de gestion, fera qu’il y aura toujours un point d’interrogation qui pèsera sur lui. Cela même s’il est blanchi. Mais c’est une question qu’il faudrait poser à ceux qui ont le pouvoir de nommer le gouverneur.

 

Stphane Samianden