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Ramesh Basant Roi : «Il n’y a pas de politique anti-inflationniste crédible dans le pays»

2 mars 2011, 13:50

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L’ancien gouverneur de la Banque de Maurice se montre très critique envers à la fois le gouvernement et de l’institution qu’il a dirigée. La Banque centrale «se contente de prendre des poses» e t le gouvernement «se donne un genre», estime-t-il.

L’inflation a fait son grand retour, avec la flambée des prix alimentaires. Va-t-elle encore progresser ?

Oui, l’inflation est de retour. Et c’était prévisible, dès le premier jour, quand la gravité du séisme financier a été découverte aux Etats-Unis, en 2007. Les pays touchés n’ont pas eu d’autre solution que la fuite en avant pour sortir de la crise. Cela a impliqué une augmentation de l’endettement et une monétisation des déficits. La littérature économique fourmille d’exemples montrant que chaque crise financière est suivie d’une crise budgétaire. Les Etats-Unis et certains pays européens ont eu recours à la planche à billets pour financer le sauvetage de leur économie.

Cette pratique du «print and spend» a pris des proportions astronomiques dans les économies occidentales ces deux dernières années. Le gouvernement irlandais est le dernier exemple en date d’une utilisation de la planche à billets à l’image du Zimbabwe. La banque centrale d’Irlande s’est embarquée dans un programme d’émission de 51 milliards d’euros pour renflouer l’économie. L’émission excessive de monnaie, combinée à l’explosion de la demande d’une classe moyenne grandissante dans le monde et à la hausse des prix du pétrole, constitue le générateur de tensions inflationnistes. Pour reprendre la terminologie de Paul Krugman – prix Nobel d’économie –, je dirais que le cheval de l’inflation est déjà sorti des écuries pour galoper.

Même si la «Bank of Mauritius» (BoM) décide d’intervenir pour contrer les pressions inflationnistes ?

La mission de la BoM est de lutter contre l’inflation, sans mettre en péril la croissance économique. Nous avons vécu une brève période de taux d’inflation exceptionnellement bas, du fait de la récession mondiale et d’autres forces non-monétaires. Un banquier central, qui devrait avoir une vision plus ou moins fiable de l’inflation à 18 mois, et qui se fait surprendre par une flambée des prix en décembre, voit son rôle réduit à une peau de chagrin. C’est une question de crédibilité. La BoM a d’autres chats à fouetter.

Certains estiment que c’est la politique économique du gouvernement qui porte en elle des germes inflationnistes. Qu’en pensez-vous ?

Ils auraient parfaitement raison s’ils incluaient la BoM dans l’équation. Lutter contre l’inflation, c’est le combat de la BoM. Mais comme ces généraux qui se trompent de guerre, le gouvernement est trop occupé à créer son propre ennemi et à combattre le mauvais adversaire. Il n’y a pas de politique anti-inflationniste sérieuse et crédible dans le pays. La BoM n’a pas de politique, elle se contente de prendre des poses. Le gouvernement n’a pas de programme, il se donne juste un genre.

Propos recueillis par Pierrick Pédel

Lire l’intégralité de l’entretien dans la version électronique de l’express.

Pierrick Pdel