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Raouf Bundhun : L’homme providentiel ?

22 septembre 2010, 00:00

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Raouf Bundhun : L’homme providentiel ?

Bhishmadev Seebaluck retrace dans son ouvrage le parcours d’une des figures politiques marquantes de notre histoire.

Pétri de convictions. Raouf Bundhun réussit à ne pas les renier même quand il fait le «koustik» d’être «ramgoolamiste », tout en acceptant un «ticket» mauve. C’est sous ce jour que l’ancien vice-président de la République se présente dans sa biographie. L’ouvrage, On the wings of destiny, signé Bhishmadev Seebaluck, a été lancé la semaine dernière.

D’Amaury, son village natal, au Réduit. Raouf Bundhun raconte ses nombreuses vies. Officier de la sécurité sociale, enseignant d’anglais, de français et d’histoire au Saint Andrews College. Homme politique qui gravit les échelons, passant de conseiller municipal à ministre, d’ambassadeur à Paris jusqu’à la vice-présidence.

Et dans la vie de Raouf Bundhun, cherchez l’homme. Il s’appelle Cassam Uteem. C’est avec lui que Bundhun met sur pied l’aile jeune du Comité d’Action Musulman (CAM). Bundhun y est président et Cassam Uteem secrétaire général.

Cassam Uteem, qui signe d’ailleurs la préface de On the wings of destiny, écrit notamment, que «History, in particular political history, in Mauritius, holds many amazing turns. After several years of political wilderness, following his electoral defeat in 1976, A. R. Bundhun returned to the front stage but this time as member of the MMM.»

Savez-vous qui alla chez Raouf Bundhun lui demander de se porter candidat aux municipales de 1988 ? Le même Cassam Uteem. A l’époque, Bundhun est dans le karo kann.

«The proposal was quite alluring (…) but I also told them that I had always been, and was still a ‘Ramgoolamist’. (…) Cassam Uteem told me that was not a problem. When I met Paul Bérenger later, he offered me a ticket for the municipal election. I reiterated the fact that I was a follower of Ramgoolam. Bérenger said, “I know, and I appreciate your frankness”.»

Et quand Paul Bérenger appellera Bundhun à Paris, où il est ambassadeur, pour lui dire de rentrer au plus vite afin d’occuper le poste de viceprésident, Raouf Bundhun est abasourdi. “Was it some sort of a joke or something? I wondered. But Paul Bérenger is hardly the type of person who will ring up an ambassador to joke with him.”

Au fil des pages, l’homme est dépeint par son biographe avec des accents lyriques. Parfois, il s’efface même, le temps, pour le biographe, de nous raconter l’Histoire, avant de reprendre le fi l de la vie de Bundhun.

Des épisodes sont volontairement aplanis, d’autres mis en exergue avec force détails. Comme celui des «machinations » de Harish Boodhoo.

Pour les élections de 1976, Bundhun est envoyé au No. 13, Rivièredes- Anguilles/ Souillac. A la veille du dépôt de candidatures, Harish Boodhoo, candidat du No. 12 est muté au No. 13. «We were confident of a total victory with the three of us being elected. But that was counting without the underhand, treacherous machinations of Harish Boodhoo who was leading a communal and casteist campaign”.

Le travail de terrain à vocation communautaire, Raouf Bundhun connaît. Pour avoir fait le tour de l’île pendant deux ans, jusqu’aux élections d’août 1967, pour le compte du CAM. «Wherever there were Muslims living (…) He held no less than 125 meetings to explain to Muslims what independence was about and why they should vote for it.»

Dans le privé, on saura que son épouse Asmah Nazroo avait objecté à ce qu’il fasse de la politique active. Tout comme son père, d’ailleurs. «However, it did not take Razack Mohamed much persuasion to make both of them change their minds», en 1963. Pour au final, une vie bien remplie.

Aline GROËME-HARMON