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Rashid Imrith - Président de la Fédération des syndicats de la Fonction publique : «Il faut aussi évaluer la performance des ministres»
22 février 2014, 14:25
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Rashid Imrith - Président de la Fédération des syndicats de la Fonction publique : «Il faut aussi évaluer la performance des ministres»
Le syndicaliste défend bec et ongles les fonctionnaires. Selon lui, quel que soit le gouvernement, c’est blanc bonnet et bonnet blanc pour ses camarades. Il suggère une évaluation des ministres et un code de conduite élaboré par la commission anticorruption.
Travailler moins pour gagner plus, ça vous dit quoi ?
Si l’État investit durablement dans les nouvelles technologies, les fonctionnaires vont évidemment travailler de manière intelligente. Nou travay pou smarter. Par exemple, un aspirateur aurait été mieux que le balie fatak à l’hôpital. Ou le balie koko dans les ministères. Saviez-vous qu’on s’en sert encore pour enlever la poussière sur la moquette ? De nouveaux équipements augmenteraient l’efficience des fonctionnaires et limiteraient les problèmes de santé pour ceux qui brossent la moquette comme au siècle dernier.
La question portait plus sur l’image du fonctionnaire paresseux qui arrive en retard au bureau et qui part avant 16 heures…
Quand on est fonctionnaire, il faut s’attendre à des critiques de ce genre. D’autant plus qu’on est payé avec l’argent des contribuables. Malheureusement, la Fonction publique n’a pas toujours été transparente et il n’y a pas d’opérations portes ouvertes pour que les citoyens puissent comprendre à quoi nous servons. Beaucoup de Mauriciens ignorent que pour 300 policiers recrutés, des fonctionnaires ont dû se pencher sur 15 000 candidatures. Ça demande du temps. C’est trop facile de diaboliser la Fonction publique. Êtes-vous au courant que les meilleurs services de soins pour les maladies cardiovasculaires, la neurochirurgie et la prise en charge des bébés nés prématurément se trouvent dans les hôpitaux publics ? Nous accueillons favorablement des critiques, mais il faut qu’elles soient constructives.
Pourtant, le fonctionnaire ne consent à travailler le samedi que contre une allocation spéciale…
Il y a des brebis galeuses dans tous les secteurs. Il y a un manque aigu de staff dans la Fonction publique. Même le rapport de l’Audit a reconnu que des fonctionnaires doivent souvent brûler des étapes dans l’exercice de leurs fonctions à cause de ce manque de personnel. S’ils respectent les procédures, ils ne vont jamais atteindre leurs objectifs. Au sein de la police, il n’y a même pas de Procurement Officer. Comment fait-elle ?
Devient-on toujours fonctionnaire à cause de la pension versée à la retraite ?
Sel plas kot kokin dimoun lor pansyon ! Un fonctionnaire doit verser 6 % de son salaire à l’État pour obtenir une pension équivalant à un demi-mois de son dernier salaire après 400 mois de dur labeur. L’État y contribue à hauteur de 12 %. Même si le fonctionnaire travaille au-delà de 400 mois, sa pension ne sera pas revue à la hausse…
Donc, vaut mieux pas travailler plus pour gagner plus…
Il y a une mauvaise perception des fonctionnaires. Et ceux-ci n’expliquent pas suffisamment le travail qu’ils abattent… Beaucoup de gens ignorent que certains services opèrent 24 heures sur 24. Cela grâce à l’informatisation…
C’est un peu tiré par les cheveux…
Disons qu’il n’y a pas assez de communication sur cet aspect des choses.
Mis à part les pompiers et les enseignants, qu’est-ce qui ne va pas chez les fonctionnaires ?
Le rapport de Dev Manraj pour revoir les anomalies du Pay Research Bureau a tout chamboulé. C’est vrai, les conditions de travail ont été améliorées dans certains cas. Mais il s’est avéré que de nouvelles recrues ont droit à des augmentations salariales plus conséquentes que des employés plus anciens.
Sinon, êtes-vous satisfait du rapport Seebaluck ?
Nous nous attendions que Satiaved Seebaluck rectifie le tir par rapport à Manraj. Il ne devait pas pondre un rapport d’après son mandat. Avec Manraj, la moyenne de la compensation a été de Rs 590. S’il n’avait pas été désigné, la compensation à l’issue des tripartites aurait été de Rs 700 pour tous ceux qui touchent moins de Rs 20 000.
Ils gagnent bien leur vie, les fonctionnaires… Et le prochain PRB est prévu pour l’année prochaine ?
Il y a une différence entre une révision salariale et une compensation basée sur la hausse du coût de la vie. Les travailleurs du secteur privé ont droit au National Remuneration Board, les fonctionnaires doivent également obtenir leur dû. Le PRB sert aussi à revoir les conditions de travail ainsi que la question de « grading structure ». Quant au prochain PRB, il n’est pas si sûr qu’il sera publié. Les travaux devraient avoir déjà débuté mais ce n’est pas le cas. J’ai appris que le gouvernement n’a donné aucune instruction en ce sens. Pour nous, la question n’est pas qu’on soit bien payé ou pas, il faut un salaire minimum dans la Fonction publique.
À combien chiffrez-vous ce salaire minimum ?
Il ne doit pas être en dessous de Rs 15 000. Cette somme servira, ensuite, de référence pour le secteur privé. Pour les sociétés qui ne peuvent pas offrir un tel salaire à un employé, l’État devra intervenir en lui fournissant des aides.
Les ingénieurs et les architectes sont mal lotis…
Il n’y a pas qu’eux. L’État n’arrive pas à retenir ses meilleurs éléments dans plusieurs départements. C’est une des raisons pour lesquelles le secteur privé ne veut pas que les fonctionnaires soient bien payés. Comment fera-t-il pour les attirer ?
Êtes-vous d’accord que les fonctionnaires doivent être évalués ?
Le Performance Management System est déjà là. Il faut l’améliorer. Il démotive les personnes travaillant en équipe. Quand une équipe de football remporte un match, c’est toute l’équipe qui est récompensée, pas uniquement le buteur. J’aurais aimé que le Premier ministre vienne avec un système similaire pour ses ministres. S’ils ne donnent pas satisfaction après un certain nombre de mois, qu’ils aillent se faire voir ailleurs.
Le niveau des fonctionnaires a-t-il baissé par rapport aux années précédentes ?
C’est plutôt le contraire. Les nouvelles technologies nous aident à mieux faire notre travail. Ces dix dernières années, le Programme Based Budget ne nous a pas permis d’évoluer à la vitesse qu’on souhaitait pour que le secteur public soit plus efficient et productif.
Quelle alliance politique a le plus profité aux fonctionnaires ?
Les fonctionnaires travaillent selon un framework. Qu’importe le gouvernement élu, rien ne change pour nous. Zame noun gayn plis ou mwin. Tout ce que nous avons obtenu, nous avons combattu pour l’avoir. Il faut un protocole sur les responsabilités des ministres. Certains ne savent pas où commencent et où se terminent leurs pouvoirs. Il faut que la commission anticorruption fasse des suggestions pour empêcher que des politiciens n’interfèrent dans le bon fonctionnement des institutions et des ministères. On a eu le cas du contrat pour l’achat des «molletons» signé dans le bureau du ministre et l’affaire MedPoint.
Êtes-vous satisfait du Premier ministre ?
Pour nous, l’actuel Premier ministre sait intervenir quand il le faut. Quand il y a un soulèvement, il est là. En octobre 2012, après la publication du rapport du PRB, c’est lui qui a nommé Manraj pour revoir les anomalies.
Vous n’étiez pas content de Manraj… Vous allez être candidat pour le Parti travailliste ?
Non, mo pa ladan. Pour l’avancement de la classe travailleuse, on n’a nul besoin d’être au gouvernement. Sinon j’aurais été ministre de la Fonction publique depuis bien longtemps.
Il faut un salaire minimum dans la fonction publique. Il ne doit pas être en dessous de Rs 15 000.
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