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Razack Peeroo : «La décision de refaire de la politique partisane est inacceptable»

29 mars 2012, 12:39

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Quelles sont les implications d’une éventuelle démission de sir Anerood Jugnauth (SAJ) de la présidence de la République ?

Il faut rappeler que, dans le contexte actuel, le Parlement est prorogé. A ce titre, sir SAJ démissionne, il faudrait rappeler le Parlement pour nommer un autre président. Cela dit, l’actuelle vice-présidente peut aussi assurer l’intérim. Le gouvernement peut également décider de lui confier le poste. Ce n’est pas nécessaire de nommer un autre président tout de suite. La vice-présidente peut aussi lire le nouveau discours-programme du gouvernement. Ce dernier dispose d’une certaine marge de manœuvre.

Quelle lecture faites-vous de cette éventuelle démission ?

En matière de principes et de conventions, ce n’est pas bien perçu qu’un ancien président fait à nouveau de la politique active. D’ailleurs, après son départ du poste, provision est faite pour qu’il dispose d’avantages dus à un ancien chef de l’Etat. Mais, il n’y a aucune loi qui interdit à un ancien président de faire de la politique. D’ailleurs, c’est anticonstitutionnel de priver n’importe quel citoyen de ce droit. Il faut ainsi se souvenir qu’aux dernières élections, Cassam Uteem s’était retrouvé sur la plate-forme du MMM. Dans le passé, sir Maurice Rault, ancien chef juge, était devenu Attorney General. Et aujourd’hui, on pourrait retrouver un ancien président redevenir leader d’une alliance politique.

Ne se pose-t-il pas une question d’éthique dans ces cas ?

Reprenons le cas d’un chef-juge. Celui-ci, à son départ de ce poste, ne peut descendre plus bas dans la hiérarchie. On ne le verra pas plaider devant un magistrat. Là, c’est une question d’éthique. En politique, c’est plus une question de convention. Mais, Maurice étant ce qu’elle est, on peut s’attendre à tout.

Quelles seraient, selon vous, les motivations de SAJ pour un éventuel retour dans l’arène ?

Je constate, depuis quelque temps, que nos institutions sont en train de souffrir. Je pense que, quelles que soient les attaques, un président doit être toujours au-dessus de la mêlée. L’important, c’est les institutions. Or, dans le présent cas, on retrouve un président qui, avant même de démissionner, a commencé à faire de la politique même si on doit lui reconnaître sa liberté d’expression. Mais, être président et faire de la politique, cela ne fait pas honneur à la démocratie et à la République.

Personnellement, pensez-vous que c’est une sage décision pour un ancien président de se relancer sur l’échiquier ?

J’estime qu’après avoir servi comme président pendant des années sous des gouvernements dirigés par un parti, on arrive à trouver que ces gouvernements n’ont pas été bons. La décision de refaire de la politique partisane est inacceptable.

(Source : l’express iD, jeudi 29 mars 2012)