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Représailles
Si les gens ne vont pas trop aux meetings de l’opposition, c’est parce qu’ils n’osent pas braver la répression. Ce ne sont pas des propos de semi-intellectuels qui noircissent le pouvoir en place sans vergogne. L’auteur de ce constat sévère sur l’état de notre démocratie est un membre du gouvernement. Il s’agit de la néo-Travailliste, Pratibha Bholah.
L’ex-députée du MSM explique dans l’interview qu’elle a accordée à l’express-samedi du 4 août, les raisons de l’échec relatif des réunions publiques organisées par les partis de l’opposition : «J’ai organisé une deuxième réunion pour que SAJ rencontre ses activistes. C’était extraordinaire, encore une fois. Mais, après cela, il y a eu des transferts punitifs, et cela a eu un effet néfaste sur la mobilisation. Les autres meetings n’ont pas eu l’effet escompté, justement parce que les gens avaient peur d’être vus.»
Il n’y a pas de raisons de croire que la PPS, qui vient d’être nommée par le Premier ministre, cherche à nuire au gouvernement. On peut donc déduire, à partir des faits qu’elle rapporte, que la majorité actuelle est prête à avoir recours à l’appareil d’Etat pour pénaliser des citoyens qui veulent écouter ce que l’opposition souhaite dire.
Dans la même interview, Pratibha Bholah révèle que «les partisans du MSM avaient peur qu’on les voit en train d’assister à nos réunions, mes mandants avaient peur de me rencontrer.
C’était devenu trop difficile». Si difficile qu’elle a préféré rallier le camp adverse.
Il est inimaginable que dans un Etat qui se proclame démocratique, les fonctionnaires ont peur d’assister aux meetings de l’opposition ou de parler à certains élus. Les légistes qui entendent faire respecter les droits fondamentaux des Mauriciens doivent nous dire s’il existe des lois qui protègent les fonctionnaires contre des représailles exercées dès qu’ils sont repérés à proximité de quelque membre de l’opposition. Ce que décrit la PPS porte atteinte à ces lois si tant est qu’elles existent.
Le problème est d’autant plus grave que le pays se dirige vers des municipales qui seront âprement contestées. Dans un environnement de frayeur, où les électeurs craignent d’être victimes des abus de pouvoir d’Etat, le scrutin sera-t-il libre et équitable ?
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