Publicité

Richarno Colin: Un combattant à visage humain

22 mars 2011, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Richarno Colin: Un combattant à visage humain

Agé de 23 ans, Richarno Colin nous raconte plusieurs événements qui ont marqué sa vie. Il étonne son entourage par la maturité avec laquelle il fait face aux aléas de l’existence. Il précise sa volonté de rebondir en tirant le meilleur de tout épisode de sa vie. L’année 2008 semble avoir laissé une trace indélébile.

Le décès de mon cousin en 2005

« Il s’appelait Kersley Milazar et cela fait presque six ans depuis qu’il n’est plus parmi nous. Il est mort, subitement, suite à une maladie. Il n’avait que quinze ans, le même âge que mon frère Edley. D’ailleurs, je le considérais comme mon frère. Il me suivait partout. Il venait me voir boxer à chaque occasion.

Le jour de sa mort, on avait longuement parlé. Il savait qu’il allait bientôt mourir et je lui avais dit de ne pas y penser. Et l’après-midi, il était mort.

Sa disparition m’a fait réfléchir sur beaucoup de choses. La première c’est que la vie est courte. Il faut tout faire pour réaliser ses rêves.

Petit à petit, j’y arrive à travers le sport. Bien sûr, nos rêves changent avec le temps. On se fixe de nouveaux objectifs. J’essaie de faire tout au mieux car on ne sait pas de quoi demain sera fait. »

Mon unique défaite par K.-O

« C’était lors de la Coupe d’Afrique des nations à Maurice le 18 juin 2008. Lors d’une rencontre de poule qui aurait dû n’être qu’une formalité, je me suis fait surprendre. Le Zambien a profité d’un moment d’inattention au quatrième round pour me déstabiliser avec un premier coup. Par la suite, il a enchaîné avec un direct qui m’a envoyé au tapis. L’arbitre avait, alors, arrêté le combat pour coups reçus à la tête.

C’était une énorme déception. Je n’avais pas pu être à la hauteur devant mon public. Mais après, j’ai analysé le combat. J’avais fait preuve d’un excès de confiance et c’est une erreur à ne pas commettre une seconde fois.

Et puis, aujourd’hui, je sais ce qu’est un K.-O. Pour avancer, il faut aussi savoir perdre. Et puis, il faut dire que j’ai un peu de mal à concrétiser lors des compétitions africaines. En cinq compétitions continentales, je n’ai pas fait mieux que la troisième marche du podium. Je pense que mon heure n’était pas encore arrivée. Mais, je m’appliquerai pour avoir ma revanche sur le sort. »

Les Jeux Olympiques de 2008

« J’ai gagné mon ticket pour les Jeux de Pékin à Windhoek, en Namibie. J’avais alors battu le Camérounais, Smaila Mahaman, à la fin de mars 2008 en demi-finales du 2nd AIBA Africa Olympic Qualification Tournament. Après cette qualification, j’ai également remporté la finale face au Ghanéen Samuel Kotey (6-5).

Je suis arrivé à Pékin au sein de l’équipe africaine. A mes côtés, il y avait Bruno Julie, le boxeur au plus grand palmarès de la boxe mauricienne. J’ai eu la chance de faire ces Jeux à ses côtés. Sa médaille de bronze olympique remportée cette année est une grande motivation.

Sur le plan de la performance, le fait de passer un tour à Pékin m’a aidé à prendre conscience de mon potentiel. A 20 ans, j’étais le deuxième Mauricien à passer un tour aux JO après Josian Lebon à Atlanta.

C’est la performance qui a fait décoller ma carrière. Les gens ont commencé à croire en moi. A mon retour au pays, Phoenix Beverages Limited a accepté de me sponsoriser jusqu’aux Jeux de Londres. Leur soutien financier est vraiment déterminant pour ma préparation. »

La naissance de ma fille

« Devenir père m’a métamorphosé.  Lynnsha est née le 27 août 2008 et la première fois que je l’ai tenue dans mes bras, j’ai senti une énorme émotion m’envahir.

D’habitude, j’ai peur de prendre des nouveau-nés dans mes bras, mais avec elle les choses se sont passées naturellement.

Elle est arrivée dans ma vie à un moment opportun. Elle m’a aidé à grandir. Elle m’a surtout porté bonheur. Elle me motive. Grâce à elle, j’ai tout le temps envie de me surpasser pour l’offrir ce qu’il y a de meilleur.

Bien sûr, elle n’a pas fait disparaître les problèmes mais elle a apporté beaucoup de joie autour de moi. Elle a une place importante dans ma vie et à chaque fois que je suis avec elle, j’essaie de le lui faire ressentir. Par ma réussite, je veux lui prouver qu’elle pourra réussir tout ce qu’elle entreprendra. Le secret, c’est de faire les choses avec son coeur. »

Mon retour au pays après les Jeux du Commonwealth en 2010

« En sortant de l’aéroport, j’ai été vraiment touché par l’accueil. Bruno Julie et moi, les deux seuls médaillés mauriciens des jeux, avions été portés en héros.

Au niveau personnel, j’avais l’impression d’avoir fait un grand bond en avant. Quatre ans plus tôt à Melbourne, j’avais chuté au premier tour. Donc, j’avais progressé. Je me suis dit que je commençais à récolter les fruits d’un long travail. »

 

Jennifer PNLOPE-LEBRASSE