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Ruben Bacha : Rester à flot coûte que coûte

5 décembre 2013, 11:47

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Ruben Bacha : Rester à flot coûte que coûte

Face aux difficultés que connaît le commerce des grosses cylindrées à deux-roues depuis 2011, le directeur de Ruben Racing Ltd diversifie son offre avec le Jet-Ski.

Il amorce un nouveau virage et vient offrir de la vitesse sur les eaux. Ruben Bacha, directeur de Ruben Racing Ltd, figure connue sur le marché des grosses cylindrées à deux roues, fait cette fois son entrée sur celui du Jet-Ski. «Légalisé depuis peu, ce sport nautique ne tardera pas à prendre de la vitesse», nous dit l’entrepreneur avant d’ajouter que ce sera une valeur ajoutée pour l’industrie touristique locale.

 

Expert-comptable de formation, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en matière de business, Ruben Bacha a du flair. Il a d’ailleurs fait de sa passion pour les sports mécaniques une affaire rentable.

 

C’est en 1996 que le jeune Ruben quitte Maurice pour poursuivre ses études à Londres. «Mon père, lui-même expert-comptable, me pousse vers des études en comptabilité et finances», se remémore-t-il. Féru de sports mécaniques depuis l’adolescence, le jeune homme va cependant chercher à donner libre cours à cette passion à Londres pendant son temps libre.

 

«Faute de faire de la moto, je vais me reconvertir dans les courses de ‘go-kart’.» En2001, Ruben Bacha obtient sa licence de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) qui gère les plus importantes épreuves decourse automobile mondiales.Cela ne l’empêche pas de terminer ses études, ce qui lui permettra d’être embauché par une firmed’expertise-comptable britannique,au poste d’Audit Manager. Toutefois, la vie professionnelle à Londres devenant de plus en plus pesante,Ruben Bacha prend la décision de rentrer au pays.

 

Alors que son père voit en lui la relève pour leur cabinet d’expertise-comptable familial, Bacha & Bacha, le jeune homme préfère se lancer un défi à lui-même. C’est ainsi qu’en janvier 2006, Ruben Bacha dévoile ses compétences dans le monde des affaires et son père, avec un brin de scepticisme, injecte les capitaux nécessaires, soit Rs1 million, pour démarrer son projet.

 

Ruben Racing Ltd voit alors le jour, une entreprise spécialisée, dans un premier temps, dans le commerce des accessoires pour voitures et motos. L’étape suivante étant de se lancer à la conquête du marché des grosses cylindrées à deux roues.

 

En mai 2007, l’entrepreneur décroche un premier contrat exclusif pour représenter l’une des quatre plus grandes marques japonaises, Kawasaki. Sa première commande est livrée en octobre de cette même année et il présente au public mauricien sept nouvelles motos exposées dans son showroom. «Mais la notoriété de Ruben Racing n’est pas encore acquise ; l’écoulement du stock est des plus difficiles. À titre indicatif, la valeur marchande de ces sept motos représentait à l’époque Rs 2,8 millions et nous prendrons six mois pour les vendre toutes»,indique notre interlocuteur.

 

À cette époque, la concurrence, affirme Ruben Bacha, cherche à l’étouffer avant même qu’il fasse ses preuves. Une rude expérience, que l’homme d’affaires déterminé va surmonter. L’un de ses traits de caractère est qu’il n’a pas froid aux yeux et vise toujours plus loin, voire l’excellence.

 

«J’ai décidé de cibler la marque Ducati», dit-il, une aussi grosse pointure que Ferrari. Les négociations dureront plus longtemps que prévu avec la marque italienne. «Un des plus grands concessionnaires de l’industrie de l’automobile à Maurice convoitera cette même marque et cherchera à nous doubler», soutient l’entrepreneur.

 

Néanmoins, en septembre 2009, les va-et-vient de Ruben Bacha entre l’île Maurice et l’usine de Ducati de Bologne, en Italie, s’avéreront payants puisqu’il arrivera à décrocher le contrat tant souhaité. «Obtenir l’exclusivité auprès de Ducati était la cerise sur le gâteau», lance-t-il et cette phrase de l’Export Manager de la marque italienne restera gravée dans sa mémoire : «We give it to youbecause we know that you area rider.»

 

Déjà, vers fin 2008, Ruben Racing Ltd avait gagné en notoriété. C’était la belle époque, où l’entrepreneur écoulait trois à quatre grosses cylindrées par mois, qui se vendaient en moyenne dans les Rs 450 000. «Notre chiffre d’affaires parlait de lui-même.» Et alors que Ruben Bacha allait signer un troisième contrat avec une autre grosse marque internationale, le glas va sonner pour les concessionnaires de motos. On est en 2011 et le ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, décide de faire grimper la taxe douanière de 45 % à 100 %, avec un effet direct de 50 % de hausse sur les prix de vente.

 

«Une moto de Rs 500 000 est passée,du jour au lendemain, à Rs 750 000. Idem pour celle deRs 1 million qui est elle passée àRs 1,5 million», indique notre interlocuteur. Les ventes ont vite dégringolé en conséquence et malgré ses compétences, Ruben Bacha n’a pu mettre son entreprise à l’abri de cette conjoncture difficile. «The game is over. Nous sommes passés d’une vente de trois à quatre motos par mois à une moto écoulée par trimestre.» Même le géant du marché, Leal and Co. Ltd, a dû fermer son département de grosses cylindrées à deux roues. Et malgré le lobbying des concessionnaires, le ministre est resté inflexible.

 

«Les belles années de croissance sont derrière nous, déplore l’entrepreneur. On ne comprend pas les vraies raisons derrière cette hausse subite de la taxe. On a tué ce marché, mais cela n’éteindra pas ma passion ; j’emprunte de nouvelles avenues qui s’ouvrent à nous.»

 

En effet, outre le Jet-Ski, un autre projet d’envergure est dans le tunnel : la création d’un premier circuit de kart professionnel à Maurice. «Je suis en pour parlers avec un des plus gros conglomérats de l’île afin de mener à bien ce projet», fait remarquer Ruben Bacha. L’ouverture de ce circuit donnera aussi naissance à une race academy qui offrira aux jeunes la possibilité de se lancer dans les sports mécaniques, notamment le go-kart et les courses de «petites» motos, celles-ci étant exemptées de droits de douane. Voilà un entrepreneur qui est loin d’avoir dit son dernier mot.