L''''ex-magnat russe du pétrole Mikhaïl Khodorkovski a été déclaré,  le lundi 27 décembre, coupable de détournement de fonds et blanchiment d''argent et attend l''annonce de sa peine par un tribunal de Moscou.

La teneur du jugement fera figure de test pour le tandem Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine avant l''élection présidentielle de 2012.

La déclaration de culpabilité de Khodorkovski et de son ancien associé Platon Lebedev était attendue mais les observateurs, qui estiment que leur sort sera scellé par le Kremlin, se demandent si le président Medvedev sera aussi sévère avec l''ancien magnat que Poutine en son temps.

L''ancien patron de Ioukos, une puissante entreprise du secteur de l''énergie qui n''existe plus aujourd''hui, finit de purger une peine de huit ans de prison pour fraudes et évasion fiscale et devait sortir au cours de l''année 2011.

Dans le cadre du second procès, l''accusation réclame à son encontre une nouvelle peine de six ans de prison pour le détournement présumé de 27 milliards de dollars de pétrole produit par des filiales de Ioukos de 1998 à 2003.

Ses avocats dénoncent des accusations absurdes et politiquement motivées.

L''énoncé du jugement par le juge Viktor Danilkine pourrait prendre plusieurs jours voire plusieurs semaines.
Il a commencé par déclarer les deux hommes coupables des principaux chefs d''accusation, le détournement de fonds et le blanchiment.

MANIFESTANTS ARRÊTÉS
Tout de noir habillé, Khodorkovski chuchotait avec Lebedev dans la cage de verre où les deux hommes sont enfermés.
L''homme d''affaires de 47 ans a ignoré le juge et lisait des documents après avoir salué la salle dans un sourire à son arrivée.
Quelques centaines de partisans rassemblés devant le tribunal ont crié "Liberté !" pour l''ancien patron de Ioukos.

Vingt d''entre eux ont été arrêtés, rapporte l''agence Interfax.

Il n''est pas acquis que la sentence soit connue avant la fin des vacances de Noël en Russie, le 10 janvier.
L''incarcération de Khodorkovski était une décision forte de la présidence de Poutine. Désormais Premier ministre, Poutine reste l''homme fort du pays et domine le tandem qu''il forme avec Medvedev.
Les deux hommes ont indiqué qu''ils décideraient ensemble lequel des deux serait candidat à l''élection présidentielle de 2012, mais beaucoup d''observateurs pensent que le dernier mot reviendra à Poutine.

Medvedev, qui voit dans la corruption l''un des fléaux du pays, a fait de cette lutte son cheval de bataille dès 2008 en adoptant des mesures anti-corruption, notamment au sein du système judiciaire.

Il a promis de réduire l''influence du Kremlin dans le processus judiciaire mais le verdict de culpabilité prononcé contre Khodorkovski devrait conforter les sceptiques.

Devant l''absence de résultats concrets, les Russes, favorables à ces réformes, craignent que son discours ne soit qu''une position de façade dissimulant des politiques plus restrictives de Poutine.

Une condamnation à six ans de prison prolongerait l''incarcération de Khodorkovski jusqu''en 2017, soit à la fin du mandat du futur président.

Dans un entretien accordé à Snob Magazine dont un extrait a été publié dimanche, la femme de Khodorkovski, Inna, a estimé qu''il était probable que son mari reste en prison au moins jusqu''en 2012.

Après l''arrestation de l''homme d''affaires en 2003, son empire pétrolier a été acculé à la faillite par des réclamations d''arriérés d''impôts et vendu pour l''essentiel à des entreprises d''Etat comme Rosneft.

Lors de sa séance annuelle de questions-réponses avec les Russes à la télévision, Poutine a longuement évoqué mi-décembre le cas de l''ancien patron de Ioukos, déclarant notamment que "la place d''un voleur est en prison".

Laissant entendre que Mikhaïl Khodorkovski était impliqué dans des assassinats, il a par la suite affirmé qu''il faisait allusion à la première condamnation de son opposant.

Reuters